Corruption en Irak: plus de 200 millions de dollars d’amende pour Ericsson aux Etats-Unis
Le géant suédois de l’équipement télécoms Ericsson va payer une amende de 206,7 millions de dollars à la justice américaine pour pouvoir régler une affaire de corruption en Irak.
“Ericsson paiera une amende de 206.728.848 dollars” (195 millions d’euros), a annoncé le groupe dans un communiqué publié dans la nuit de jeudi à vendredi, qui précise que cet arrangement clôt l’accord transactionnel (“Deferred prosecution agreement”) conclu en décembre 2019. Dans le cadre de cet accord, le groupe avait déjà payé un milliard de dollars à la justice américaine en décembre 2019 pour clore des poursuites de corruption dans cinq autres pays (Djibouti, Chine, Vietnam, Indonésie et Koweït).
“Cette résolution est un rappel brutal de la mauvaise conduite historique qui a conduit” à l’accord transactionnel DPA, a réagi le patron du groupe Börje Ekholm dans un communiqué. “Nous en avons tiré les leçons et nous sommes engagés dans un voyage important pour transformer notre culture”, a-t-il assuré. Ericsson avait déjà reconnu “un comportement inacceptable” et assuré avoir mis les bouchées doubles contre le risque de corruption.
L’entreprise suédoise avait déjà provisionné quelque 220 millions de dollars en vue de cette nouvelle amende. L’affaire avait éclaté en février 2022 en amont de la publication d’une vaste enquête de presse coordonnée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Celle-ci a contraint Ericsson à rendre publiques les conclusions d’une enquête interne datant de 2019, identifiant des faits de possible corruption dans les activités irakiennes du groupe au cours des huit années précédentes. L’enquête interne évoque notamment des versements suspects pour du transport routier dans des zones contrôlées par l’organisation État islamique, suspectés d’avoir fini dans les poches du groupe djihadiste lorsqu’il contrôlait une partie du territoire irakien. Mi-avril, Ericsson avait jugé “probables” de nouvelles amendes prononcées par le ministère américain de la Justice, dont la compétence universelle dans de nombreux domaines lui permet des poursuites contre nombre de groupes étrangers. Ce dossier irakien, qui embarrasse le groupe depuis 2022, fait également l’objet d’une enquête en Suède.