Censure en Grande-Bretagne? Pas uniquement pornographique!

Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

Il n’y aura pas que le contenu pornographique qui sera filtré sur l’internet britannique, mais tout ce qui concerne l’anorexie, les troubles alimentaires, le suicide, le fait de fumer et la violence sera également supprimé. Les Britanniques doivent-ils commencer à se familiariser avec la censure?

Il n’y aura pas que le contenu pornographique qui sera filtré sur l’internet britannique, mais tout ce qui concerne l’anorexie, les troubles alimentaires, le suicide, le fait de fumer et la violence sera également supprimé. Les Britanniques doivent-ils commencer à se familiariser avec la censure? Tous les ordinateurs britanniques seront bientôt équipés d’un filtre anti-pornographie. Si un citoyen veut cependant encore visionner ce genre de films, il devra le mentionner explicitement par le biais d’une formule ‘opt in’. Il s’agirait là d’une conséquence directe du récent abus sexuel que deux jeunes enfants ont subi en Grande-Bretagne. Des informations émanant de l’Open Rights Group, une organisation qui défend les droits en ligne des consommateurs, il apparaît toutefois à présent que les autorités britanniques veulent aller beaucoup plus loin que la seule censure pornographique.

L’Open Rights Group a parlé avec plusieurs ISP outre Manche et a ainsi appris que pas mal d’autres thèmes seront rendus introuvables sur le net, du moins si les utilisateurs ne modifient pas leurs paramètres par défaut. C’est ainsi que du contenu ayant trait à la violence, à l’anorexie, aux troubles de l’alimentation, au suicide, au fait de fumer, à la consommation d’alcool, voire les forums internet seront filtrés.

L’Open Rights Group y voit un gros problème car si les utilisateurs doivent indiquer manuellement les thèmes qu’ils ne souhaitent pas voir filtrer, ils oublieront souvent de le faire et se contenteront donc régulièrement des paramètres par défaut, sans savoir quel contenu leur passera ainsi sous le nez.”

En tout cas, les autorités britanniques veulent rendre pas mal de contenus internet introuvables pour une partie des citoyens. Il ne s’agira pas encore à proprement parler d’une censure, puisqu’il y aura encore et toujours l’option ‘opt-in’, mais comme nous l’avions déjà mentionné précédemment, les internautes aboutiront alors sur des listes – comme celle des visionneurs de contenu porno ou celle des fumeurs par exemple -, ce qui ne sera pas du tout apprécié.

Balancier Il y a dix ans, les hommes/femmes politiques et les autorités estimaient qu’il ne fallait pas toucher à internet, mais aujourd’hui, le balancier semble changer progressivement de direction. Nombre de gouvernements tentent depuis un certain temps déjà de renforcer nettement leur mainmise sur le www, à l’instar des Russes et des Chinois. A présent, c’est au tour du gouvernement Cameron, qui semble exploiter le viol et la mort de deux jeunes enfants pour imposer des règles qui n’auraient eu autrement aucune chance de passer.

Du point de vue historique, le secteur internet est un domaine à forte connotation réseautique et où la recherche d’un accord prend le dessus sur une stratégie ‘top down’. Les pouvoirs publics y étaient et y sont un peu considérés comme un mal nécessaire. Il n’y aurait pas eu aujourd’hui d’internet global, si toutes les parties avaient patiemment attendu une réglementation sous l’angle gouvernemental.

“Aujourd’hui, les choses ont cependant bien changé”, explique le consultant Michael Roberts. Roberts fut le tout premier CEO du gestionnaire de noms de domaine mondial, l’Icann, et dirigea l’organisation de 1998 à 2001. “Il ne s’agit plus aujourd’hui de paquets TCP/IP ou de technologie, mais de contenu qui est diffusé avec toutes les implications sociales, politiques, religieuses et économiques que cela suppose. Quasiment chaque jour, nous sommes les témoins de violence sur internet, qu’il s’agisse du renversement d’un dictateur ou de l’incitation à l’anarchie en Syrie. “

“Les différentes parties intéressées dans le secteur de l’internet (dont l’Icann) disposent encore et toujours de la compétence et de l’autorité pour pouvoir agir en tant que régulateurs ‘éclairés’ et puissants. Mais si ces organisations n’apprennent pas à mieux relever les défis qui se posent aujourd’hui, c’est un avenir dominé par les pouvoirs publics qui s’avérera malheureusement irrémédiable.”



Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire