ZeroPoint Technologies voit une opportunité gigantesque dans le problème de la mémoire

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

L’intelligence artificielle requiert des puissances de calcul de plus en plus importantes, et la mémoire des serveurs peine à suivre. C’est ce qu’affirme ZeroPoint Technologies, qui développe son activité autour de cette technologie.

L’IA, c’est cool, sauf quand votre travail consiste à gérer ses immenses charges de travail. Les hyperscalers s’y cassent la tête, mais ce n’est rien à côté des grandes entreprises qui veulent traiter les charges de travail d’IA sur leur propre infrastructure. Puissantes, mais extrêmement coûteuses – et, pour ne rien arranger : toujours aussi difficiles à trouver –, les GPU sont alors indispensables. Il faut donc innover pour résoudre l’équation : Arc Compute tente par exemple d’optimiser vos GPU existantes. ZeroPoint Technologies propose de son côté une solution à ce qu’elle qualifie d’énorme goulet d’étranglement au niveau de la mémoire. « La puissance de calcul des processeurs a augmenté de façon exponentielle ces dernières décennies, mais la mémoire n’a pas été en mesure de suivre. Ce retard est source d’inefficacités, car les processeurs doivent souvent attendre pour accéder à la mémoire. En outre, la mémoire est coûteuse et alourdit l’empreinte carbone des centres de données », explique son CEO Klas Moreau. « Et ce, alors que l’explosion de l’IA accroît encore la demande de puissance de calcul et de mémoire », poursuit-il.

Game changer ?

La solution proposée par la société suédoise ZeroPoint Technologies consiste en une hardware-accelerated memory compression, ou compression de la mémoire accélérée par le matériel, couvrant dans l’ensemble de la hiérarchie de la mémoire : une technologie des semi-conducteurs qui, si elle atteint ses objectifs, pourrait révolutionner la manière dont les ordinateurs gèrent la mémoire.

L’entreprise affirme en effet pouvoir doubler, voire quadrupler la capacité de stockage des serveurs en supprimant les informations inutiles de l’architecture de la mémoire. Le résultat ? Une amélioration des performances impressionnante sur papier – jusqu’à 50 % – et une réduction massive de la consommation d’énergie. « Nos produits sont prisés des opérateurs de centres de données qui distinguent parfaitement les avantages de l’élimination des goulets d’étranglement au niveau de la mémoire. Ils déboursent actuellement des fortunes en compressions basées sur des logiciels et en solutions moins performantes. Nous sommes en mesure de réduire le coût total de possession (TCO, ndlr) des serveurs de 20 à 25 % et les émissions de CO2 de 25 à 30 % », affirme le CEO.

« Même les grands hyperscalers de ce monde, comme Google Cloud et Meta, explorent les technologies de compression basées sur le hardware pour la mémoire », ajoute Klas Moreau. Lors d’une séance de questions-réponses avec des journalistes spécialisés et analystes organisée à l’occasion de l’IT Press Tour, il n’a pas voulu confirmer explicitement si ces hyperscalers étaient effectivement dans le pipeline de ZeroPoint.

Spin-out

ZeroPoint est une spin-out de la Chalmers University of Technology de Göteborg, où la société a son siège – même si elle est désormais également présente en Californie. L’équipe de trente personnes comprend de nombreux esprits brillants qui se sont forgé une belle expérience dans les semi-conducteurs (industriels) : leurs CV renseignent ainsi des noms aussi prestigieux qu’Ericsson, Intel, IEEE ou Sun Microsystems. En avril, ZeroPoint a également rejoint Intel Ignite, un programme mondial d’accélération pour les jeunes entreprises de deep tech. Un mois plus tard, la première grande levée de fonds série A d’environ 5 millions d’euros était déjà une réalité – sans le moindre produit commercial sur le marché.

Klas Moreau © ZeroPoint

Pari tenu ?

La grande question qui se pose aux jeunes entreprises de deep tech est toujours la même : vont-elles tenir leur pari ? En tout cas, ZeroPoint semble bien s’entourer, possède le savoir-faire et a entre-temps décroché de nombreux brevets pour sa technologie : 38, auxquels on peut ajouter 70 demandes déposées. Comme la technologie fonctionne sur l’ensemble de la hiérarchie de la mémoire, l’entreprise entrevoit des débouchés dans la totalité du segment des serveurs : des développeurs de processeurs et de modules ou de contrôleurs de mémoire proprement dits à l’ensemble du monde des entreprises en passant – comme on l’a dit – par les hyperscalers et intégrateurs de systèmes.

ZeroPoint se concentre aujourd’hui sur les marchés des serveurs et de l’informatique à haute performance. Elle estime le marché entre 1 et 1,5 milliard de dollars pour les serveurs et les appareils et vise une pénétration de 30 % dans les deux segments. « Nous tablons sur un chiffre d’affaires de 110 millions de dollars dans les cinq ans. Et d’ici là, nous serons prêts à nous attaquer à un marché bien plus lourd. Donc oui, je pense que nous avons une opportunité à plusieurs milliards de dollars », conclut le CEO.

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