Les utilisateurs IT belges furieux de l’attitude agressive de Broadcom/VMware

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Pieterjan Van Leemputten

Les utilisateurs professionnels belges, français, néerlandais et allemands sont mécontents de la façon dont VMware augmente le montant de ses contrats et ne respecte pas les accords depuis le rachat par Broadcom.

Maintenant que le rachat de VMware par Broadcom est finalisé, les utilisateurs finaux et les revendeurs se réveillent avec la… gueule de bois. Il ressort du secteur que l’entreprise augmente unilatéralement ses contrats et abuse de sa position dominante sur le marché. Beltug, qui représente les utilisateurs IT professionnels en Belgique, adresse par conséquent une lettre ouverte à la Commission européenne, conjointement avec ses homologues du secteur Cigef (France), CIO Platform (Pays-Bas) et VOICE (Allemagne), lui demandant de prendre des mesures urgentes.

La liste des accusations n’est pas piquée des vers: augmentations progressives des prix, non-respect des accords contractuels antérieurs, interdiction de revendre les licences, refus de respecter les conditions de sécurité pour les licences permanentes et (re)conditionnement des licences les rendant plus chères. Parallèlement, l’écosystème des revendeurs et partenaires VMware a également changé, et des plaintes se font entendre concernant une perte d’expertise.

Prix multipliés

‘Je n’ai jamais vu cela depuis 27 ans’, déclare à Data News Daniëlle Jacobs, CEO de Beltug. ‘Il y a des augmentations de prix soudaines, tant pour les utilisateurs finaux que pour les intermédiaires, parfois multipliées par deux, parfois par cinq, voire par douze. C’est pourquoi nous souhaitons ainsi également avertir nos membres, car leurs contacts seront renouvelés dans les mois à venir.’

Broadcom facture les coûts non seulement à ses utilisateurs finaux, mais aussi à ses partenaires, qui se retrouvent désemparés. ‘Ici, les contrats se terminent le 1er avril. Ils ne reçoivent pratiquement plus d’informations, même s’ils sont les interlocuteurs des utilisateurs finaux. Parallèlement, Jacobs souligne que ces budgets n’existent souvent pas, ce qui signifie que les licences plus coûteuses grugeront également les budgets d’innovation ou d’autres projets.

Partir rapidement n’est pas possible

En tant que spécialiste de la virtualisation, VMware se concentre entre autres sur les solutions de cloud privé. Mais ces environnements sont également assez complexes et difficiles à remplacer rapidement. Même si les utilisateurs souhaitent partir, une telle migration prendrait encore et toujours plusieurs années.

Dans le même temps, la lettre ouverte prévient que l’alternative réside souvent dans le cloud public, propriété de quelques ‘hyperscalers’. Délaisser VMware signifierait donc également donner davantage de pouvoir aux firmes cloud (généralement américaines).

L’option formelle dans de tels litiges est de s’adresser aux tribunaux. Mais ce n’est pas non plus une solution idéale, car les entreprises dépendent entre-temps encore et toujours de VMware. C’est en partie pourquoi Beltug, Cigef, CIO Platform Nederland et VOICE parlent en leur nom propre.

Beltug et ses homologues du secteur adressent leur lettre ouverte à la présidente de la Commission Ursula Von der Leyen, au commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton et à la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager. Beltug souligne que l’Europe se doit d’intervenir pour protéger les entreprises européennes.

‘Si l’Europe permet une telle chose, cela constituera un précédent pour d’autres entreprises technologiques’, estime Jacobs. Les pratiques de Broadcom et VMware ne se limitent du reste pas à l’Europe. Aux Etats-Unis, les clients et les partenaires semblent eux aussi faire soudainement l’objet de nouveaux prix et de nouveaux modes de travail.

Jacobs note que les pratiques de Broadcom sont connues: ‘Nous avions tiré la sonnette d’alarme à ce sujet il y a deux ans (lorsque Broadcom a dû demander une autorisation pour le rachat de VMware, ndlr). Et nous avons vu des choses similaires lors du rachat de CA (2018) et de Symantec (2019). Aujourd’hui, il en va de même pour les clients de VMware.’

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