Slack: du statut d’appli de chat à celui de système d’exploitation central pour agents d’IA

Slack-CEO Denise Dresser (à droite) © KVdS/DN
Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Denise Dresser, CEO de Slack, voit sa plateforme passer d’un outil de communication à un ‘système d’exploitation agentique’, où l’humain et l’IA se rencontrent. Est-ce là l’avenir de l’interface de travail?

Alors que les agents d’IA en silos menacent d’entraîner ‘plus de chaos’, Slack prétend avoir la solution. C’est du moins ce qu’affirme Salesforce. Salesforce a racheté Slack fin 2021 pour près de 28 milliards de dollars – à l’époque, il s’agissait principalement d’une appli de chat collaboratif qui avait reçu un énorme coup de pouce à l’époque du coronavirus. En 2022, l’éditeur de logiciels avait indiqué qu’il souhaitait transformer Slack en une sorte de ‘Teams de Salesforce’.

C’est cette même année qu’est sortie ChatGPT et entre-temps, le cap de Slack a été ajusté. Lors de la conférence Dreamforce, Salesforce a clairement fait comprendre qu’elle voyait en Slack un système d’exploitation central pour contrôler les agents d’IA dans les entreprises: un ‘Agentic OS. L’ambition est d’intégrer à terme l’ensemble de l’expérience Salesforce dans Slack. ‘Il viendra un moment, où les utilisateurs n’auront plus à se connecter à Salesforce Lightning s’ils ne le souhaitent pas’, déclare Denise Dresser, CEO de Slack, en faisant référence à l’interface traditionnelle de Salesforce.

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‘Une solution à la fragmentation de l’IA’

A l’occasion d’une table ronde lors de la conférence Dreamforce, elle a tenté de faire valoir que Slack peut surtout être une solution à la fragmentation: un risque auquel les CIO sont actuellement confrontés, puisque l’IA générative et les agents d’IA spécialisés apparaissent de plus en plus sur le lieu de travail. Ou parfois plutôt de manière latente, comme Shadow AI. De plus, si chaque service et chaque application logicielle obtient ou utilise ses propres assistants d’IA, l’organisation risque de se noyer dans une mer d’outils décousus. Selon Dresser, c’est exactement le problème que sa plateforme est censée résoudre. ‘L’IA nous montre qu’on ne peut pas simplement l’appliquer dans des applications et des processus protégés, en pensant ensuite qu’on opère une transformation dans l’ensemble de l’organisation’, explique-t-elle. Sa vision est ambitieuse: Slack doit devenir le hub central où se déroulent toutes les interactions avec l’IA. Denise Dresser estime que Slack va devenir le ‘conversational front end to all of work’. Cela ira au-delà de la simple communication. Slack ne sera rien de moins que l’interface de l’ensemble du portefeuille CRM de Salesforce.

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Système d’exploitation agentique

Dresser se sent également renforcée par l’afflux de nouveaux utilisateurs qui souhaitent interagir avec la technologie d’une manière fondamentalement différente. ‘De nombreux utilisateurs ne veulent tout simplement plus naviguer dans les menus et les formulaires. Les gens veulent travailler de manière conversationnelle’, estime Dresser. ‘Je veux juste pouvoir rechercher tout ce que je veux, tout demander et tout trouver’, pour le dire différemment.

Slack-CEO Denise Dresser et Nathalie Scardino, Chief People Officer Salesforce. © KVdS/DN

‘C’est cette demande du marché, combinée aux possibilités technologiques qui ont émergé entre-temps, qui a accéléré l’évolution de Slack. Ce sont en fait nos clients qui nous ont montré l’avenir’, explique Dresser. ‘Ce qu’ils voulaient, c’était un ‘système d’exploitation agentique’, et nous y travaillons maintenant.’ Cela se concrétise, par exemple, par l’introduction d’un assistant personnel rénové dans Slack pour remplacer l’ancien Slackbot. Cet assistant pourra aider de manière proactive à préparer les réunions, à établir un ordre du jour et même à envoyer des courriels de suivi, le tout à partir d’une simple demande conversationnelle.

‘ElevenLabs (un générateur populaire de text-to-speech et d’IA vocale, ndlr) est un bel exemple d’un tel client de nouvelle génération. On y a conçu un produit, on l’a fabriqué et on l’a lancé dans 40 pays. Et le tout dans Slack, sur base de ‘vibe coding’ et dans un environnement multi-acteur.’ Enfin, comme pour renforcer la revendication d’un système d’exploitation central, Dresser fait également référence à OpenAI.

OpenAI, le créateur de ChatGPT, a construit son modèle d’IA révolutionnaire sur Slack. ‘La raison en était qu’ils avaient besoin d’une plate-forme capable d’évoluer au rythme de la vitesse d’innovation de l’entreprise’, selon Dresser. En dehors de cela, cela reste bien sûr une question de confiance. En tant qu’entreprise, souhaitez-vous confier dès lors les clés de tous vos processus opérationnels – hébergés dans toutes sortes d’agents d’IA – à une interface centrale unique? L’avenir nous le dira.

 https://datanews.levif.be/actualite/business-it/le-ceo-de-salesforce-nous-sommes-bien-plus-avances-en-ia-agentique-que-tous-nos-concurrents/

 

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