Disk Archive: les disques de données non-rotatifs peuvent fonctionner durant des décennies
Les archives de stations de TV regorgent de montagnes de bandes vidéo qui attendent d’être numérisées. Et le temps presse. « Quelle est l’utilité d’une vidéo qu’il est impossible de visionner ? »
L’archivage d’images de films et de télévision reste un défi majeur. « Le VHS a désormais disparu du marché depuis vingt ans déjà », fait remarquer Alan Hoggarth, fondateur et CEO de Disk Archive. Comme son nom l’indique, l’entreprise est spécialisée dans les solutions d’archivage sur disque. Hoggarth a présenté les activités de sa société dans le cadre de l’IT Press Tour fin de l’année dernière à Madrid. « Cela fait d’ailleurs vingt ans déjà que les entreprises de médias ne travaillent plus avec des bandes vidéo. Tout est désormais numérique : sur disque. »
Voilà qui ne permet cependant pas de relever le défi de l’archivage. En effet, les volumes de matériels vidéo stockés par une entreprise de médias ne cessent de croître. « Dans le même temps, les archives continuent à être encombrées d’anciennes bandes vidéo », poursuit Alan Hoggarth. « Des bandes qui ne sont pas accessibles ou disponibles, alors même qu’une telle entreprise de médias dispose d’un trésor qu’elle n’entend pas abandonner. » Or entre-temps, l’horloge tourne : le délai de conservation d’une bande – non seulement en VHS, mais aussi par la suite sous forme numérique – n’est pas infini. Or la dernière chose que souhaite une entreprise de médias, c’est de constater qu’en retirant une bande sur laquelle est stockée du matériel vidéo unique, le support n’est plus lisible.
Stockage à empreinte réduite
Bref, la solution consiste-t-elle à tout numériser et conserver sur disque ? Pas de précipitation », se plaît à souligner Alan Hoggarth. « Si vous stocker le tout sur des disques rotatifs, le risque est encore plus grand de perdre tout ce matériel vidéo qu’en laissant les archives sur bande », fait-il remarquer, le sourire en coin. En effet, la durée de vie du stockage sur disque est également limitée. Dans un contexte professionnel, il est coutume de renouveler l’environnement de stockage tous les cinq ans. Ce qui implique donc à chaque fois une migration des données – avec comme conséquence le risque de perdre des données. À quoi il faut ajouter que les disques rotatifs ont un coût non-négligeable, non seulement à l’achat, mais aussi et surtout en consommation énergétique.
Face à ces constats, Disk Archive propose une alternative. L’entreprise britannique – fondée en 2008 – commercialise des solutions de stockage sur disques, lesquels sont ensuite mis à l’arrêt. Pour donner une idée : l’ALTO-III est un appliance pouvant accueillir soixante baies de disques. Si l’on utilise des disques de 24 To, on obtient une capacité totale de 1,44 Po. Par ailleurs, il est possible d’ajouter des nœuds supplémentaires à cet appliance, chacun comportant soixante disques. « Les clients intègrent leurs propres disques. Souvent, ils combinent même des disques de constructeurs différents. » La volonté de Disk Archive est en l’occurrence de réduire au maximum l’empreinte écologique – et éviter ainsi des coûts inutiles.
Temps de conservation plus long
La solution s’appuie sur le principe du MAID (Massive Array of Independent Disks) et donc pas du RAID comme dans le stockage classique. L’idée est triviale : en arrêtant les disques, la consommation d’énergie est nulle, de même que l’usure. Dès lors, le renouvellement quinquennal des disques devient superflu. Disk Archive prévoit un index en ligne qui précise quelles données sont stockées sur quels disques, lequel ne consomme que 210 W par To. Les unités proprement dites sont même totalement hors ligne. Du coup, la consommation énergétique est extrêmement faible. « J’avoue que nous ne savons pas encore combien de temps un disque peut tenir », reconnaît Alan Hoggarth. « Mais c’est au moins quinze ans, sachant que notre entreprise existe depuis plus de quinze ans déjà. »
Ce délai de conservation particulièrement long offre d’ailleurs des perspectives dans d’autres secteurs que les médias. « Je pense notamment au stockage d’images susceptibles de servir de preuve en justice », indique-t-il, « comme les enregistrements de séances d’un tribunal. Les procès durent parfois plus de cinq ans, d’où la nécessité de conserver les images durant un tel laps de temps. » Par ailleurs, d’autres secteurs seraient potentiellement intéressés par la solution de Disk Archive.
Copie sur bande
Le concept de Disk Archive ne se révèle pertinent qu’avec des données au repos, à savoir des données que personne ne traite et qui ne sont que rarement consultées. Cela étant, cette solution permet d’interroger les données assez rapidement puisqu’il suffit de soixante secondes pour démarrer un disque ‘au repos’. Cela peut paraître peu pratique, mais l’approche est fonctionnelle. D’ailleurs, quelle serait l’alternative ? « Une archive sur disque dans le cloud n’est pas financièrement tenable », rétorque Alan Hoggarth. Le stockage de données non-géré dans le cloud, alors ? « Ce n’est absolument pas pratique. Il faut en effet facilement de cinq à dix heures pour interroger un fichier. » Dans un tel contexte, une rédaction d’infos d’actualité n’y verrait aucun intérêt pratique.
La seule alternative utile serait selon Alan Hoggarth une ‘unmanned tape’, un stockage automatisé sur bande. Même si l’idée est quelque peu saugrenue : numériser une bande vidéo pour ensuite procéder à l’archivage sur une bande de données. « Une telle copie sur bande dans un centre de données pourrait certes être envisagée comme option de dernier recours. » Il n’empêche que la migration de bande reste une opération coûteuse et peu utilisée. « En outre, la bande est sensible à la poussière et à l’humidité », insiste Alan Hoggarth. « Dans de multiples régions d’Asie et d’Afrique, on est fortement dépendant de l’air conditionné. Or notre solution n’est pas affectée par de tels environnements. » Pourquoi les fabricants de robots de bandes ne se tournent-ils dès lors pas vers les disques non-rotatifs ? « Parce que c’est beaucoup plus intéressant financièrement de remplacer des bandes chez les clients », sourit Alan Hoggarth.
Sécurité bon marché
Et qu’en est-il de la sécurité d’une archive sur disque ? Sur ce plan également, Disk Archive offre une empreinte carbone plus faible. « Très simplement en extrayant une copie du disque du système de stockage qui est ensuite stockée dans une armoire », rétorque Alan Hoggarth. Sur l’armoire, un code QR est apposé qui reprend le contenu de la bande. « Et il est encore possible de prévoir une toute dernière copie dans le cloud. Avec dans l’idée de ne la récupérer qu’en cas d’incendie par exemple lorsque les autres copies seraient détruites, car cette solution se révèle très coûteuse et prend littéralement plusieurs heures. »
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