
L’OTAN va attribuer un contrat de 800 millions d’euros pour le cloud

L’OTAN va élaborer un contrat cloud qu’elle espère attribuer cette année encore. Il vise 800 millions d’euros d’investissements.
La situation géopolitique actuelle contraint l’OTAN à améliorer non seulement ses capacités de défense, mais à rattraper aussi son retard sur le plan numérique. Cela va de pair avec un investissement à grande échelle et la recherche d’un partenaire cloud commercial.
‘Nous avons besoin de solutions commerciales. L’OTAN s’appuie sur des partenariats avec de grandes firmes, des instituts de recherche, des universités et des start-ups. Les possibilités d’adjudications publiques seront nombreuses dans les semaines et les mois à venir. Il y aura un passage vers un cloud commercial avec en tout 800 millions d’investissements’, explique Ludwig Decamps, general manager de la NATO Communications & Information Agency (NCIA).
Decamps a tenu ces propos lors de la célébration des dix ans de la Cyber Security Coalition, où il était l’un des orateurs. De très nombreux détails techniques ne sont pas encore connus, mais il a expliqué à Data News comment le processus se déroulera.
‘Nous entamerons cette année un processus visant à sélectionner un partenaire industriel qui nous soutiendra dans la mise en œuvre complète du cloud pour l’ensemble de l’organisation de l’OTAN. Cela prendra bien sûr trois à quatre ans, mais la sélection de cette entreprise aura lieu cette année.’
‘Nous inviterons les entreprises à nous remettre une offre, puis nous en sélectionnerons trois et leur demanderons de développer un prototype de ce à quoi cela ressemblerait pour l’OTAN dans son ensemble. A partir de là, nous choisirons l’entreprise gagnante qui nous soutiendra pendant trois à quatre ans.’
Rattrapage technologique
Decamps place également le projet dans le contexte de ce qu’on appelle le ‘peace dividend’, à savoir la période depuis la chute de l’Union Soviétique à la fin des années quatre-vingts, pendant laquelle les pays ont pu réduire leurs dépenses de défense. Cette période est désormais révolue.
(Lire la suite sous la photo)

‘De nombreux gouvernements sont à présent occupés à rattraper trois décennies de progrès technologiques depuis l’après-guerre. Il s’agit de l’adoption du cloud, de mesures de cybersécurité et d’outils de collaboration modernes. Des choses qui n’étaient auparavant pas possibles sur site. L’OTAN n’est pas l’une des premières à adopter cette approche, mais un tournant s’avère nécessaire pour qu’une organisation de cette taille puisse changer de cap. Tout est désormais prêt pour y arriver.’
En marge, Decamps a laissé échapper que son organisation n’a pas été complètement inactive sur le plan technologique. C’est ainsi qu’elle se prépare notamment à l’ère post-quantique, afin de garantir que les informations cryptées de l’OTAN restent sécurisées à l’avenir.
La cybersécurité comme élément de guerre
Dans son discours, Decamps a souligné que l’OTAN considère la cybersécurité comme un domaine opérationnel depuis 2016: ‘C’est aussi crucial que les opérations sur terre, en mer ou dans les airs. Nous intégrons la cybersécurité dans nos activités quotidiennes.’
Et d’insister à plusieurs reprises sur le fait que la guerre d’aujourd’hui n’est pas seulement menée physiquement, mais aussi numériquement. Un point auquel le ministre de la défense belge Theo Francken a également fait référence dans son discours lors de la Cyber Security Coalition: ‘Depuis la cyberattaque massive lancée contre l’Estonie par la Russie en 2007, nous sommes bien conscients, en Belgique, de l’influence des puissances étrangères. Ce fut pour nous un révélateur.’
Decams réitère également ce que Serhii Demediuk, responsable de la cybersécurité en Ukraine, avait déclaré à Data News l’année dernière: ‘Nous assistons à des campagnes cybernétiques massives visant à perturber les communications militaires de l’Ukraine, mais aussi à des agressions physiques combinées à des cyberattaques.’
‘Le prochain conflit ne débutera pas avec des missiles, mais avec des logiciels malveillants et des cyberattaques’, déclare le chef de la NCIA. ‘Nous le voyons en Ukraine, mais aussi dans les pays de l’OTAN.’ Et de faire explicitement observer que l’article 5 de l’OTAN s’applique également aux cyberattaques: ‘L’OTAN est aussi une alliance numérique. Si un pays membre subit une cyberattaque, ce sont tous les membres qui sont visés.’
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici