Comment Seagate parvient-elle à intégrer 30 To sur un disque dur?
Seagate affirme avoir doublé la capacité de stockage d’un disque dur avec son nouvel Exos X Mozaic 3+. Il s’agit en l’occurrence du premier disque dur pouvant accueillir 30 To de données. Là derrière se dissimule une nouvelle technologie basée sur les lasers et le platine.
Fin janvier, Seagate a lancé le premier disque dur (HDD) doté de 30 To d’espace de stockage. Il s’agit du plus vaste disque dur du marché et du premier à utiliser un nouveau procédé qui devrait conduire à encore plus de stockage de données par centimètre carré dans les années à venir.
Le système s’appelle Mozaic 3+: une plate-forme ‘heat-assisted media recording’ (HAMR). Il s’agit d’un tout nouveau système qui utilise la chaleur pour placer davantage de données sur une surface plus petite. De cette façon, le disque dur atteint 30 To, voire plus, sans passer par un facteur de forme plus imposant.
HAMR
‘Il s’agit d’une nouvelle étape dans l’évolution des disques durs’, déclare à Data News Jörg Andreas, Systems Solution Engineer chez Seagate Technology. ‘Considérez le système comme le successeur du CMR (enregistrement magnétique conventionnel), du PMR (enregistrement magnétique perpendiculaire), etc. C’est similaire à ce que nous avions auparavant, mais la surface est plus fine et plus dure que dans les systèmes précédents, et il faut une source de chaleur pour échauffer cette surface, afin qu’elle puisse être magnétisée’, explique-t-il.
En pratique, le système se compose de dix plaques de verre recouvertes d’un alliage de platine. Cela devrait garantir un grain de support plus fin à l’échelle nanométrique. ‘On dispose désormais d’une densité par plaque bien plus élevée qu’auparavant’, affirme Andreas. ‘A cela s’ajoutent un tout nouveau revêtement, un nouveau contrôleur, etc. Nous utilisons un petit laser sur la tête d’écriture, qui se concentre sur un point de 20 nanomètres de diamètre. Ce point est chauffé à 400° Celsius pendant une nanoseconde. Cela nous permet de stocker 3 téraoctets par disquette. Nous travaillons actuellement sur de nouvelles itérations de la technologie pouvant gérer 4 à 5 téraoctets. Ce sont des capacités que nous n’avions pas pu atteindre jusqu’à présent.’
Energie
Cette densité est particulièrement importante, car les centres de données ont un facteur de forme standardisé. ‘Un disque dur mesure 3,5 pouces. Nous sommes tributaires de cette taille physique’, poursuit Andreas. Et comme pour les autres puces, c’est tout un art que de stocker davantage de données sur cette surface. ‘Nous sommes désormais à l’échelle nanométrique’, affirme Andreas. ‘Il a fallu dix ans pour développer une technologie capable de faire face à cette nano-physique. Tout devient de plus en plus condensé.’
Selon Andreas, les nouveaux systèmes consomment moins d’énergie que l’écriture CMR standard: ‘Les clients ont tous le même problème: ils disposent d’un nombre limité de lignes électriques, ils doivent donc se contenter de l’énergie qu’ils reçoivent. La meilleure façon d’augmenter la capacité est de remplacer les disques.’ Il estime que cela devrait donner aux centres de données quelque cinquante pour cent de capacité en plus avec la même empreinte de liquide de refroidissement.
Hyperscalers
Et le premier système est donc sorti: l’Exos X Mozaic 3+. Dans quelques années, il devrait y avoir un Mozaic 4+ avec des disques de 40 To, et un peu plus tard de 50 To et plus. Une avancée majeure pour la technologie de stockage et qui s’avère bien utile dans un monde où le besoin de données est de plus en plus grand. ‘Cela fait des années que nous lançons chaque année un disque offrant plus de capacité’, prétend Vincent Oostlander, director EMEA Sales chez Seagate. ‘A présent, nous avons cependant franchi une barrière. Là où on ajoutait un téraoctet chaque année, on peut désormais passer de trente à quarante, cinquante etc. C’est un nouveau départ.’
Pour ceux qui se posent la question, les disques sont actuellement principalement destinés aux hyperscalers. ‘C’est là que réside la plus grande demande pour ce type de technologie’, explique Oostlander. ‘Mais à partir de là, nous nous tournerons aussi vers d’autres centres de données dans le monde et vers des entreprises qui ont besoin de leurs propres systèmes de stockage sur site.’ Et dans quelques années, ces systèmes pourraient également entrer sur le marché grand public, par exemple pour un NAS domestique. N’empêche que cela pourrait prendre un certain temps avant de pouvoir stocker 30 téraoctets de films et de musique sur un réseau domestique.
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