Le fournisseur de services IT basé à Hasselt, Cegeka, élabore des plans pour la construction d’un nouveau centre de données à grande échelle au Limbourg. Ce qui ne manque pas d’étonner dans ce projet, c’est que l’entreprise souhaite construire l’installation entièrement sous terre.
C’est un projet pour le moins singulier qu’explique André Knaepen, fondateur et président de Cegeka, dans une interview accordée au journal Het Belang van Limburg. L’acteur IT cible un site au Limbourg pour y créer un tout nouveau centre de données opérationnel dans les trois ans. Si les études de faisabilité technique et financière sont positives, ce sera le premier centre de données entièrement souterrain de notre pays.
Sécurité physique en temps de troubles
Le choix d’une construction souterraine n’est pas un gadget architectural, mais une décision stratégique motivée par l’évolution du niveau de menace. ‘Comment protéger les centres de données en surface contre tout ce qui se passe actuellement’, se demande clairement Knaepen dans le journal, en évoquant la menace des drones et du sabotage. Or un bunker souterrain offre une couche supplémentaire de protection physique de plus en plus difficile à garantir avec des clôtures et caméras classiques.
Souveraineté numérique
En plus de la sécurité, la croissance exponentielle de l’intelligence artificielle constitue le principal moteur de ce type de construction. Selon Luc Greefs, responsable des centres de données chez Cegeka, l’infrastructure actuelle en Europe accuse un retard désespérant par rapport aux Etats-Unis et à la Chine. Greefs avertit que sans une infrastructure propre, l’Europe risque de devenir une ‘colonie numérique’ des Etats-Unis. Avec la construction de son propre centre de données paré pour l’IA, Cegeka souhaite réduire cette dépendance et s’armer pour l’avenir. L’entreprise garde également toujours un œil sur l’arrivée possible du télescope Einstein, un projet scientifique qui nécessitera une puissance de calcul locale énorme.
Le centre de données planifié nécessitera un investissement initial d’environ 40 millions d’euros et démarrera avec une puissance de 4 mégawatts, quatre fois supérieure à celle de la plus grande installation actuelle de Cegeka au Limbourg. Le concept permettra également une évolutivité jusqu’à 10 à 15 mégawatts. Quant à savoir si le projet souterrain sera réellement retenu, cela dépendra du coût total. La construction souterraine est en effet plus complexe et onéreuse, et ce coût supplémentaire devra être justifié d’un point de vue commercial.
Production d’énergie propre
Cegeka combine ses plans d’expansion avec une stratégie écologique plus poussée. L’entreprise démarre en effet la construction de sa propre éolienne à Tessenderlo et a signé un accord à long terme avec le parc solaire Kristal à Lommel. L’éolienne, d’une hauteur de 125 mètres à la pointe, devrait être opérationnelle d’ici mars 2026, tandis que l’achat d’énergie solaire à Lommel débutera dès la fin de 2025. ‘Avec cette stratégie, nous franchissons une étape claire vers notre objectif: proposer des services cloud totalement neutres sur le plan climatique d’ici 2030. C’est un investissement qui fournira des avantages concrets à nos clients – une infrastructure IT fiable et durable – et qui contribuera à la transition climatique en Belgique’, déclare Geert Rottier, directeur général de Cegeka Belgium, dans un communiqué de presse.
Les investissements dans l’indépendance énergétique ont depuis longtemps cessé d’être un choix purement écologique, mais de plus en plus une nécessité commerciale stricte. La réglementation européenne sur la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) exige que les entreprises rendent compte en détail de leur impact environnemental, y compris celui de leurs fournisseurs.