Les sites web belges insuffisamment accessibles aux personnes handicapées

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Pieterjan Van Leemputten

Seule une minorité des sites web sont suffisamment accessibles aux personnes souffrant d’un handicap. Les chiffres sont du reste mauvais également dans d’autres pays européens.

Quiconque réfléchit aux difficultés éprouvées par les personnes handicapées, pense en premier lieu aux malvoyants. Ces derniers utilisent un logiciel de lecture et doivent souvent se servir d’un site affichant uniquement un clavier en lieu et place d’une souris. Mais cela va même nettement plus loin: les daltoniens et les gens souffrant d’un handicap cognitif ou physique aux mains ne peuvent pas toujours correctement utiliser le web.

94 pour cent d’échec

Le Digital Trust Index examine la problématique de plus près. Cette enquête est réalisée par l’entreprise belge Craftzing, spécialisée entre autres dans l’accessibilité. Elle a passé en revue 240.000 sites web de 18 pays, dont 7.408 sites belges.

Il en ressort que 94 pour cent des sites européens ne répondent pas à toutes les exigences. Avec 94,24 pour cent, la Belgique se classe dans la moyenne européenne.

Les pays où le moins de sites ont raté le test, sont la Norvège (87,68 pour cent), la Finlande (88,05 pour cent) et la Suède (89,28 pour cent). La Belgique se classe à la 7ème place, juste derrière l’Allemagne et la France. Les pays les plus mal lotis sont la Roumanie (96,15 pour cent) et la Hongrie (96,31 pour cent). Les résultats complets figurent ici.

‘Ces sites web malaisément accessibles font en sorte que les personnes souffrant d’un handicap visuel, comme les malvoyants, éprouvent de difficultés à lire le texte affiché’, déclare Roeland Tegenbos, CEO de Craftzing. Mais la problématique ne s’arrête pas là: ‘Les daltoniens pâtissent d’une interprétation incorrecte des graphiques par exemple. Les gens souffrant d’un handicap aux mains peuvent difficilement naviguer sur un site web, et les gens aux prises avec un handicap cognitif, ne comprennent pas suffisamment les structures complexes des sites web.’

Obligation légale

Cette accessibilité présente aussi un aspect légal. Craftzing fait ici référence au fait que l’European Accessibility Act (EAA) obligera les organisations à disposer d’un site web accessible à partir du 28 juin de l’an prochain.

Apportons cependant ici la nuance, selon laquelle tous les sites web ne sont pas inaccessibles à toutes les personnes souffrant d’un handicap. 71 pour cent des sites se caractérisent cependant par un piètre contraste des couleurs entre le texte et l’arrière-plan, ce qui complique la vie des daltoniens. 63 pour cent des sites ne donnent aucun descriptif des liens. Pour les illustrations, cela pose problème pour 33 pour cent des sites, contre 18 pour cent pour les boutons. Alors même que cette info s’avère souvent cruciale pour les personnes qui recourent à un logiciel de lecture.

‘Une excuse régulièrement entendue est qu’il s’avère compliqué de tenir compte de tous les handicaps et que cela prend trop de temps, d’énergie et d’argent pour apporter une solution. La bonne nouvelle, c’est que les problèmes les plus récurrents sont relativement faciles à résoudre. Si les organisations tenaient compte de l’aspect accessibilité au début d’un projet numérique, plutôt qu’à la fin, cela prendrait nettement moins de temps et ce serait plus facile’, ajoute Tegenbos. Et d’insister sur le fait qu’un quart des gens souffre d’un handicap et que donc, toute organisation pourrait toucher un quart de personnesd en plus en misant sur l’accessibilité de son site.

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