La Sûreté de l’Etat confirme les problèmes IT que connaît la nouvelle banque de données

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Les collaborateurs de la Sûreté de l’Etat se passent les mains dans les cheveux. Comme le déploiement de la nouvelle banque de données laisse à désirer, il n’y a plus de certitude que leurs informations soient correctes. Voilà ce que révèle le journal flamand Het Nieuwsblad et qui nous a été confirmé par la Sûreté de l’Etat elle-même, qui insiste pourtant sur l’absence d’un problème de sécurité général. ‘Les informations sont à présent de toute façon doublement vérifiées’, affirme le porte-parole.

La Sûreté de l’Etat, le service de renseignements qui collecte des informations sur les menaces pour notre pays, est depuis quelques années déjà en pleine période de transition: c’est ainsi qu’on y mise de plus en plus sur la spécialisation et qu’on y a augmenté le nombre de membres du personnel. De plus, il a été décidé de développer une nouvelle banque de données. Alors qu’avant, tout était contenu dans un seul et même système, on a envisagé de travailler avec différents systèmes interconnectés.

L’ancienne banque de données était en effet limitée. Il était ainsi malaisé d’y intégrer d’importantes masses d’informations. Les fichiers audio et vidéo pouvaient en outre difficilement y être stockés de manière uniforme. Mais il n’empêche qu’elle présentait aussi de nombreux avantages, comme le révèle Het Nieuwsblad sur base des dires de deux sources de la Sûreté de l’Etat, qui souhaitent garder l’anonymat. ‘Elle était conviviale, synoptique et avait un caractère logique. Les flux d’informations étaient clairs pour tout le monde’, déclare l’une des deux sources.

Selon une enquête de Data News, tout cela s’avère correct, et les problèmes sont dus au déploiement du nouveau système le 12 juin. Depuis lors, des informations incorrectes peuvent aboutir dans la nouvelle base de données. ‘Nos collaborateurs ont par conséquent reçu instruction de contrôler davantage toutes les informations auprès d’autres sources, mais aussi dans notre ancienne base de données qui fonctionne encore et toujours’, déclare un porte-parole de la Sûreté de l’Etat. ‘Cela génère évidemment de la frustration au sein du personnel, sans pour autant menacer notre fonctionnement. Ces dernières semaines par exemple, plusieurs arrestations ont été effectuées dans le pays et en dehors de celui-ci sur base d’informations correctes données par nos collaborateurs’, insiste le porte-parole.

Smals est-il le coupable?

Dans Het Nieuwsblad, on pointe un doigt accusateur en direction du fournisseur de services IT Smals. Chez ce dernier, on ne souhaite rien confirmer ou infirmer. De même à la Sûreté de l’Etat, nous n’avons pas reçu de réponse définitive sur son implication. Des sources de Data News évoquent entre-temps un montant total de 30 millions d’euros investis dans l’ensemble du projet: un projet de modernisation, dont il avait été question pour la première fois en 2015 déjà.  D’après nos informations, Smals était bien de la partie depuis le tout début, mais l’objectif du projet a été modifié plusieurs fois. Entre-temps, l’implication de Smals aurait toujours davantage été réduite. La Sûreté de l’Etat ne le confirme pas, ‘mais l’important, c’est qu’un groupe de travail prépare des solutions’, apprend-on. ‘Nous nous étions attendus quelque part à des problèmes et nous allons donc les résoudre’, prétend le porte-parole.

‘Conception fondamentalement incorrecte’

Un employé de la Sûreté de l’Etat, qui ne souhaite pas réagir officiellement, nous signale entre-temps que les problèmes sont plus fondamentaux qu’il n’y paraît. C’est ainsi que c’est toute la conception du projet IT qui serait incorrecte et que sa mise en œuvre laisse par conséquent à désirer. ‘Avec Atlas (comme a été baptisé le projet IT, ndlr), nous avons une espèce de système de billetterie qui ne convient absolument pas pour le traitement d’informations sensibles et de renseignements’, nous apprenons de nos sources. ‘Malgré des années de travaux préparatoires et des méga-factures, ce système est simplement inutilisable’, déclare l’une des sources à Het Nieuwsblad. ‘Il manque de logique, de vision synoptique, de traçabilité, de mécanismes de contrôle, de vitesse, bref de tout ce dont la banque de données d’un service de renseignements a besoin.’

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