Près d’un quart des employés belges utilisent désormais régulièrement l’IA au travail. C’est plus de 50 pour cent de plus que l’année dernière, selon une enquête à grande échelle effectuée par le prestataire de services RH SD Worx.
Les applications les plus populaires sont la création de contenu (21 pour cent), les communications personnalisées (17 pour cent) et l’automatisation des tâches (17 pour cent). Ce sont surtout les jeunes employés qui se distinguent en la matière: 36 pour cent des moins de 35 ans utilisent en effet l’IA, contre 12 pour cent seulement des plus de 55 ans. Les managers sont également nettement plus enclins à utiliser l’IA que les collaborateurs exécutifs: 37 pour cent contre 18 pour cent.
‘Les dirigeants et les managers jouent un rôle crucial pour encourager une utilisation responsable et effective de l’IA au sein de leurs équipes’, explique Tom Saeys, COO de SD Worx, à Data News. ‘Ils peuvent ainsi proposer des formations personnalisées, contrôler l’utilisation éthique et impliquer activement les employés, à condition de disposer d’un budget et de ressources humaines suffisants.’
Mais l’inquiétude est encore plus grande: un employé belge sur quatre craint en effet que son emploi soit à terme supplanté par l’IA. Parallèlement, 53 pour cent des utilisateurs pensent que leur travail va radicalement changer à cause de l’IA dans les trois ans à suivre. Cependant, la majorité (57 pour cent) estime que les compétences humaines resteront plus importantes que l’IA.
Les RH restent prudentes
Au sein même des RH, l’utilisation de l’IA reste encore limitée. A peine 15 pour cent des professionnels RH belges constatent déjà des bénéfices concrets de l’IA au sein de leur organisation, un chiffre bien inférieur à la moyenne européenne de 20 pour cent.
Les applications déjà utilisées sont l’analyse automatique des candidatures (13 pour cent), les chatbots pour les questions RH (13 pour cent), les parcours d’apprentissage personnalisés (11 pour cent) et le soutien au bien-être mental (11 pour cent).
Malgré ces faibles pourcentages, le nombre de professionnels RH qui considèrent l’IA comme une priorité absolue, a doublé par rapport à l’année dernière, passant de 5 à 10 pour cent. Cependant, selon Saeys, il manque une vision claire ans le secteur: ‘Sans stratégie, il n’est question que d’expériences isolées et peu fructueuses. Il est nécessaire d’adopter une approche intégrée reliant tous les domaines RH: du recrutement jusqu’au développement et à la fidélisation des collaborateurs.’
De plus, près de quatre professionnels RH sur dix (39 pour cent) craignent que l’IA ne supprime l’aspect humain des processus RH. Le manque de connaissances (37 pour cent), la confidentialité et la sécurité des données (32 pour cent), les questions éthiques (30 pour cent) et la résistance des employés (28 pour cent) demeurent également des obstacles majeurs.
La loi européenne sur l’IA obligera les entreprises à appliquer une stratégie claire
A partir du 2 août 2025, de nouvelles règles européennes sur l’IA au travail seront d’application. Elles exigeront davantage de transparence, une meilleure maîtrise de l’IA et l’interdiction des applications à risque. Pensez à la notation sociale (‘social scoring’) et à la reconnaissance des émotions pour mesurer le comportement et les prestations des employés. Les infractions pourront entraîner des amendes pouvant aller jusqu’à 35 millions d’euros.
‘Il est donc urgent que les entreprises élaborent une politique claire en matière d’IA’, prévient Saeys. ‘Qui est autorisé à utiliser quels outils? Comment suivre le rythme en tant qu’organisation? Et comment garantir que ces connaissances soient ancrées durablement? Utilisez l’IA avec honnêteté et transparence, conformément à la législation européenne. C’est la seule façon d’instaurer la confiance chez les employés et les parties prenantes.’