Des courtiers en données vendent les données de géolocalisation de millions de Belges. Bien que ces données soient anonymes, elles peuvent souvent être assez facilement associées à des personnes.
Le journal L’Echo a fait cette découverte non seulement pour l’un de ses journalistes, mais aussi pour au moins cinq personnes travaillant ou ayant travaillé pour l’Union européenne, dont trois hauts fonctionnaires. En collaboration avec le quotidien français Le Monde, le journal néerlandais BNR et le site d’information allemand Netzpolitik.org notamment, L’Echo a mis la main sur des centaines de millions de points d’emplacement provenant de quelque 2,6 millions de smartphones utilisés en Belgique. Cela a permis de cartographier précisément les lieux fréquentés par ces utilisateurs: de leur domicile et leur lieu de travail jusqu’à l’école de leurs enfants, en passant par leur salle de sport ou leur restaurant préféré.
Il s’agit là de données que les utilisateurs d’un smartphone fournissent eux-mêmes en téléchargeant certains jeux ou autres applis qui enregistrent leur emplacement. Les développeurs de ces applis vendent ces renseignements à des courtiers en données, qui les proposent ensuite à des entreprises de marketing ou de publicité. Selon ces courtiers, les données qu’ils vendent sont anonymes: il s’agit uniquement de numéros d’identification uniques liés à des appareils. Cependant, toute personne qui achète ces données, est capable de suivre les déplacements et les habitudes des utilisateurs de smartphone.
De nombreux téléphones géolocalisés se trouvaient sur des sites de l’OTAN ou de la Commission européenne à Bruxelles, sur des bases militaires belges comme Kleine-Brogel, dans les centrales nucléaires de Doel et de Tihange, ou encore dans des prisons de haute sécurité. Par ailleurs, il semble relativement aisé d’associer ce genre de numéro d’identification unique à une personne.