
Avec Apple Vision, Aaltra entend guider l’industrie vers l’ère de la réalite augmentée
A quoi ressemblera le monde en 2035? Beaucoup ne peuvent que le deviner, alors qu’Aaltra lui donne vie. Avec une application AR, l’entreprise veut changer à jamais l’avenir du monde industriel. Elle a même reçu le feu vert d’Apple dans ce but.
Aaltra était impliquée dans l’IoT (internet des objets) avant même que ce ne soit un concept. ‘Connecter des appareils à internet’, comme le définit Pieter-Paulus Vertongen, CEO d’Aaltra. Il a fondé l’entreprise il y a près de 18 ans sans capital extérieur. Une exception. L’objectif à l’époque était d’employer dix personnes et de générer un chiffre d’affaires d’un million d’euros avant sa retraite, mais en 2025, force est de constater qu’Aaltra joue dans la cour des grands et compte des clients tels que Daikin et Locinox.
Aaltra a reçu l’autorisation exceptionnelle d’Apple de créer une appli pour le Vision Pro – un casque de réalité augmentée (AR) capable d’afficher des informations numériques sur le monde qui vous entoure. A cette fin, l’entreprise travaille avec le cabinet de conseil Lightstream. Ensemble, ils ont développé une application qui devrait bouleverser le secteur industriel. Les usines sont en effet le domaine de Lightstream: l’entreprise belge conçoit des installations industrielles. Le fondateur et CEO de Lightstream, Dylan Caufrier, n’a pas choisi de collaborer avec Aaltra sans raison valable. Les deux entreprises ont précédemment développé conjointement une appli – CabinetManager – pour faciliter le travail des techniciens et des mécaniciens chez les clients de Lightstream. Ils reçoivent directement toutes les informations dont ils ont besoin sur leur tablette via un QR code. Ils peuvent également signaler plus rapidement les modifications, qui sont immédiatement numérisées et enregistrées.
Tout-en-un
Mais la toute dernière version de CabinetManager va encore plus loin et devrait garantir que tous les techniciens et mécaniciens – et à terme même la femme de ménage – puissent à l’avenir voir toutes les informations sur leur travail d’un simple coup d’œil. Comment? Avec un casque AR pardi! Quiconque scannera le code QR d’une machine, aura à sa disposition le mode d’emploi et les solutions pour résoudre certains problèmes, ou plutôt sous les yeux, car les informations apparaitront virtuellement à proximité. Le nouveau CabinetManager veillera à ce que tous les schémas, manuels, procédures et autres certificats puissent être consultés d’un coup d’œil. Tout-en-un donc.

Vertongen et Caufrier ont échangé leurs premières idées à ce sujet en 2015 et ont lancé leur… moulin en 2019. Deux ans plus tard, des centaines de techniciens testaient leur concept avec une tablette, mais pour vraiment faire la différence, le duo place désormais la barre plus haut. ‘La plupart des techniciens ont plus de 40 ans et utilisent uniquement un stylo et du papier. Mais pouvoir consulter toute la documentation instantanément, tout en ayant les deux mains libres: cela fait toute la différence. Les techniciens veulent résoudre un problème le plus rapidement possible, et nous avons répondu à cela avec le casque AR.
Eviter les accidents
Aaltra est connue pour son innovation continue et est faite du même bois que Lightstream à cet égard. Caufrier souligne cependant deux autres raisons importantes pour avoir développé le nouveau CabinetManager: ‘On signale environ 86 cas de travailleurs victimes de chocs électriques dangereux chaque année dans le monde industriel, dont un tiers à cause d’une documentation obsolète. Avec notre appli, les entreprises ont automatiquement accès aux fichiers les plus récents, et un tiers de ces cas peuvent être évités. Les entreprises industrielles peuvent ainsi aussi faire un geste intéressant sur le plan financier. ‘Une heure d’arrêt peut rapidement coûter 300.000 euros à une usine. Mais si les techniciens peuvent gagner dix minutes avec la nouvelle appli CabinetManager, ils peuvent lui permettre d’économiser quelque 50.000 euros par intervention.’
En attendant Apple
Le facteur restrictif dans toute cette histoire, ce sont cependant le casque même. Il n’est pas encore disponible dans notre pays aujourd’hui. Aaltra a développé le logiciel nécessaire en seulement un mois, après avoir mis six employés à forte contribution. Caufrier assure que Lightstream peut numériser toute la documentation d’une entreprise en une semaine. L’appli est déjà utilisable sur la tablette, il ne reste plus qu’à attendre le casque. Il est actuellement très coûteux – quelque 3.500 euros – et s’avère également trop lourd pour être porté toute la journée. De plus, les innovateurs belges comptent sur de nouveaux jeunes talents: ‘Les techniciens de demain auront l’état d’esprit nécessaire pour travailler avec un casque AR.’
Une fois le casque intelligent adopté, Vertongen et Caufrier ne voient pas non plus de retour en arrière au niveau commercial. ‘La frontière entre le numérique et le physique deviendra de plus en plus floue: il suffit de penser à un assistant d’IA numérique’, prédit Pieter. ‘Le smartphone et l’ordinateur deviendront de moins en moins importants. Peut-être qu’une lentille sur l’œil assumera même plus tard le rôle du casque AR.’
Aaltra entend créer l’avenir avec une combinaison de réalité augmentée et d’intelligence artificielle. Mais l’IA ne va-t-elle pas continuer à supprimer de plus en plus d’emplois? ‘Au contraire, cela ne fera que créer davantage de postes de travail’, prédit Pieter. Vous aurez besoin de plus en plus de personnes pour piloter l’IA. Le métier de programmeur tel qu’il est aujourd’hui, n’existera plus dans cinq ans. Les systèmes d’IA prendront en charge 90 pour cent de ce travail, mais les 10 pour cent restants – la touche humaine – deviendront encore plus importants. Plus que jamais, les programmeurs devront comprendre ce que veut le client et le traduire en IA. Vertongen croit donc pleinement en l’IA, mais pas de la manière dont elle est utilisée aujourd’hui: ‘Les grands modèles de langage sont utiles, mais je crois surtout en l’apprentissage machine basé sur les données générées par Lightstream, par exemple. De cette façon, vous pourrez penser en termes de résolution de problèmes et gagner beaucoup de temps.’ CabinetManager devrait à cet égard devenir un exemple d’école.
Saut dans l’inconnu
Aaltra est déjà un spécialiste en Belgique, mais souhaite également conquérir le marché européen. Dans ce but, Vertongen se réfère à des contacts datant de ses années d’étudiant: ‘J’ai étudié et travaillé à Copenhague pendant quatre ans, ce qui m’a permis d’avoir un client danois et un client suédois. Nous voulons atteindre le reste de l’Europe via la Scandinavie. Démarrer cette entreprise a été un saut dans l’inconnu, mais nous y avons toujours cru et d’une manière ou d’une autre, nous y sommes parvenus. L’innovation et la recherche sont cruciales à cet égard. Quand je dis à mes collaborateurs qu’ils doivent concevoir une application pour les trois prochaines années, dont tout est déjà écrit, ils deviennent fous. Nous innovons constamment par nous-mêmes. Dans tous les cas, cela a valu à Aaltra un certificat ISO, soit un label de qualité absolu.
L’histoire de Lightstream est très similaire à celle d’Aaltra, même si le cabinet d’études est plus de dix ans plus jeune. ‘Lorsque nous nous sommes associés avec certaines multinationales, nous avons d’abord dû nous contenter des miettes, tandis que les gâteaux revenaient aux grands acteurs. Eh bien, aujourd’hui, on nous confie de plus en plus de gâteaux. ‘Non pas, parce que nous avons nécessairement plus d’expertise que ces plus grandes entreprises, mais parce que nous pensons de manière innovante et pouvons soutenir les entreprises de façon plus proactive’, assure le CEO Caufrier. ‘Placer la barre plus haut’ n’est pas seulement un slogan: Lightstream le met aussi en pratique.
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