Quatre organisations ont lancé à Anvers ‘AI for Youth’, un programme conçu pour préparer les jeunes à un avenir où l’IA jouera un rôle clé. Data News a assisté à la première leçon.
AI for Youth vise à mieux familiariser les jeunes de 10 à 15 ans avec les opportunités, mais aussi les dangers de l’intelligence artificielle. Cette initiative se concrétise par une série d’outils pédagogiques. L’un des initiateurs n’est autre que Digital for Youth, l’organisation qui, depuis plusieurs années, reconditionne des ordinateurs portables d’entreprise au profit d’enfants défavorisés. ‘Pour nous, l’IA représente une nouvelle fracture numérique que nous souhaitons combler’, déclare à Data News Hans de Backer de Digital for Youth. Son organisation à but non lucratif a collaboré avec des partenaires tels que Brightlab, qui crée ces outils pédagogiques, Digitale Wolven, qui dispense des cours d’informatique aux jeunes, et l’agence de marketing iO qui a lancé l’initiative AI for Youth.
L’idée sous-jacente est que l’IA est importante pour de nombreuses entreprises et, par conséquent, pour l’avenir professionnel des enfants. Selon le ‘Future of Jobs Report 2025’, 86 pour cent des employeurs prévoient que cette technologie transformera leur entreprise dans les années à venir. Mais tout le monde ne se sent pas suffisamment à l’aise avec l’IA que pour l’enseigner. ‘Tous les adultes ne sont pas convaincus. Les parents ont souvent le sentiment d’accuser du retard, ce qui fait que les enfants n’apprennent pas à la maison’, explique Barbara De Weyer de Digital for Youth, qui dirige le projet.
Zombies et code
Concrètement, l’initiative se compose d’une série de modules, allant des plus accessibles pour les plus jeunes aux plus techniques pour les plus grands. Au fil des leçons, les enfants découvrent l’IA, de préférence sous une nouvelle forme. ‘Nous souhaitons surtout montrer qu’il n’y a pas que ChatGPT’, explique Cindy Smits de l’organisation Digitale Wolven. ‘Les enfants utilisent déjà parfois l’IA en classe pour créer des images ou une chanson, entre autres, mais ici, ils découvrent aussi l’apprentissage automatique, par exemple.’
Et on peut prendre cela au pied de la lettre. Nous avons brièvement assisté au premier ‘test’ du programme, une leçon d’AI for Youth dans les locaux de Digital Wolven. Une classe de sixième de l’école Go! Freinet De kRing à Anvers apprend à un ordinateur la différence entre les zombies et les humains. Dans ce but, le programme utilise Teachable Machine, un modèle d’apprentissage automatique de Google à des fins éducatives, préprogrammé pour reconnaître des sons ou des images, par exemple.

En classe, les enfants présentent des cartes de personnages de dessins animés à la caméra et expliquent à l’ordinateur lequel est un humain et lequel est un zombie. A terme, l’intelligence artificielle doit maintenir la porte du château (en carton) fermée, lorsqu’un zombie apparaît, mais l’ouvrir automatiquement lorsque c’est un humain qui se présente. ‘Nous enseignons aux jeunes principalement la technologie en les faisant travailler dessus’, explique Tim Louagie, un collaborateur éducatif de Brightlab, qui dispense la leçon ici. ‘Il y a aussi un aspect éthique, car que faire des cas douteux? Nous voulons surtout qu’ils en fassent l’expérience.’ Ou, pour reprendre les mots d’un enfant: ‘Mais ce personnage a une cicatrice, cela va perturber l’ordinateur.’ Et à juste titre.
Fausses nouvelles
‘Nous voulons enseigner aux enfants les avantages de l’IA, notamment comment elle peut être utilisée pour détecter des maladies, mais aussi les rendre plus résilients face aux dangers’, explique Barbara De Weyer. ‘Il s’agit également de leur faire comprendre que de nombreuses photos sont truquées, ce que cette classe semblait déjà savoir. Lors d’un quiz, on leur a montré toute une série de photos, et ils ont dû indiquer si elles étaient truquées et pourquoi.’
Au cours de cette leçon, nous apprenons que la majorité des élèves ne croient pas que le Premier ministre Bart De Wever a aidé à pousser une voiture dans la Rue de la Loi (‘Il peut sûrement engager quelqu’un pour ce genre de chose’), et pourtant, il l’a fait. Ils reconnaissent cependant immédiatement la tristement célèbre photo truquée de l’ancien pape François en redingote (‘Il ne peut pas porter ce genre de chose, mais plutôt un élégant veston blanc’). Pendant le quiz, ils recherchent des doigts supplémentaires et discutent de l’existence de pores sur la peau et de l’impact d’ombres. En résumé, la morale est la suivante: ‘Ne croyez pas tout ce que vous voyez, soyez attentif aux détails et, en cas de doute, consultez une source fiable.’
Les modules d’apprentissage sont proposés gratuitement aux écoles et aux organisations de jeunesse et sont conçus pour être utilisés pendant et après les heures de cours. Brightlab, par exemple, prépare des programmes de formation des enseignants (‘train the teacher’), où les enseignants maîtrisent d’abord les modules, avant de les utiliser en classe. Outre des organisations comme Digitale Wolven, qui organise principalement des cours avec les écoles, Brightlab recherche également des partenaires actifs après les heures d’école, comme Link in de Kabel et l’UCL.