Luc Blyaert
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“Savez-vous ce que les syndicats me demandent à présent?”, déclare en fronçant les sourcils le directeur général de la filiale belge d’une entreprise IT internationale. Les syndicalistes d’entreprises allemandes comme Volkswagen, BMW ou Puma estiment que les employés, après leurs heures de travail ou le week-end, doivent eux-mêmes pouvoir choisir de consulter ou non leurs courriels et répondre aux messages. “L’on me demande de désactiver le serveur mail de l’entreprise le soir dès 19 h et de le réactiver le matin à 7 h. Et de l’arrêter le week-end.”
“Savez-vous ce que les syndicats me demandent à présent?”, déclare en fronçant les sourcils le directeur général de la filiale belge d’une entreprise IT internationale. Les syndicalistes d’entreprises allemandes comme Volkswagen, BMW ou Puma estiment que les employés, après leurs heures de travail ou le week-end, doivent eux-mêmes pouvoir choisir de consulter ou non leurs courriels et répondre aux messages. “L’on me demande de désactiver le serveur mail de l’entreprise le soir dès 19 h et de le réactiver le matin à 7 h. Et de l’arrêter le week-end.”
Si le patron d’entreprise prône, comme ses concurrents, d’être toujours et partout accessible pour ses clients, il est en effet complètement aberrant et incompréhensible que ses serveurs mail soient arrêtés en dehos des heures de travail. Et je n’évoque ici même pas les horaires flexibles, le travail à domicile, etc.
Le débat sur l’utilisation de l’e-mail n’est pas nouveau. Lorsque Thierry Breton, CEO d’Atos, lança, il y a 3 ans sa campagne ‘zero e-mail enterprise’, nombreux furent ceux qui se demandèrent s’il fallait assez aussi loin . Breton marqua quand même un point. Les managers et les employés sont en effet occupés 5 à 20 h par semaine à contrôler et à répondre aux courriels. Atos voulait abandonner complètement l’e-mail, mais cela sembla plus facile à dire qu’à faire. Elle a toutefois réussi à éviter 60 % des courriels grâce notamment au recours à des médias sociaux internes. Reste évidemment à savoir si la productivité s’en est trouvée améliorée. Personnellement, je trouve que l’analyse du retour sur investissement demeure toujours très vague.
L’e-mail reste à coup sûr un problème. Il fait partie nuit et jour de la vie des employés. Je reçois moi-même chaque jour entre 250 et 300 mails. Dans les files, le matin, j’en supprime déjà au moins 40. Le bouton ‘effacer’ est sans aucun doute ma touche la plus utilisée. Et puis vous avez un de ces ‘laisser pour compte’ qui vient vous dire: ‘Je vous ai envoyé un mail la semaine dernière, l’avez-vous reçu?’ Peut-être bien, les serveurs e-mail fonctionnent parfaitement, mais quant à dire si j’y ai accordé de l’attention? Combien de courriels reçus sont-ils vraiment importants? 5 %? 10 %? Si je ne vérifiais pas régulièrement mes courriels en journée, ainsi qu’après mes heures de travail, le week-end et en congé, je me retrouverais avec une énorme surcharge sur les bras.
Par ailleurs, j’observe que d’autres canaux intéressants s’imposent toujours plus, tels le chat sur Facebook, les messages directs sur Twitter et surtout LinkedIn, le carnet d’adresses e-mail par excellence. Outlook est encore le maître absolu, mais pour combien de temps encore? Finalement, ce qui compte, c’est d’avoir une communication aussi efficiente et aisée que possible. Et je suis persuadé que si vous travaillez dans une entreprise ou une équipe dans laquelle vous vous sentez bien et libre et où vous pouvez donner libre à cours à votre passion, vous et d’autres travailleurs se ficheront pas mal de l’idée de désactiver le serveur mail à une certaine heure. Tout comme celle de voir s’arrêter Facebook ou d’autres médias sociaux.
En tant que fils de syndicaliste, je trouve que les syndicats ont certainement leur place comme partenaires autour de la table des négociations, mais qu’ils doivent faire preuve de bon sens. Or demander que le serveur mail de leur entreprise soit désactivé, n’est pas sensé. Ce qui est raisonnable, c’est de libérer plus de temps pour que les employés se sentent mieux dans leur peau tant durant les heures de travail qu’en dehors de celles-ci.
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