‘Apple, la nouvelle Microsoft’
Alors que Microsoft accusa du retard des années durant avant de trouver enfin sa vision, c’est à présent au tour d’Apple: beaucoup d’argent, mais peu d’innovations.
Les réactions en disent long au lendemain de l’événement MacBook organisé par Apple: ‘Is Apple giving up on making great computers?, For crying out loud, Apple, just build a touchscreen Mac already et encore WTF Is Apple Thinking With the New MacBook Pro and Touch Bar? Pour ne citer que ces quelques exemples.
Il en est ainsi depuis assez longtemps chez Apple. Depuis que Steve Jobs n’est plus à sa tête, l’entreprise n’est quasiment plus innovante et se contente de se reposer sur sa bonne vieille vache à lait: l’iPhone. Notez qu’il en a été de même chez Microsoft, lorsque Bill Gates laissa son siège à Steve Ballmer: l’argent à court terme y a pris le pas sur l’innovation. Hier soir, Apple présenta la première mise à jour du MacBook Pro depuis quatre ans, mais rares étaient ceux qui manifestèrent leur enthousiasme.
Le principal changement au MacBook est cette fois l’ajout du ‘Touch Bar’: les touches de fonction (F1 jusqu’à F12 inclus) disparaissent. ”Nous ne les utiliserons plus” et ”la technologie date de 45 ans”, voilà comment on explique le changement chez Apple. En lieu et place, le Pro dispose en haut de son clavier d’un écran appelé Touch Bar.
Touch Bar
Le Touch Bar peut entre autres être utilisé pour internet. Quiconque se rend sur Safari, découvre dans l’écran les icônes des sites importants. Il est aussi possible d’y retoucher des photos par exemple, de sélectionner des émoticônes (emojis) et d’adapter le volume sonore et la luminosité de l’écran.
La grande question est de savoir quel problème est ainsi résolu? Le Touch Bar ne fait rien que ce que vous ne pouviez pas faire. Il engendre même un nouveau problème: à présent, la commande des touches de fonction se fait à l’aveugle car on les connaît par coeur, alors qu’avec le Touch Bar, leur répartition change en fonction de ce que l’utilisateur fait: si vous saisissez du texte, vous verrez ainsi par exemple apparaître des émoticônes, et si vous écoutez de la musique, vous pourrez ajuster le volume ou avancer. Mais cela était déjà possible avec les touches de fonction utilisables à l’aveugle. Or à présent, il faut regarder en bas pour chercher un bouton.
Apple crée des problèmes
Et ce n’est pas le seul problème qu’Apple crée avec son nouveau MacBook Pro, comme le fait observer Trent Lapinski sur Medium: “Pour augmenter encore la difficulté, le nouveau MacBook Pro à Touch Bar ne dispose pas de MagSafe, de port Display, de l’HDMI, du connecteur Micro SD ou de tout autre connecteur USB. Cela signifie que vous ne pourrez pas y brancher de clé USB et que vous ne pourrez pas recharger votre iPhone à partir de votre ordinateur portable sans câble supplémentaire, même si vous possédez l’iPhone 7.”
Le MacBook Pro dispose à présent de quatre connecteurs USB-c, ce qui fait que vous aurez toujours besoin d’un câble pour connecter écran, HDMI, votre téléphone ou autre.
Il va de soi que ce n’est pas là tout ce qu’Apple a fait. En interne, des choses ont été adaptées, comme la RAM qui a pris du coffre. Mais qui achèterait un nouvel ordinateur pour la cause?
Le Pro signifiait ‘Professional’
Pourquoi cela pose-t-il tant de problèmes à Apple que d’ajouter un écran tactile au MacBook Pro? L’écran tactile ajoute bien plus qu’une barre en haut de l’écran. Il fonctionne aussi de manière plus intuitive, à l’image d’un iPad par exemple.
Microsoft a eu l’intelligence de miser à différents niveaux sur un écran tactile, après avoir initialement manqué le bateau. L’entreprise sortit ainsi le Surface Pro, un ordinateur portable susceptible d’être dissocié du clavier et de se transformer en tablette.
Le Surface Pro a connu le succès sur le marché professionnel, et Microsoft a présenté ce mercredi d’autres ordinateurs à écran tactile.
Pour la première fois de son histoire, Microsoft a même conçu un desktop maison: le Surface Studio. Un ordinateur accueilli très positivement et avec lequel Microsoft mise sur le monde créatif. Sur les auteurs, les ‘professionals’.
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Il y a exactement un an, Microsoft avait déjà accompli un premier pas en présentant le Surface Book, un puissant ordinateur portable au magnifique design, qui fut bien vite comparé au MacBook d’Apple. La grande différence? L’écran peut être dissocié et est évidemment tactile. A l’époque, nous avions même osé prudemment poser la question suivante: Microsoft est-elle de nouveau cool?
Il apparait aujourd’hui que ce n’était pas, il y a un an, un ‘accident’ de la part de l’entreprise de Redmond. Depuis la nomination du CEO Satya Nadella, l’entreprise suit un cap créatif et fait de nouveau preuve de vision.
Sous le précédent CEO, Steve Ballmer, Microsoft était plus puissante que jamais au niveau financier: le chiffre d’affaires avait triplé à 78 milliards de dollars, et le bénéfice était passé de 9 à 22 milliards de dollars. A court terme, Ballmer s’en était donc superbement tiré. L’on ne pouvait en effet pas lui demander plus, mais à long terme, il lui manquait la vision, à en croire l’entrepreneur Steve Blank, sur VentureBeat.
Microsoft a manque cinq fois le bateau
Malgré les succès financiers, Ballmer est quand même parvenu à manquer le bateau à cinq reprises, lorsqu’il était CEO: il laissa les recherches à Google, les smartphones à Apple, les systèmes d’exploitation mobiles à Google et à Apple, les médias à Apple et à Netflix, et, enfin, le nuage à Amazon. Microsoft est entrée dans le 21ème siècle avec 95 pour cent de présence dans les systèmes d’exploitation (lorsqu’il n’existait encore quasiment que des desktops). Mais vinrent alors s’ajouter les systèmes d’exploitation mobiles, ce qui fait qu’avec la percée d’iOS et d’Android, le géant des logiciels n’était plus omniprésent.
Ballmer capitalisa sur les produits à succès d’antan et les perfectionna. Tout ce qui sortait de ces projets, n’a jamais fait l’objet d’une attention sérieuse, ce qui se traduisit par un manque d’innovation. En privilégiant le court terme et en manquant d’innovation et de vision, Microsoft perdit son âme.
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En 2014, Ballmer fut finalement mis à la retraite, et Satya Nadella prit le pouvoir. Nadella veilla à ce que l’entreprise se concentre sur le mobile et sur le nuage et sacrifia définitivement la branche de la téléphonie mobile. A présent, l’accent repose sur la réalité augmentée et sur l’intelligence artificielle. Il sait que la part de marché de Microsoft ne sera plus jamais ce qu’elle était au 20ème siècle, mais il a probablement réussi de manière pertinente à sauver l’entreprise.
Tim Cook et Steve Ballmer: même combat!
Sous Cook, Apple se trouve aujourd’hui dans une situation similaire à celle de Microsoft sous Ballmer. Depuis que Cook tient les rênes, le chiffre d’affaires a doublé pour s’établir à 200 milliards de dollars. Apple est l’entreprise la plus riche au monde, mais elle n’a depuis la nomination de Cook sorti qu’un seule nouveau produit: l’Apple Watch. Et même si la montre est leader du marché dans sa catégorie de produits, c’est tout ce marché qui s’effondre à présent. Chaque trimestre, l’on vend moins d’Apple Watch.
Il en était bien autrement sous Steve Jobs, où les révolutions s’enchaînaient. Les Apple Stores étaient innovants dans la vente au détail, iTunes bouleversa la distribution musicale, et l’App Store fit de même pour les applis mobiles. Entre-temps, l’on eut droit au lancement de l’iPod, de l’iPhone et de l’iPad.
L’entreprise accueillit de nouveaux clients et de nouveaux canaux de vente, ce qui lui permit d’enregistrer une hausse de son chiffre d’affaires et de son bénéfice. Cook continue, lui, de mettre l’accent sur l’iPhone, dont l’entreprise tire le plus de bénéfice, mais les autres produits reçoivent moins d’attention.
Toujours moins de remplacement
On peut malaisément prétendre que tout va mal chez Apple, mais il faudrait voir arriver de nouveaux produits pour rester au top. Suite au manque d’innovations, les ordinateurs sont toujours moins souvent remplacés. L’on n’en achète un nouveau que quand le précédent est en fin de vie. Et cela commence à gagner les smartphones, parce que les différences ne sont plus suffisamment grandes. Rares sont ceux en effet qui acceptent de payer chaque année un peu moins de 1.000 euros pour acquérir un appareil photo un tantinet meilleur ou un téléphone dépourvu de prise casque.
Après n’avoir rien changé pendant quatre ans au MacBook Pro, l’ajout du Touch Bar ne suffit pas. Il en faut plus pour garder la clientèle. Apple jouit certes d’une bonne réputation auprès de sa fidèle clientèle, ce qui fait que personne n’est pressé de s’en aller, mais il faut qu’il se passe quelque chose dans les années à venir. A commencer peut-être par le remplacement de la tête (pensante?).
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