Luc Blyaert
Amour-haine
“Fêtes de famille où chaque ado tapote sur les touches de son clavier. Cela a le don de m’exaspérer. Dans le même temps, je constate que je ne peux m’empêcher lors d’un temps mort de vérifier si je n’ai pas reçu de mail.
La situation ne vous est certainement pas étrangère. Au restaurant, il faut faire la leçon aux jeunes: pas de smartphone sur la table, sinon où est la convivialité? Soupir et incompréhension avant de remettre leur appareil dans la poche de leur pantalon. Idem lors de fêtes de famille où chaque ado tapote sur les touches de son clavier. Cela a le don de m’exaspérer. Profitez que diable, bougez-vous, sortez.
Dans le même temps, je constate que je ne peux m’empêcher lors d’un temps mort de vérifier si je n’ai pas reçu de mail, si je n’ai pas raté un tweet intéressant ou si une nouvelle de Facebook n’a pas échappé à mon attention. Le smartphone comme passe-temps. Dans une queue au grand magasin, j’avais l’habitude autrefois de feuilleter un magazine avant de le remettre dans le rayon – dans le meilleur des cas – lorsque mon tour arrivait. Aujourd’hui, je sors mon smartphone. A l’arrêt dans un bouchon? Pas de panique, je m’empare de mon mobile ultra-fin. Interdit, certes, mais cela donne l’impression d’être occupé.
Le matin, il m’arrive encore d’hésiter entre le journal et la tablette, entre le papier d’hier et l’écran numérique d’aujourd’hui. Le journal l’emporte encore souvent, mais pour combien de temps encore? La tablette est posé sur la table de chevet, à moitié ouverte, un coup d’oeil avant de prendre une douche. Et même avant de s’endormir, vite les dernières nouvelles. Souvent sans résultat. En vacances sans moyen de communication? L’horreur. Chaque jour, pas moins de 200 mails m’attendent, réclament mon attention, mais sont généralement effacés sans pitié. A mon avis, la touche Effacer du clavier doit être revêtue d’une couche spéciale ultra-résistante. Reconnaissez-vous ce signe de la civilisation? Eh oui, de la civilisation. Même s’il s’agit d’une civilisation corrompue. Sans doute les premiers groupes de résistance existent-ils déjà? De plus en plus, l’objet est banni, des restaurants, des réunions, des chambres à coucher, des églises aussi, des églises surtout. C’est une question de respect. Peut-être faudrait-il élargir ce concept à toutes les circonstances où des gens se rencontrent. La vie serait bien plus calme, plus agréable et qui sait plus intéressante.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici