5G: le gouvernement belge évince en grande partie Huawei et ZTE

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Pieterjan Van Leemputten

Le gouvernement va protéger l’infrastructure 5G critique de notre pays. Même si cela n’a pas été littéralement dit, cela signifie qu’Huawei et ZTE ne pourront contribuer que de manière retreinte aux réseaux 5G belges. C’est le modèle britannique qui est donc suivi.

Formellement, on apprend que le Conseil National de Sécurité a décidé de sécuriser la future infrastructure 5G, ce qui sous-entend des restrictions et des “conditions de sécurité strictes”, afin “d’éviter une utilisation indésirable”.

Renseignements pris auprès du cabinet du ministre des télécommunications De Backer, il apparaît clairement que la Belgique suivra dans la pratique la liste des distributeurs à haut risque dressée par la Commission européenne. Cela signifie que les fabricants télécoms chinois Huawei et ZTE ne pourront livrer que de manière limitée de l’équipement 5G à Proximus, Orange et Telenet/Base.

Concrètement, il en résulte que le duo ne pourra être actif au niveau du coeur des réseaux 5G et que chaque entreprise chinoise ne pourra proposer plus de 35 pour cent de l’infrastructure totale (tous opérateurs confondus). Les services de sécurité délimiteront certaines zones, où le duo sera exclu.

La Belgique semble ainsi suivre l’approche britannique. Fin 2019, la Grande-Bretagne avait autorisé partiellement Huawei à contribuer aux réseaux 5G, même si le premier ministre Boris Johnson entend à présent renforcer ces règles sous la pression de son parti.

Huawei n’a pas souhaité réagir de manière détaillée vis-à-vis de Data News. L’entreprise entend d’abord étudier en profondeur les nouvelles règles.

Pression américaine

En prenant une telle décision, notre pays paraît céder à la pression que les Etats-Unis exercent depuis des années déjà en vue d’exclure Huawei. Les Américains accusent Huawei de les espionner pour le compte des autorités chinoises. Lui permettre de fournir de l’équipement pour les réseaux 5G, c’est, selon les Etats-Unis, ouvrir la porte à une mise sur écoute.

Cette pression a encore augmenté ces dernières années sous le gouvernement Trump, même si beaucoup d’accusations semblent aussi liées à la guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine. Dans ce cadre, les Américains ont à plusieurs reprises laissé entendre qu’ils partageraient moins de renseignements avec les pays, où la communication s’effectue au moyen de l’équipement d’Huawei. L’année dernière encore, le ministre américain des affaires étrangère Mike Pompeo était venu en visite en Europe pour mettre en garde contre Huawei.

Pas la moindre preuve

Il nous faut ici apporter l’importante nuance, selon laquelle Huawei n’a jamais été prise en flagrant délit de mettre en oeuvre de telles pratiques et ce, alors que dans notre pays par exemple, mais aussi ailleurs, cela fait dix ans déjà qu’Huawei fournit d’importants éléments du réseau 4G.

A contrario, des preuves ont déjà démontré à plusieurs reprises que des firmes technologiques américaines ont déjà servi à des fins d’espionnage. Pensons ici notamment aux révélations d’Edward Snowden. Mais on a dans le passé déjà aussi trouvé des portes dérobées dans de l’équipement de Cisco et de Juniper. Prendre des mesures contre ces firmes technologiques américaines n’est pas à l’ordre du jour, affirme-t-on au cabinet de De Backer.

Update 15 heures:

Data News a aussi pris contact avec les trois grands opérateurs télécoms de notre pays, qui s’abstiennent provisoirement de tout commentaire. Tous trois attendent davantage d’informations des autorités pour savoir ce que la décision va concrètement signifier pour le déploiement de la 5G et pour le choix de leurs fournisseurs.

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