2016: une année sans la moindre innovation
Cette année a été celle de nombreux faits d’actualité choquants, mais le monde technologique, lui, ne s’est guère distingué par des nouvelles révolutionnaires, selon le journaliste de Data News, Wim Kopinga.
En septembre, je me trouvais à Berlin pour l’IFA, l’un des plus importants salons d’électronique à la consommation au monde. Lorsque je le quittai trois jours plus tard, une seule conclusion s’imposa à moi: rien de nouveau sous le soleil !
2016 a été l’année des attaques terroristes. D’une élection inquiétante. Du Sahara sous la neige. Ce fut aussi l’année marquée par une absence singulière: l’innovation. Car même The New York Times titrait début décembre: ‘The Gadget Apocalypse Is Upon Us’. La fin des gadgets, ou du produit physique, est proche.
2016: une année sans la moindre innovation
Ces 40 dernières années, l’on a vu apparaître annuellement des joujoux qui ont émerveillé nos yeux: du Walkman au Gameboy, de l’iPod au GoPro et au Fitbit. Mais rien de tout cela en 2016. Une entreprise telle GoPro éprouve des difficultés et pourrait disparaître l’an prochain, alors que Pebble, le pionnier de la montre intelligente, qui avait lancé il y a quelques années la campagne la plus fructueuse de l’histoire sur Kickstarter, vient d’être rachetée par Fitbit, ce qui se traduira par la fin de la marque.
Suite à l’arrivée du smartphone, le gadget individuel n’est plus nécessaire, et même l’iPhone a à présent atteint sa portée maximale. Certains produits typiques sur le marché sont entre-temps passés de vie à trépas, ce qui fait qu’actuellement, chaque appareil ressemble à un iPhone. Cette année, Apple s’est en outre rendu compte qu’il n’y a pour la première fois pas eu de croissance de ses ventes d’iPhone. L’explication est logique: le marché de substitution est en train de disparaître à cause d’un manque d’innovation. Pourquoi achèterait-on un nouvel appareil qui n’apporte quasiment rien de plus? C’est là un problème qui se manifeste depuis assez longtemps déjà sur le marché des desktops et même sur celui des tablettes.
L’innovation a été perdue de vue par bidouillage sous le capot moteur. A présent que le fondement de la plupart des appareils, tels l’ordinateur portable, l’ordinateur de bureau, la tablette et le smartphone en est à sa capacité maximale, c’est à leurs entrailles qu’on s’attaque. Ce qui fut significatif en 2016, c’est que des géants du software comme Microsoft et Google ont lancé des produits physiques sous leur propre marque. Elles fabriquent donc du matériel, afin de mieux fourguer leurs produits de base au consommateur. Après avoir préparé des années durant le Nexus de manière indirecte, Google a introduit en 2016 et pour la première fois sur le marché un smartphone sous sa propre marque, afin de commercialiser Android de façon optimale. Et après le Surface Book de l’année dernière, Microsoft a répété son opération avec le Surface Studio.
L’innovation a été perdue de vue par bidouillage sous le capot moteur
La fin du gadget physique a appauvri l’innovation. Il est à présent question d’ajouts certes utiles, mais une mise à jour logicielle, c’est quand même nettement moins agréable qu’un tout nouveau produit sortant des sentiers battus.
Trois pas en arrière
Des produits qui avaient marqué l’esprit par leur côté innovant ont même régressé cette année. Steve Jobs décéda il y a cinq ans et céda le relais à l’actuel CEO d’Apple, Tim Cook. Sous sa direction, l’entreprise ne s’est jamais aussi bien portée. Il a en effet réussi à amener sa valeur marchande et sa trésorerie à des hauteurs insoupçonnées et ce, sans introduire de nouveaux produits. En misant depuis des années sur l’iPhone, qui a été introduit en 2007, plus rien de neuf ne sort de Cupertino. En octobre, j’ai même été jusqu’à affirmer qu’Apple est la nouvelle Microsoft, puisque personne ne semble être heureux du nouveau MacBook Pro, et que l’iPhone n’arrive plus à étonner tout au long des années qui passent.
Après que Bill Gates ait confié son siège à Steve Ballmer, Microsoft était elle aussi devenue plus resplendissante que jamais. Ballmer avait certes judicieusement mené sa barque à court terme, mais à longue échéance, il lui manqua la vision. Il rata même cinq fois le bateau: il laissa les recherches à Google, les smartphones à Apple, les systèmes d’exploitation mobiles à Google et Apple, les médias à Apple et Netflix, et enfin le nuage à Amazon. Ballmer capitalisa en fait sur les histoires à succès écrites par Gates, en les perfectionnant. Mais en 2014, il fut mis à la retraite au profit de Satya Nadella. A présent, la vision à Redmond a pris un virage à 180 degrés en direction de l’avenir, ce qui manque encore et toujours à Apple.
Il est évident que tout n’a pas été sombre cette année. Il y eut en effet quelques solides exceptions.
2017 devrait être une année plus importante pour la réalité virtuelle.
VR
Les grandes marques ont lancé pour la première fois des casques-lunettes VR que les experts attendaient, mais ces produits, on les avait quand même vus arriver depuis des années déjà, et ils ne sont toujours pas ce qu’ils devraient être. Si vous ne possédez pas encore de HTC Vive, Oculus Rift ou PlayStation VR, vous ne ratez pas grand-chose. Une démo d’une demi-heure suffit pour savoir ce qu’on peut en attendre, mais l’expérience d’une vidéo ou d’un jeu à voir ABSOLUMENT n’est pas encore de ce monde. De plus, il y a encore le problème du prix. Le consommateur moyen ne va pas débourser mille euros pour un produit qui n’apporte pas grand-chose. 2017 devrait par conséquent être une année plus importante pour la réalité virtuelle.
Pour trouver des choses intéressantes cette année, il nous faut sortir de l’électronique à la consommation.
AR
La vogue de cet été a été Pokémon Go. Ce jeu a permis à pas mal de gens de faire connaissance avec la réalité augmentée (AR) – jusque là encore un pendant assez peu connu de la réalité virtuelle pour beaucoup. Grâce à une couche fictive recouvrant la réalité, des gens ont parcouru des kilomètres dans leur région pour trouver et collecter des Pokémon. Voilà un bel exemple de la manière dont une technologie de niche peut évoluer de quelque chose de simple à quelque chose de nettement plus grand. Nombre d’entreprises technologiques pensaient que l’AR allait progresser par le truchement d’appareils spécialisés. Or il a suffi d’une simple appli. Voilà justement pourquoi dans la journée suivant le lancement de Pokemon Go, on a vu éclater une vogue qui, par son aspect physique, a littéralement envahi tous les grands parcs urbains.
Mais les bonnes nouvelles et l’innovation sont cette année à mettre majoritairement au compte d’un seul homme. Un homme qui a principalement communiqué via Twitter pour expliquer ses nouveaux projets. Et non, il ne s’agit pas de Donald Trump, mais bien d’Elon Musk, qui fut sans aucun doute la personnalité de l’année sur le plan technologique.
L’année Musk
Il fut l’homme à l’origine des bonnes nouvelles. Celui qui a effectué des percées, qui a innové. Les entreprises dont il est responsable, ont crû et ont défrayé toujours positivement la chronique. SpaceX a ainsi réussi le tour de force de faire atterrir une fusée Falcon 9 sur Terre, ce qui permettra à l’avenir de rendre la conquête spatiale nettement plus abordable financièrement. Musk a aussi annoncé comment il comptait sauver l’humanité en colonisant la planète Mars. Avec son entreprise de construction de voitures électriques Tesla, il a racheté le fabricant de panneaux solaires SolarCity, pour pouvoir mieux exploiter encore l’énergie renouvelable. Musk a encore évoqué la voiture Tesla Model 3 abordable et a lancé la Model X sur le marché. Entre-temps, ses clients ont reçu une solide mise à jour logicielle permettant à leur voiture de rouler soudainement beaucoup plus vite et de disposer de nombreuses fonctions autonomes. Et cela ne fera que s’étoffer à l’avenir.
S’il n’en tient qu’à Musk, plus question de s’intéresser aux mini-progrès que représentent les gadgets. Alors qu’Apple a reculé de trois pas, Musk a effectué trois bonds en avant. Ces prochaines années, au diable les nouveaux gadgets car nous allons nous rendre sur Mars. Et qui sait si cela ne va pas vraiment nous plaire!
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