Les Allemands auraient également espionné des connexions internet belges
La sécurité d’Etat allemande BND aurait mis sur écoute 15 connexions data belges à la demande de la NSA. La sécurité d’Etat belge et l’IBPT mènent l’enquête.
La semaine dernière, le parlementaire autrichien Peter Pilz (Verts) annonçait que le service de renseignements allemand BND avait espionné des connexions de données et avait transmis les informations recueillies à la National Security Agency (NSA) américaine. Cette action avait pour cadre une opération de mise sur écoute appelée ‘Eikonal’, qui avait débuté en 2004 et qui n’avait été interrompue qu’en 2008.
Ce mardi, Pilz a, conjointement notamment avec le parlementaire belge Stefaan Van Hecke (Groen), dévoilé qu’il s’agirait en tout de 134 lignes dans 31 pays, dont la Belgique. Pour notre pays, il serait question de 15 connexions internet, dont 10 de Belgacom (à présent Proximus).
Van Hecke qualifie l’information de “choquante” et demande avec ses collègues écologistes des explications rapides: “Nous attendons une réaction ferme de notre gouvernement vis-à-vis de l’Allemagne. Actuellement, la néerlandaise KPN examine quels clients précisément auraient été les victimes de cet acte d’espionnage et j’attends de Proximus le même genre d’enquête.”
Chez Proximus, l’on déclare que la chose sera examinée “en profondeur”, mais l’on ajoute aussitôt brièvement: “Nous n’avons pas la moindre indication que ces pratiques de mise sur écoute aient bien eu lieu. Ceux qui ont évoqué cette affaire, peuvent nous fournir toute information utile. Pour l’instant, nous ne disposons pas des éléments requis pour réagir.”
Le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) a entre-temps fait savoir à MO* que la sécurité d’Etat a lancé une enquête “en vue de vérifier si et dans quelle mesure des cibles belges ont réellement fait l’objet de ces prétendues activités d’espionnage.”
Précédemment, le ministre en charge de l’Agenda Numérique et des Télécoms Alexander De Croo (Open Vld) avait indiqué avoir demandé au régulateur télécom, l’IBPT, d’entamer également une enquête.
Selon la porte-parole de Koen Geens, des mesures adéquates seront prises sur base des résultats obtenus.
“Nous pouvons espionner les Belges“
Le journal De Tijd a entre-temps découvert que les Allemands estiment avoir le droit d’intercepter le trafic des communications des Belges. Un ex-juriste du service de renseignements allemand BND aurait tenu ces propos en aparté au Parlement allemand.
“Supposons qu’un Français téléphone à quelqu’un en Belgique. Le BND peut-il intercepter cette communication?”, avait demandé le politicien allemand Konstantin von Notz le 27 novembre 2014 à l’ex-juriste du BND Stefan Burbaum. Sa réponse? ‘Bien sûr.'”
Voilà ce qui ressort de comptes-rendus de séances d’audition qui se sont tenues derrière des portes closes au Parlement allemand, mais qui ont été dévoilés il y a deux semaines par le site web dénonciateur Wikileaks.
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