Le chief imperfect officer

Luc Blyaert était rédacteur en chef de Data News

Dites-moi: y a-t-il une fonction dans toute l’entreprise qui soit soumise à plus forte pression que celle de chief information officer, le CIO?

Dites-moi: y a-t-il une fonction dans toute l’entreprise qui soit soumise à plus forte pression que celle de chief information officer, le CIO?

La fonction à la fois la plus harcelée, la plus recherchée, la plus sous-estimée, parfois même la plus surestimée dans l’entreprise. Ce même CIO occupe cependant une position trop confortable. Il ne parle pas suffisamment avec ses clients internes. Qui plus est, il ne parle même pas la même langue et n’est donc pas compris. Le CIO ne sait pas ce que font les véritables clients de l’entreprise. Il doit sortir davantage. Mais cela lui est interdit, car il ne peut plus accepter d’invitations pour une rencontre de football ou un voyage à l’étranger.

Le CIO doit parler plus avec le chief marketing officer de son entreprise. Le marketing déplace en effet ses budgets du stade des publicités imprimées pures vers celui des solutions toujours plus numériques sur les médias sociaux, tablettes, smartphones et autres appareils numériques,… et reçoit donc un budget IT plus important que celui du CIO lui-même. Le chief information officer doit s’assurer que les solutions BI et ERP tournent bien, que les serveurs soient opérationnels et que l’information soit disponible en permanence. Est-ce là réellement le travail le plus excitant de l’entreprise? En même temps, il doit siéger au sein du comité directorial, co-décider de la stratégie de l’entreprise. Pire encore, il doit… envier le top-job du CEO.

Il est très bien placé, selon certains consultants. Entre-temps, tout le monde vient lui tirer la manche pour connecter l’iPad au réseau de l’entreprise et synchroniser les centaines de smartphones. Vous n’allez quand même pas me dire que ce n’est pas possible? Mais sécurité oblige, il faut trouver une solution pour des systèmes étanches et empêcher les pirates d’entrer. Le CEO doit aussi faire preuve d’emphase, être une figure de proue, un motivateur, un chef de file. Et il doit visiter les écoles et université pour inciter les jeunes à choisir l’IT. Il n’y a personne qui soit aussi submergé d’enquêtes que lui. Il est voué à être toujours le… chief imperfect officer. Et c’est précisément pourquoi nous voulons lui rendre hommage avec les titres d’ICT-manager de l’année et de CIO de l’année. Chapeau bas pour le plus important poste multitâche de l’entreprise.

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