De jeunes entreprises belges en prospection dans la Silicon Valley chinoise

© Shenzhen
Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

Quelque 30 startups et entreprises belges font cette semaine connaissance avec le nirvana technologique chinois: Shenzhen. Le vice-président et ministre de l’économie wallon Jean-Claude Marcourt (PS) saisit cette occasion pour nouer des liens avec la scène technologique locale.

Ce que la Silicon Valley représente pour le software, la méga-cité chinoise Shenzhen en est le pendant pour tout ce qui concerne le hardware. Quelque 30.000 entreprises technologiques se sont établies dans et autour de la métropole. Conjointement, elles atteignent une valeur de pas moins de 240 milliards de dollars. ZTE, le géant internet Tencent, le constructeur automobile BYD et le spécialiste en biotechnologie BGI notamment ont vu le jour dans ce qui n’était encore, il y a quelque 30 ans, qu’un petit village de pêcheurs dans les environs de Hong Kong.

La 17ème édition du China Hi-Tech Fair, l’un des salons technologiques les plus vastes et les plus influents du pays (avec quelque 30.000 stands et 500.000 visiteurs), est organisée cette semaine à Shenzhen. Ce salon prend un petit accent belge cette année, puisque tant l’agence wallonne à l’exportation Awex (en collaboration avec l’Agence Du Numérique) que l’agence bruxelloise de commerce extérieur (Brussels Invest & Export) ont profité de cet événement pour mettre sur pied une mission économique à Shenzhen.

Le vice-président et ministre de l’économie wallon Jean-Claude Marcourt (PS), qui accompagne la mission wallonne, tisse aussi des liens avec la scène technologique locale et a signé ce lundi à Shenzhen un accord de collaboration avec l’association de l’industrie technologique de Shenzhen, ainsi qu’avec l’incubateur local Innopark.

L’objectif est notamment de faciliter l’échange d’informations d’ordre technologique entre les deux régions et de procéder à de l’incubation croisée. En outre, l’accord a également comme but de permettre d’une part aux entreprises belges de faire des affaires de manière plus facile dans la ‘Silicon Valley chinoise’, et d’autre part aux petites entreprises chinoises de s’établir plus aisément dans nos contrées.

L’Awex et Brussels Invest & Export disposent du reste d’un stand propre à Hi-Tech Fair (l’agence wallonne à l’exportation est présente au salon depuis 15 années déjà), mais les jeunes entreprises qui sont du voyage, répondent surtout présent afin de se livrer à de la prospection et de rechercher des partenaires hardware intéressants (comprenez: bon marché), plutôt que de vouloir être actives sur le marché chinois.

Du reste, c’est la première fois que l’Awex, l’Agence Du Numérique, Digital Wallonia et le cabinet Marcourt organisent une mission commerciale économique officielle de cette importance dans le nirvana technologique chinois. La délégation se compose d’une vingtaine de jeunes entreprises et d’organisations de support. Nous avons demandé à quelques starters pourquoi ils trouvent si important d’être présents:

Slide ‘N Joy:

– Il s’agit d’une jeune entreprise de Charleroi qui permet d’associer deux écrans supplémentaires à un ordinateur portable. La startup a réussi en l’espace d’1 mois de récolter 600.000 euros via Kickstarter, et elle a aujourd’hui déjà obtenu des commandes pour un montant de quasiment 1,3 million d’euros.

– “Nous avons été contactés par Kicksgogo, une plate-forme chinoise de financement participatif (crowdfunding) qui attire en Chine des projets fructueux sur Kickstarter”, explique Thomas Castro, co-fondateur de Slide ‘N Joy. “Même le géant du e-commerce Alibaba s’est déjà intéressé à nous. Voilà pourquoi cela vaut la peine d’être présent ici.”

– “En outre, nous venons prendre la température à Shenzhen et voulons apprendre comment adapter notre communication à la mode chinoise”, ajoute l’autre co-fondateur, Charlee Jeunehomme. “Il est évidemment intéressant de se rendre compte de l’état d’avancement des Chinois au niveau de leur technologie des écrans. Nous aussi, nous devons accomplir le pas suivant avec notre produit, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a ici pas mal de sources d’inspiration.”

Disruptive Digital Studio

– Il s’agit d’une jeune entreprise wallonne qui simplifie l’interaction entre les consommateurs et les marques (et surtout l’améliore) à l’aide de la technologie 3D et de la réalité augmentée (en combinaison avec une appli pour smartphone).

– “Nous utilisons pas mal de matériel pour nos produits IoT (Internet of Things)”, explique le CEO Laurent Silan. “Et nous recherchons donc en fait constamment des partenaires chinois. Les choses que l’on trouve ici, ne se trouvent nulle part ailleurs.”

Bright Business:

– Il s’agit d’un spécialiste du marketing qui développe des cartes et des brochures imprimées (incorporant des écrans vidéo) à des fins promotionnelles d’abord.

– “Tous les composants technologiques que nous utilisons pour nos brochures, proviennent de Chine”, suggère le directeur général Laurent Salverius. “Il est évidemment question de trouver les partenaires adéquats, ce qui n’est pas toujours évident. Parfois, cela marche et parfois pas. Les références sont importantes, tout autant que la flexibilité. Voulons-nous devenir actifs sur le marché chinois? Non. Mais comme nous souhaitons étendre encore notre gamme, et que nos produits sont toujours plus connectés, nous venons ici chercher de l’inspiration, ainsi que des composants bon marché, mais de qualité.”

Microsys

– Il s’agit d’un laboratoire de l’université de Liège, qui met au point des capteurs économes en énergie (notamment sur base de l’énergie solaire, mais aussi des mouvements) capables de communiquer avec le nuage (cloud).

– “Pour nous, ce salon et cette mission sont importants du fait que nous sommes en train d’exa-miner comment nous pouvons nous positionner dans des secteurs comme la domotique, la logistique et le sport”, nous explique Philippe Laurent. “C’est la première fois que je visite la Chine. Pour un labo qui s’occupe de hardware, Shenzhen s’avère évidemment fantastique, mais je me pose quand même des questions à propos de la propriété intellectuelle. L’on voit ici partout énormément de contrefaçon. Cela mérite réflexion.”

Teriome:

– Il s’agit d’une startup qui développe des serres de plantes connectés. A l’aide de capteurs, les produits Teriome tiennent à jour la température et le degré d’humidité de la terre notamment et analysent ces données dans le nuage.

– “Nous sommes ici également pour du matériel (bon marché) et pas pour conquérir le marché chinois”, insiste Hakan Aydogdu. “Il va de soi qu’il est dans ce cas malaisé de choisir les partenaires ad hoc, parce qu’il y en a tellement. L’avantage d’une mission comme celle-ci, c’est que les gens de l’Awex connaissent ce marché et qu’ils peuvent nous mettre en contact avec les fournisseurs appropriés. Ils ont les contacts, mais il convient quand même de rester prudent.”

Thelis Engineering

– Il s’agit d’un spécialiste en solutions combinant hardware et software, notamment dans les domaines de l’intelligence distribuée et des systèmes intégrés (embedded systems).

– “Nos composants proviennent de Chine pour la simple raison que c’est ici qu’ils sont les meilleur marché”, affirme en riant le directeur général Frédéric Peters. “Les distributeurs européens de matériel chinois prennent une trop grande marge. Il est donc préférable de se rendre compte sur place et de nouer soi-même des contacts.”

– “Il va de soi que ce salon et la ville de Shenzhen sont aussi importants pour les gens qui cherchent de l’inspiration et veulent apprendre à connaître de nouvelles technologies”, ajoute-t-il encore. “Une objection peut-être: de par mon expérience, je constate que la qualité des produits taïwanais est souvent meilleure que celle des chinois. Il y a ici beaucoup de bonne volonté, mais la qualité reste primordiale.”

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