Marcourt: “Présenter en Chine la Wallonie en tant que région high-tech”
Le vice-président et ministre de l’économie wallon Jean-Claude Marcourt (PS) est en train de tisser des liens avec la métropole chinoise Shenzhen et avec la capitale taïwanaise Taipei. “Shenzhen et Taipei se positionnent comme d’importantes zones technologiques, mais en Wallonie, il nous faut jouer aussi la carte numérique”, affirme-t-il.
Un accord de collaboration passé avec l’association de l’industrie technologique de Shenzhen (Chine), une ‘Belgium-Taiwan business conference’ spécialement organisée à Taipei (Taïwan), une réaffirmation des accords signés avec le véhicule d’investissement Shenzhen Investment Holdings et, cerise sur le gâteau, un partenariat étendu conclu entre les universités de Shenzhen et de Liège (par lequel des étudiants chinois pourront décrocher notamment un diplôme de bachelier dans la cité ardente): Jean-Claude Marcourt s’évertue à approfondir les liens entre la région wallonne et Shenzhen, mais aussi Taipei.
Le vice-président et ministre de l’économie et de l’innovation wallon se trouve cette semaine en mission économique avec une vingtaine de jeunes pousses, d’entreprises technologiques et d’organisations de supports wallonnes à Shenzhen et Taipei. L”ICT guided tour’, qui est organisé par l’agence wallonne à l’exportation Awex et l’Agence Du Numérique, s’inscrit dans le ‘Plan du Numérique’ wallon, que la région vient de lancer dans le cadre de la révolution numérique qui bouleverse actuellement notre économie.
“Avec l’Awex, nous avions déjà organisé une mission dans la Silicon Valley et au Canada. Cette semaine, c’est au tour de Shenzhen et de Taipei”, explique Marcourt à Data News en Chine. “Plus que la fabrique du monde, Shenzhen est une ville jeune qui entend se distinguer en tant que La Mecque du hardware. La dynamique qui s’en dégage, fait à coup sûr penser à la Silicon Valley. De son côté, Taïwan est connu depuis assez longtemps déjà pour sa technologie. HTC, Acer, Asus, Foxconn: ce sont là tous des noms en vue au pays de la technologie.”
Et Marcourt de poursuivre: “Entre-temps, nombre d’Américains, de Britanniques et de Français y sont déjà actifs. Toutes les régions du monde y sont représentées. Il est donc essentiel que nous démontrions à nos jeunes entreprises combien la Chine peut être importante pour elles.”
Autorité
“Pourquoi voulons-nous tenter de maintenir ce genre de liens étroits avec Shenzhen et Taipei? Parce que la Wallonie elle aussi doit se profiler davantage en tant que région high-tech. Tout le monde connaît Bruxelles, et la Flandre possède le deuxième plus grand port d’Europe, mais la Wallonie ne fait pas assez autorité. C’est cela que nous voulons changer.”
“Les partenariats conclus avec les institutions de Shenzhen et notre ‘business forum’ à Taipei devraient mieux nous faire connaître. La région wallonne possède aussi pas mal d’atouts. Du point de vue géographique, nous sommes idéalement placés, nous avons de l’espace à offrir, et un écosystème technologique ouvert et intéressant est né dans nos contrées, où des entreprises étrangères peuvent se développer dans les meilleures conditions.”
“Aujourd’hui, la plupart des étudiants chinois qui arrivent en Belgique, se tournent vers la KUL, alors que notre enseignement est également d’excellente qualité. Ce message, nous devons dans l’urgence mieux le faire passer au monde extérieur. Nous ne pouvons peut-etre pas devenir un leader mondial en technologie, mais nous pouvons très bien nous ériger en alternative qualitative et abordable pour les investisseurs potentiels.”
Propriété intellectuelle
Du reste, la région wallonne tente depuis quelque temps déjà de se distinguer auprès des entreprises et institutions publiques chinoises. A Louvain-la-Neuve, l’on a même prévu un incubateur offrant de l’emploi à pas moins de 800 employés chinois. Ne craignez-vous pas que les Chinois viennent surtout chez nous pour y voler notre propriété intellectuelle?
“Nous organisons continuellement des conférences, parce que nos entreprises se protègent trop peu”, insiste Marcourt. “Il y a certainement un problème de sécurité de l’ICT dans nos entreprises. Et il va de soi que les Chinois viennent en Belgique d’abord et avant tout pour défendre leurs intérêts, à leur manière et avec leur propre culture.”
“Mais aujourd’hui, la croissance économique va de pair avec le commerce international. L’on peut faire valoir des objections, mais il convient de jouer le jeu. Puis-je changer les règles du jeu? Non. Vivons-nous dans un monde idéal? Non. Mon intention est-elle de prendre part au jeu? Oui. C’est mon côté pragmatique. L’on ne peut pas non plus faire barrage aux Chinois. Ce n’est quand même pas parce que quelqu’un se trouve à quelques mètres de distance qu’il ou elle est dangereux(se) ou intrusif(ve), n’est-ce pas?”
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