‘En 9 mois, Uber a essuyé une perte de 2,2 milliards de dollars’

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Wim Kopinga Redacteur DataNews.be

L’entreprise de taxis internet Uber a enregistré au troisième trimestre plus de 800 millions de dollars de perte, comme l’indique l’agence de presse Bloomberg. La perte cumulée de l’année pourrait s’établir ainsi à trois milliards de dollars, alors que la firme avait déjà essuyé une perte de 2 milliards de dollars l’année dernière.

Uber n’est pas cotée en Bourse et n’est de ce fait pas tenue de citer publiquement ses chiffres, mais elle a néanmoins présenté ses résultats à ses investisseurs. Selon Bloomberg, Uber enregistrerait même des pertes aux Etats-Unis. Alors qu’elle avait encore réussi à réaliser un petit bénéfice au cours des trois premiers mois de son exercice, elle a essuyé au deuxième trimestre une perte de pas moins de 100 millions de dollars qui n’a fait que croître au troisième trimestre, annonce Belga.

Le chiffre d’affaires de l’entreprise serait par contre en hausse à 5,5 milliards de dollars cette année, selon les sources de Bloomberg. Entre-temps, l’entreprise de San Francisco est évaluée à 69 milliards de dollars – plus que General Motors et Twitter ensemble.

Une partie de la perte serait due au départ d’Uber de Chine. Après avoir conclu un accord avec son concurrent local Didi Chuxing, Uber quitta le pays en échange de 17,5 pour cent de l’entreprise chinoise. Didi Chuxing a aussi investi 1 milliard de dollars dans le service de taxi, mais cet argent ne figure pas encore dans les résultats du trimestre écoulé. En outre, l’entreprise aurait consenti de lourds investissements dans l’engagement de nouveaux chauffeurs, la mise en oeuvre du service de livraison UberEats et la recherche dans le domaine des voitures autonomes.

Les chauffeurs français d’Uber menacent d’installer des barrages

Aujourd’hui, les chauffeurs de taxi français exigent une augmentation de la part d’Uber. Nombre de chauffeurs travaillant pour Uber sont membres de syndicats traditionnellement assez puissants en France. Ils veulent que le service de taxi augmente les prix ou prélève une partie inférieure des recettes, sous peine qu’ils installent des barrages. Début décembre, les prix des courses Uber avaient déjà grimpé de 15 pour cent, mais l’entreprise augmenta immédiatement la partie qu’elle s’octroie elle-même. Les chauffeurs en France rétrocèdent actuellement 25 pour cent du prix de la course contre 20 pour cent précédemment.

Faux départ

Un test de voitures autonomes qui avait débuté la semaine dernière, ne s’est pas non plus déroulé comme prévu. Plusieurs heures après le démarrage du test à San Francisco, l’état de Californie a intimé l’entreprise de tout arrêter. Avant de mettre en circulation ses voitures autonomes, elle n’avait en effet pas demandé une autorisation de rouler sur la voie publique auprès des autorités. Cette autorisation coûte 150 dollars, mais Uber a refusé par principe.

Selon l’entreprise, ses voitures autonomes ne répondent pas à la définition légale utilisée par l’état. Ses voitures seraient en effet comparables à l’Autopilot de Tesla, qui ne tombe pas non plus sous le coup de la définition des véhicules autonomes. Comme il y a toujours quelqu’un à la place du conducteur pour accompagner le trajet, l’entreprise devrait être exemptée de demander une autorisation pour ses voitures autonomes.

Mais il existe des différences avec le constructeur de voitures électriques Tesla, qui dispose par ailleurs bien des autorisations requises par l’état de Californie. Chez Tesla, l’Autopilot est actuellement encore une assistance pour le chauffeur. Ce dernier reçoit des avertissements, lorsqu’il laisse trop longtemps ses mains en dehors du volant. Et la voiture s’immobilise, si le chauffeur ne réagit pas assez rapidement aux injonctions. Le système d’Uber ne dispose pour sa part pas de ce genre de fonctions. Le système semble de toute façon être moins sophistiqué que l’Autopilot de Musk et consorts.

Pistes cyclables et feux rouges

Lorsqu’Uber mit la semaine dernière en circulation ses voitures autonomes, des observateurs ont constaté que plusieurs d’entre elles négligeaient les feux rouges et se livraient à d’autres infractions routières encore. Uber les qualifia d”erreurs humaines’, mais elle a quand même dû admettre hier que son système autonome était encore faillible. Un porte-parole expliqua au journal The Guardian qu’il y avait un ‘problème’ avec la façon dont les voitures autonomes débordent sur les pistes cyclables. Certes, la voiture s’y livre au tout dernier moment, mais selon la loi locale, une voiture doit déboîter de la piste cyclable, avant de prendre une sortie, afin d’éviter tout accident avec un cycliste allant tout droit. De la manière dont cela se passe avec les voitures d’Uber, surtout dans une ville aussi peuplée que San Francisco, où il y a beaucoup de cyclistes, cela pourrait rapidement avoir de lourdes conséquences.

Aucun souci

Il se pose quand même la question de savoir si tout cela ne va pas faire passer des nuits blanches au CEO d’Uber, Travis Kalanick. C’est que l’entreprise se moque assez souvent des règles en vigueur de par le monde, tout en s’en tirant provisoirement sans trop de casse. Au niveau financier, le CEO n’a pas non plus beaucoup de soucis à se faire. Du fait qu’Uber est très appréciée par les investisseurs, la firme dispose encore d’un trésor de guerre de 13 milliards de dollars. Elle peut donc se permettre de passer encore l’une ou l’autre année du même acabit. Autrement, Kalanick pourrait encore et toujours aller serrer la main de tel ou tel généreux investisseur.

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