Carmina Coenen

Egalité entre les sexes dans le secteur technologique? Il est temps que cela change!

Carmina Coenen Director Solution Engineering chez Salesforce

Cette année, le thème de la Journée Internationale de la Femme est: #BeBoldForChange. On n’aurait du reste pas pu en trouver un meilleur. Je crois en effet qu’il est extrêmement important qu’on défende ce en quoi on croit. Selon moi, c’est la seule façon de mettre en oeuvre un changement durable. Pour beaucoup de femmes, cela revient souvent dans le secteur technologique à militer pour l’égalité et pour bénéficier des mêmes opportunités que les hommes sur le lieu de travail.

Selon un rapport du World Economic Forum de l’année dernière, l’écart salarial entre les sexes ne sera comblé qu’en… 2186. A moins que tous ensemble – hommes et femmes -, nous nous unissions pour que cela se fasse le plus tôt possible. Nous assumons une grande responsabilité dans le secteur technologique car nous n’y avons pas encore atteint – loin s’en faut! – l’égalité homme-femme. Selon Deloitte, dans les pays développés, moins de 25 pour cent des emplois IT sont occupés par des femmes. Une autre étude, britannique celle-là, a démontré que 37 pour cent des femmes dans le secteur technologique ont déjà manqué une promotion du simple fait d’appartenir à la gent féminine.

Pourquoi est-ce important?

Indépendamment de l’évidence que l’aspiration à une égalité entre les sexes soit simplement juste, un manque de diversité peut jeter une énorme hypothèque sur la croissance et le bien-être du secteur technologique. D’ici 2020, rien qu’en Grande-Bretagne, 750.000 nouveaux emplois numériques seront créés, mais chez nous aussi, on attend des dizaines de milliers de places vacantes numériques au minimum. Il faut donc veiller à disposer d’ici là du talent voulu pour pourvoir à ces postes. Ce défi est d’autant plus grand que la moitié de la population est significativement sous-représentée!

37 pour cent des femmes dans le secteur technologique ont déjà manqué une promotion du simple fait d’appartenir à la gent féminine.

Mais ce problème dépasse évidemment le seul secteur technologique. Si on ne réussit pas à créer un pipeline de talent durable, il n’y a pas que notre secteur qui en subira les conséquences. Les effets se feront sentir dans chaque domaine au vu de l’importance de la technologie pour les secteurs économiques: dans l’UE, l’économie internet représente dès à présent en moyenne 5 pour cent du PIB.

Outre les places vacantes à pourvoir, il y a également d’autres dangers: c’est ainsi qu’un manque de diversité peut aussi impacter sérieusement l’innovation d’une entreprise et ses résultats en général. Une étude a démontré que les entreprises ayant au moins trente pour cent de femmes au sein de leur haute direction atteignent en moyenne 6 pour cent de marge bénéficiaire nette en plus. Et ce n’est qu’une des nombreuses études qui prouvent que la diversité dans le personnel d’une entreprise génère plus de succès.

Que peut-on faire?

Entreprendre une action ‘Bold’, comme le suggère le hashtag, peut avoir un effet intimidant. Mais en réalité, cela ne doit pas représenter un tellement grand pas pour chacun de nous séparément. C’est ainsi que tout un chacun peut faire le nécessaire pour servir de mentor du talent féminin. Moi-même je suis actuellement mentor de deux femmes et j’échange régulièrement mes expériences avec des femmes d’autres filiales de Salesforce. A dire vrai, je pense qu’on en tire toutes du profit. Nos conversations me poussent continuellement à examiner d’autres perspectives. Voilà pourquoi je fonde beaucoup d’espoir dans l’opération de jumelage conçu par la KU Leuven, à laquelle je me suis évidemment inscrite.

Il est aussi important que la haute direction adopte une position claire en matière d’égalité des sexes. Si on veut vraiment effectuer des changements, il faut commencer par le haut. L’égalité des sexes nous concerne tous et toutes. Et je crois fermement que tant les hommes que les femmes doivent faire le nécessaire pour y arriver. Si des dirigeants masculins se préoccupent de ce thème, cela peut en inciter d’autres à faire entendre aussi leur voix et à prendre les mesures qui s’imposent.

Il est important que nous parlions de nos carrières avec les jeunes et que nous encouragions surtout les filles à suivre leur passion pour les domaines STEM

Chacun de nous dans le secteur technologique peut aussi influencer la jeunesse. Le stéréotype, selon lequel la technologie est un bastion essentiellement masculin voire macho, est encore et toujours bien ancré. Il est par conséquent d’autant plus important que nous parlions de nos carrières avec les jeunes et que nous encouragions surtout les filles à suivre leur passion pour les domaines STEM (science, technology, engineering & mathematics). On peut aussi aider en soutenant des organisations non marchandes qui favorisent le talent technologique féminin, comme le Digital Leadership Institute, un organisme mondial, dont le siège se trouve à Bruxelles, qui organise des activités à différents niveaux (formations, campagnes de conscientisation, support d’entrepreneurs,…) en vue d’attirer plus de femmes et de jeunes filles dans le secteur technologique. Ou vous pouvez, comme moi, aider à organiser le Girl Tech Fest le 29 avril prochain à Bruxelles, où nous espérons convaincre des centaines de jeunes filles à envisager une formation et une carrière dans le secteur technologique.

Au niveau des entreprises, il est essentiel également que des règles et des procédures soient mises en oeuvre pour garantir l’égalité. Chez Salesforce par exemple, on a effectué en 2016 un audit dans toute l’entreprise à propos de l’égalité des salaires, après quoi quasiment trois millions de dollars ont été consacrés à réduire les différences salariales statistiquement significatives. On continue inlassablement à vouloir atteindre des salaires égaux dans toute l’organisation, à tel point que cela fait partie à présent de notre ADN.

On doit aussi oeuvrer à prévoir des opportunités de carrière pour tout un chacun. Chez Salesforce, on y parvient notamment en introduisant des processus qui veillent à une représentation équitable des deux sexes. On aspire à ce que pour chaque sexe, il y ait toujours au moins un tiers qui soit présent à chaque ‘executive management meeting’ et qui prenne la parole aux événements importants pour la clientèle et ce, en conformité avec le pourcentage de femmes au sein de notre personnel.

La Journée Internationale de la Femme est une manière idéale de rappeler à tout un chacun – hommes et femmes – que l’inégalité entre les sexes nous impacte tous. J’espère qu’elle servira aussi de catalyseur, pour inciter le plus de monde possible dans le secteur technologique à passer à l’action concrète: mentorat, conférences sur l’importance du sujet, voire contributions à des adaptations à la politique de l’entreprise. Plus il y aura de personnes qui s’intéresseront à cette question, plus vite on arrivera à supprimer l’inégalité.

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