“Cette satanée montagne”

5895 mètres. Telle est la hauteur du Kilimandjaro en Tanzanie, le point culminant du continent africain et l’une des montagnes les plus connues au monde. Lors de l’ascension de ce sommet, le moindre effort demande une débauche d’énergie et les émotions sont difficiles à contenir. “Plus jamais”, s’est dit Willem Vandenameele, l’un des neuf responsables ICT qui ont relevé le défi de la Data News ICT Expedition 2006.

L’expédition a débuté le samedi 11 février. L’équipe de la Data News ICT Expedition 2006 se composait de 17 participants: l’initiateur Wim Bosmans d’Uptime (groupe Cronos), plusieurs représentants des sponsors, quelques partenaires et – last but not least – neuf managers ICT (lire fin de cet article). Ambition de l’expédition: vaincre le point culminant de l’Afrique, l’Uhuru Peak sur le Kilimandjaro (l’un des ‘Seven Summits’).Avec cette initiative étonnante, Wim Bosmans voulait lancer un signal clair au monde de l’informatique et des communications. Dans ce secteur, le networking peut également se faire de manière originale et pas nécessairement à une table chic ou dans le cadre d’un séminaire classique.Différents itinéraires d’ascension mènent au sommet de la ‘Montagne blanche’. L’ICT Expedition 2006 a opté pour la route Machame-Mweka (pas une sinécure), un trekking de six jours.Le moment fort de l’aventure est l’ascension finale depuis le camp de base Barafu Hut (4.600 m) jusqu’au Stella Point, le bord du cratère du massif volcanique (5.700 m) et finalement l’Uhuru Peak (5.895 m).L’expédition a atteint Barafu Hut à la fin de l’après-midi du 4e jour du trekking, après une longue et rude journée d’escalade et d’ascension. Ce matin-là, l’altitude avait fait sa première victime au sein du groupe et avait contraint Reinoud Reynders, directeur informatique de l’Hôpital Universitaire de Louvain, d’abandonner l’expédition .Sans pitiéMais Barafu a également fait des victimes. Deux autres membres de l’expédition (dont votre serviteur) ont été vaincus par la haute altitude et ont dû renoncer à l’ascension finale. A cette altitude, la montagne est sans pitié. Chaque année, des touristes et des porteurs perdent la vie parce qu’ils n’écoutent pas les signaux de leur corps. Le mal de l’altitude (qui peut survenir lors d’un long séjour à haute altitude à partir de 3.000 m) peut provoquer des maux de tête et des nausées sous sa forme ‘douce’, mais il peut évoluer jusqu’à des affections mortelles comme un oedème pulmonaire (liquide dans les poumons) et un oedème cérébral (gonflement du cerveau).Peu après notre arrivée à Barafu, nous avons vu comment des porteurs redescendaient à la hâte un touriste inanimé sur un brancard de fortune. Le Kilimandjaro punit impitoyablement les velléités d’héroïsme imprudentes!MagiqueA minuit – après une courte ‘nuit’ de quelques heures seulement -, 14 alpinistes courageux sont prêts pour entamer la ‘promenade’ de leur vie. A cette altitude, chaque effort demande une débauche d’énergie incroyable: rien que s’extraire du sac de couchage et sortir de la tente fait grimper impitoyablement le rythme cardiaque et pèse sur la respiration. Malgré tout, le groupe trouve l’énergie de chanter une chanson pour fêter le 51e anniversaire de Louis Geerts, responsable informatique du Centre d’étude pour l’énergie nucléaire. Un anniversaire inoubliable pour Louis et un moment magique sur la montagne!RevancheAprès quoi l’heure est venue pour la confrontation ultime avec soi-même. Enveloppés dans quatre à cinq couches de vêtements chauds (dans l’ascension vers le sommet, la température baisse jusqu’à – 20° C!), ils commencent une ascension nocturne de huit heures. S’ensuit une expérience hallucinante. L’équipe progresse pas à pas et la longue ascension semble interminable. La fatigue frappe chacun sans pitié et certains sont si épuisés qu’ils s’endorment littéralement sur leur bâton, lorsqu’un arrêt est effectué pour contrôler le rythme cardiaque et respiratoire. Pour Stefaan Weckx, responsable informatique en Belgique au sein de l’entreprise de logistique Kühne+Nagel, l’aventure s’arrête définitivement à 5.600 m d’altitude. “J’avais des nausées terribles et j’aurais déjà dû abandonner. Mais le pire, c’était la pression sur mes poumons et les coups de couteau dans la poitrine. La douleur est devenue insupportable. J’ai dû me résoudre à faire demi-tour.” Il est reparti avec Annie et Tom. A ce moment, Suzy était déjà sur le chemin du retour vers le camp de base.Stefaan Weckx fait partir des alpinistes du groupe pour qui atteindre le sommet constituait un objectif important. Lorsque nous avons téléphoné à Stefaan la semaine dernière, il n’avait pas encore digéré la déception. “Ç’aurait été la cerise sur le gâteau. Cette satanée montagne! Si la chance se présentait à nouveau, je ferais une nouvelle tentative. J’ai envie de prendre ma revanche.”Complètement cuitLes dix membres restants de l’expédition ont surmonté toutes les difficultés et poursuivi leur lente et pénible ascension. “Lorsque nous avons vu nos trois amis rebrousser chemin à 5.600 m, le moment a été critique, témoigne Gerdy De Clercq, manager IT de Belgacom. Vous êtes complètement cuit, mais vous savez que Stella Point est en vue. Et alors, vous poursuivez simplement au caractère. C’est une sensation étrange de s’endormir sur son bâton et de continuer à avancer, entre rêve et réalité. Et voir que les autres ont éprouvé la même chose renforce les liens de solidarité.”La réaction de Willem Vandenameele, manager IT de Roularta, prouve bien que l’expérience était extrêmement éprouvante. “Plus jamais!” s’est-il dit lors des derniers efforts pour atteindre le sommet. “La sensation d’euphorie attendue n’est pas arrivée. Après toutes ces heures d’ascension pas à pas, j’étais complètement à plat. Nous n’étions plus que 10 parmi les 17 membres de départ. Peut-être était-ce aussi dû à cela?” Mais tout est relatif et, une fois redescendu, le sentiment de Willem était plus nuancé. La semaine dernière, au téléphone, il s’est même montré disposé à relever à nouveau le défi. “Pourquoi pas, en fait?”, a-t-il lancé en riant.Dans les cieuxYves Vander Auwera du Fedict s’est cru littéralement dans les cieux pendant les cent derniers mètres. “J’ai été submergé par l’émotion lorsque le soleil s’est levé et que nous sommes arrivés à portée de Stella Point. Mais en même temps, vous devez vous maîtriser, parce que votre coeur commence effectivement à battre plus vite et que vous risquez alors de devoir renoncer. L’ascension de Stella Point vers l’Uhuru Peak était un moment intense de pur bonheur, le sentiment d’être dans les cieux. Une fois tout en haut, vous voulez être un peu seul pour donner libre cours à vos émotions.”Yves n’est pas le seul. Tout qui a déjà atteint un sommet élevé sait que les larmes sont impossibles à retenir après tant d’efforts.SkierUne fois dissipé le sentiment de victoire, l’heure était venue d’entamer la longue descente vers Mweka Hut (3.000 m), via un arrêt à l’endroit de départ Barafu Hut – où les alpinistes épuisés ont pu recharger leur batterie pendant deux ou trois heures. Gerdy De Clercq en conserve un souvenir magnifique et unique. “Au début, on descend sur du gravier et on peut se laisser glisser. C’est un peu comme si on skiait.” D’autres ont éprouvé moins de plaisir. Stef Teuwen, manager ICT à la Province d’Anvers, a été trahi par ses jambes. “L’ascension s’était assez bien passée pour moi. Mais, après dix minutes de descente, j’ai eu un problème: mes jambes étaient toutes chancelantes.” Ce fut un réel calvaire pour Stef, car la descente a duré pas moins de sept heures.HérosL’ascension du sommet a probablement été l’élément le plus spectaculaire de toute l’entreprise, mais l’expédition a proposé bien plus encore. Le lundi midi au début de cette semaine, l’aventure avait commencé à Machame Gate (1.800 m) pour les 17 alpinistes. Nous y avions fait la connaissance de nos porteurs, les véritables héros du Kilimandjaro. Ils ont traîné nos bagages, tentes, tables, nourriture et tout le reste de l’équipement tout au long de la semaine. Chaque sherpa porte ainsi environ 25 kg, souvent sur la tête et avec des vêtements inadaptés. Les trekkers sont souvent équipés de vêtements high-tech sophistiqués et ne doivent porter qu’un sac à dos, une situation un peu irréelle. Mais les porteurs (pour la plupart) ne s’en plaignent pas et leurs enthousiastes ‘jambo’ (salut) et ‘hakuna matata’ (pas de problème) sont communicatifs. La veille au soir, notre guide Johny nous avait briefés. Johny (29 ans) s’est révélé un véritable manager. Ce qui n’est pas un luxe quand vous êtes responsable d’une équipe de 40 porteurs et de la sécurité et du bien-être de 17 étrangers, le tout dans des conditions particulièrement difficiles. Notre équipe de managers ICT (très expérimentés!) a été impressionnée. “Son rôle a été très important, témoigne Yves Vander Auwera. Cet homme a toutes les qualités d’un bon manager: il inspire confiance, il a une énorme connaissance du terrain, du matériel, des conditions délicates, il communique clairement et va droit au but.”Pole poleLorsque la caravane s’est mise en marche à Machame Gate, nous avons directement découvert le principe que nous allions suivre une semaine durant: pole pole. Ce qui signifie à peu près ‘à l’aise’, ‘calmement’. Au début, nous avions l’impression d’avancer bien trop lentement, mais les jours suivants, ce rythme tranquille ne nous a pas semblé être un luxe superflu. Marcher trop rapidement en altitude peut vous donner le coup de grâce avant même que vous vous en rendiez compte.Six jours d’expédition sur le Kilimandjaro est une expérience unique au sens propre du terme. Nulle part ailleurs vous ne vivez de telles différences d’altitude en aussi peu de temps: de 1.800 m à 5.895 m. Cela signifie qu’en une petite semaine, vous passez dans différentes zones climatiques, avec chaque fois leur propre flore. En quatre jours, vous traversez ainsi les quatre saisons. Vous rencontrez successivement la forêt tropicale, la lande, le désert alpin et la toundra. C’est tout bonnement merveilleux.Mais le Kilimandjaro est également impressionnant la nuit. Il est rare de pouvoir contempler un ciel si magnifiquement étoilé. Par ailleurs, vous ne devez guère vous donner de mal pour assister à ce spectacle nocturne. En effet, à haute altitude, vous devez constamment boire de l’eau. Sinon, vous souffrez de terribles maux de tête. Pour éviter ces douleurs, vous devez donc absorber énormément de liquide que vous devez ensuite éliminer, ce qui vous fait sortir de la tente à plusieurs reprises et affronter le froid. Le splendide panorama vous fait cependant un grand bien.”Pour la vie”Un mot enfin sur l’ambiance. Il est étonnant de voir comment un groupe de dix-sept personnes qui se connaissaient à peine auparavant a pu, en si peu de temps et dans des conditions aussi inhabituelles qu’inconfortables, développer un tel sentiment de véritable solidarité. Dans l’interview qui a suivi, Gerdy De Clerq de Belgacom a spontanément désigné ce sentiment de groupe exceptionnel comme son principal souvenir. D’ailleurs, dans les interviews, tous les membres de l’équipe ont systématiquement mentionné la camaraderie qui est née pendant le voyage. “Des amitiés pour la vie sont nées ici”, telle est la formule qui résume le mieux toute l’aventure.Mission accomplie, donc, sur tous les plans. C’est également le sentiment de l’initiateur Wim Bosmans. “Chacun des participants est content, et je suis donc un homme heureux.” L’évaluation des sponsors suivra plus tard, mais vu les réactions enthousiastes des membres de l’équipe, Bosmans ne se fait guère de soucis. Et l’avenir de l’ICT Expedition? “Il dépend évidemment de la disposition des sponsors à investir à nouveau dans un événement aussi unique et spécial, mais en ce qui me concerne, il y aura certainement une suite en 2008.”Les participants : Annie Van Der Haegen (47), datacenter manager, Tele AtlasGerdy De Clercq (38), manager integration & operational excellence, BelgacomLouis Geerts (51), it-manager, Studiecentrum voor Kernenergie MolPhilippe Poulain (40), directeur ICT, Banque de la PosteReinoud Reynders (37), diensthoofd operaties en infrastructuur van UZLeuvenStef Teuwen (52), IT manager, Provincie AntwerpenStefaan Weckx (48 ), IT manager, Kühne+NagelWillem Vandenameele (43), it-manager infrastructure & operations, RoulartaYves Vander Auwera (51), staff director ict shared services, Fedict

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