Les travailleurs se sentent trop peu impliqués dans l’introduction des nouvelles technologies

Les travailleurs plus âgés éprouvent une plus grande charge cognitive, lorsqu'ils utilisent de nouvelles technologies. © Getty
Pieter Van Nuffel Journalist DataNews

Les travailleurs du secteur de la fabrication sont intéressés par les nouvelles technologies qui sont introduites sous le dénominateur ‘industrie 4.0’, mais ils se font du souci à propos de la façon dont elles risquent de changer leurs emplois. De plus, ils se sentent trop peu impliqués dans le lancement des innovations technologiques. Telles sont les principales conclusions d’une nouvelle étude réalisée par la KU Leuven.

L’expression ‘industrie 4.0’ fait référence à la connectivité croissante des processus de production industrielle. Les systèmes sont ainsi interconnectés numériquement et peuvent s’échanger des données. Cette tendance est surtout visible dans le secteur de la fabrication.

Pour connaître l’avis des travailleurs à propos d’industrie 4.0, les chercheurs de l’HIVA Onderzoeksinstituut voor Arbeid en Samenleving ont interrogé 4.586 ouvriers d’entreprises métalliques et textiles en Belgique. L’étude a été effectuée à la demande de l’ACV-CSC METEA, la branche du syndicat chrétien CSC, qui représente notamment l’industrie métallique et textile.

Des réponses obtenues, il apparaît que les ouvriers, qui travaillent avec les nouvelles technologies, disposent de plus d’autonomie, mais que leur travail devient plus contraignant sur le plan mental. Les nouvelles machines intelligentes peuvent par exemple se piloter par elles-mêmes, ce qui fait que les ouvriers assument des responsabilités supplémentaires, comme le fait d’assurer la maintenance de ces machines. Le stress qui y est lié, est surtout ressenti par les travailleurs plus âgés et moins par les plus jeunes.

Qui dit nouvelles tâches, dit aussi nouvelles compétences et donc nouvelle formation. Or un cinquième des travailleurs interrogés indique ne pas avoir reçu de formation lors de l’introduction d’une nouvelle technologie. Néanmoins, les travailleurs reconnaissent disposer d’une plus grande autonomie grâce aux nouvelles technologies. Ils se sentent mieux au travail, parce qu’il y règne moins d’insécurité.

Confidentialité

Les chercheurs ont aussi examiné la façon dont la confidentialité des travailleurs est considérée sur le lieu de travail. Les entreprises prises en compte par l’étude collectent surtout les heures d’arrivée et de sortie, ainsi que la locallisation et les activités de leur personnel. Huit travailleurs sur dix environ sont informés que ces données les concernant sont collectées, mais la moitié d’entre eux n’y a pas accès.

Les entreprises, principalement dans le secteur du métal, examinent les possibilités offertes par les technologies intelligentes. Plus de la moitié des travailleurs affirment cependant qu’ils n’y sont que rarement, voire jamais impliqués. Dans la plupart des cas, cela ne se fait qu’au moment où la technologie est véritablement utilisée. Néanmoins, les ouvriers indiquant avoir bien été impliqués dans l’introduction de nouvelles technologies ont vu leurs conditions au travail s’améliorer clairement, en plus de disposer d’une plus grande autonomie et d’enregistrer une diminution de l’insécurité.

“La recherche sur ces nouvelles technologies industrie 4.0 ne se focalise que rarement, voire jamais sur la perspective des travailleurs”, explique Lise Meylemans d’HIVA. “Pourtant, ce sont eux qui doivent utiliser ces technologies. Il est singulier de constater que les ouvriers ne se montrent pas forcément négatifs à l’égard des innovations technologiques, mais qu’ils se font quand même du souci. Cette situation peut en partie s’améliorer en les impliquant très tôt dans la mise en oeuvre des nouvelles technologies et en les formant correctement à leur utilisation.”

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