Deux satellites Galileo perdus
Il y a de fortes chances pour que les satellites de navigation Galileo qui ont été lancés sur des orbites incorrectes, ne soient plus utilisables.
Peu après le lancement des deux premiers satellites opérationnels du système de navigation européen sophistiqué Galileo, l’euphorie a fait place à la désolation dans le centre de contrôle de la base de Kourou, en Guinée française. Suite à l’échec du dernier étage (Frégate) du propulseur russe Soyouz, les satellites Galileo lancés simultanément – à savoir Doresa et Milena, le résultat d’un concours pour enfants paneuropéen – ont adopté une orbite erronée. Au lieu de tourner en cercle autour de la Terre à une altitude de 29.900 km, selon un angle de 55 degrés par rapport à l’équateur, les satellites tournent à une altitude de 26.200 km selon un angle de 49,8 degrés et suivent une orbite elliptique.
Dans un message, Arianespace, qui lance les satellites Galileo à la demande de l’ESA et de la Commission européenne, affirme “calculer l’ampleur de l’anomalie et quel sera son impact sur la mission”. Une commission d’enquête est chargée d’examiner à partir d’aujourd’hui ce qui s’est passé en collaboration aves les partenaires russes.
Perte
Des experts estiment que les satellites ne disposent pas de suffisamment de carburant pour corriger les erreurs d’orbite. Pour atteindre la hauteur d’orbite voulue, l’on pourrait certes utiliser le carburant disponible, mais cela réduirait de manière conséquente l’autonomie utile des satellites. Cela concerne en effet l’utilisation du carburant nécessaire pour exécuter les corrections de positionnement durant la durée opérationnelle des satellites.
Le problème de l’angle de l’orbite est plus grave encore du fait que les satellites n’ont pas assez de combustible pour le résoudre. Même si on parvenait à une solution, les satellites ne disposeraient alors plus de carburant pour une durée d’utilisation correcte. Le risque est donc particulièrement grand que les deux satellites doivent être considérés comme perdus et être remplacés par des nouveaux.
Normalement, le lancement de deux autres satellites Galileo au moyen d’un propulseur Soyouz/Frégate russe est prévu pour décembre de cette année. Il y aura donc à coup sûr du retard, en fonction de la durée mise pour trouver la cause exacte de l’échec.
Galileo sauvé par un Belge
D’ici 2020, l’Europe a planifié de mettre en orbite autour de la Terre l’ensemble des 30 satellites pour le système de navigation Galileo. L’Europe disposera alors d’un système spatial susceptible d’offrir aussi une géo-localisation particulièrement précise aux entreprises commerciales (contre paiement), outre un signal ouvert et des services en matière de signaux d’urgence. Le projet accuse des années de retard et, avec un budget actuel de 7 milliards d’euros (jusqu’en 2020), il s’avère nettement plus coûteux que prévu initialement. Après que les politiciens aient en 2007 encore affiché leur volonté de poursuivre le projet Galileo, il a été sauvé dans la pratique et remis sur les bons rails par un Belge, René Oosterlinck. Ce dernier a en effet accompagné le projet tout au long de la phase d’adjudications et de celle du lancement des premiers satellites d’essai.
Avec quatre satellites dans l’espace, Galileo offre actuellement un service de base consistant notamment en l’expérimentation de la géo-localisation d’appareils dans l’air, ce qui est important pour assurer une gestion du trafic aérien plus flexible des avions dans le ciel européen, ainsi que l’utilisation d’avions sans pilote.
Russie
L’échec du propulseur peut aussi générer des frictions avec la Russie. En effet et sur base d’informations en provenance de ce pays, Arianespace pensait que le lancement avait été effectué avec succès. La situation changea rapidement, lorsque, selon Spacenews, le Space Surveillance Network du ministère américain de la défense indiqua que les orbites utilisées n’étaient pas les bonnes. L’on se pose donc à présent des questions à propos des renseignements donnés par le centre de contrôle russe. Selon Spacenews, l’on distinguerait du reste sur les images du local de contrôle de Kourou que malgré la joie du personnel présent, qu’un technicien est préoccupé par des infos reçues d’une autre source…
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