De l’impact de Microsoft-Skype sur les entreprises

L’on entend souvent affirmer que Skype ne convient pas pour la communication professionnelle. Que suite à l’utilisation de l’internet, les connexions ne sont pas stables et que Skype devra être nettement plus sûr, avant que du trafic puisse s’échanger entre le réseau d’entreprise et le monde extérieur.

L’on entend souvent affirmer que Skype ne convient pas pour la communication professionnelle. Que suite à l’utilisation de l’internet, les connexions ne sont pas stables et que Skype devra être nettement plus sûr, avant que du trafic puisse s’échanger entre le réseau d’entreprise et le monde extérieur. Cela n’empêche cependant pas que pas mal de sociétés internationales utilisent déjà Skype.

Microsoft a donc ainsi accès à une plate-forme de communication mondiale, et ce sans pénétrer sur le marché télécoms régulé. Les opérateurs télécoms vont suivre cela avec impatience. Skype est en effet un solide challenger pour la téléphonie fixe. En sera-t-il de même à grande échelle pour la téléphonie mobile avec voix sur WiFi?

Microsoft a empêché que la concurrence s’empare de Skype et s’est du coup débarrassée d’un rival pour sa plate-forme collaborative. L’intégration de la voix et de la vidéo à la collaboration est essentielle. Microsoft intégrera Skype à Lync et Outlook. Lync est conçu pour étendre les centraux téléphoniques, voire les remplacer, et est aussi destiné à incorporer la communication dans les applications professionnelles. Voilà une nouvelle que les fournisseurs d’Unified Communications auront certainement du mal à avaler. Les partenariats de Skype avec des concurrents tels Avaya resteront-ils possibles? Il y a évidemment la crainte que Microsoft opte pour un système fermé. Mais il y a aussi une fameuse opportunité pour le monde des entreprises, si Microsoft choisit de porter les avantages d’unified communications vers la communication entre les entreprises en permettant la fédération – la collaboration – des plates-formes des divers vendeurs. Il est également crucial que Skype demeure si possible sur les plates-formes d’Apple, Linux et Android. Une étude récente de BELTUG a démontré combien la peur d’un ‘vendor lock’ est bien présente au sein des entreprises.

Ce rachat ajoute une dimension intéressante au débat sur la neutralité du net. Aux Pays-Bas, KPN a annoncé qu’il allait tarifer Skype via les réseaux mobiles et l’internet. Les opérateurs mobiles seront-ils moins enclins à bloquer Microsoft que Skype? Les régulateurs auront-ils justement moins de sympathie pour Microsoft, s’ils se plaignent d’être bloqués par les opérateurs télécoms? Ou bien Microsoft proposera-t-elle avec Skype des alternatives favorables aux opérateurs?

Et c’est sans parler de la consumérisation de l’IT, qui concerne surtout l’utilisation des moyens de communication. Ce rachat va rapprocher encore un peu plus l’utilisation privée et professionnelle de la communication.

Microsoft a déjà investi dans Facebook et s’est ainsi fait un allié dans la lutte contre Google. En témoigne Facebook Docs, par lequel les utilisateurs de Facebook peuvent s’échanger des fichiers Word, Excel ou PowerPoint. Et Microsoft a joué un mauvais tour à Google avec l’intégration récemment annoncée de l’information de Facebook dans les résultats de recherche de Bing. A l’inverse, Skype pourra aussi être intégré dans Facebook.

Reste à espérer que ce rachat donne une impulsion au développement de services en temps réel à partir du nuage. Et qu’il y ait une nouvelle dynamique dans les réseaux, car sans réseau, point de nuage! Un monde caractérisé par moins d’itinérance et plus de concurrence.

Danielle Jacobs, Directrice de BELTUG

Je remercie les membres pour leur contribution. Le 23 juin, BELTUG organisera un débat sur Microsoft-Skype, afin de passer en revue les différentes visions à ce sujet.

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