La désillusion IT flamande s’appelle Nico

Des projets pharaoniques, il y en a partout. Au sein du gouvernement flamand, c’est Nico, le projet IT du ‘Centrum voor Leerlingenbegeleiding’ (CLB) qui fait encore et toujours froncer les sourcils tant il est un poste de dépense et de charge notoire.

Des projets pharaoniques, il y en a partout. Au sein du gouvernement flamand, c’est Nico, le projet IT du ‘Centrum voor Leerlingenbegeleiding’ (CLB) qui fait encore et toujours froncer les sourcils tant il est un poste de dépense et de charge notoire.

La saga Nico débute en l’an 2000, peu après que les centres PMS (psycho-médico-social) et MST (contrôle médical scolaire) aient fusionné pour former le CLB. Nico (Netoverschrijdend Informaticaproject tussen Centra voor Leerlingenbegeleiding en Onderwijs) doit veiller à la création d’un dossier d’élève électronique et multidisciplinaire unique et d’un instrument de contrôle pour les autorités. L’ASBL Nico est lancée en 2002. C’est Cronos qui est choisi pour la sous-traitance européenne avec une solution basée web.

Très vite, le projet s’avère nettement plus coûteux que prévu: 6 millions EUR, dont 2,5 millions proviennent du gouvernement flamand. Quelques mois d’affrontement avec le système suffisent, fin 2004, pour faire éclater la bombe au sein des syndicats: “Non convivial”, “une implémentation qui va à vau-l’eau”, “démotivation, stress”, … “à cause des difficultés d’enregistrement, un examen médical d’un seul enfant dure 20 minutes, c’est beaucoup trop long”, tels sont les commentaires d’une revue syndicale. “Le système se plante encore et toujours, ce qui est très gênant, lorsqu’on se retrouve devant une classe entière d’élèves en petite tenue.”

En 2006, la relation entre l’ASBL Nico et Cronos est à ce point mauvaise qu’on en arrive à des mesures juridiques: Cronos traîne l’ASBL au tribunal, parce que toutes ses factures restent impayées. L’ASBL allègue comme raison que Cronos ne fournit simplement pas ou beaucoup trop tard ce qui figure dans le cahier des charges. Le département Enseignement demande alors au groupe EDS-Telindus d’examiner l’application. Celui-ci déclare que le logiciel peut être mis au point, mais que cela prendra 25 années/homme et coûtera de 3 à 7 millions EUR. Une intervention du ministre flamand de l’enseignement, Frank Vandenbroucke, aboutit à un arrangement: les factures sont payées, et Cronos maintient l’application opérationnelle. Il n’y aura ensuite plus d’adaptations.

Dirk Debroey du Provinciaal Onderwijs Vlaanderen a été engagé, début de l’année, comme administrateur délégué de l’ASBL Nico pour examiner la suite à donner au projet. Il se montre très circonspect: “Le projet se terminera en 2008. La suite n’est absolument pas claire. Rien n’a encore été décidé ni sur les moyens, ni sur les objectifs. Nous nous attendons cette année encore à une circulaire.” Et à propos du passé: “Nous avons accompli un processus d’apprentissage sur la façon dont nous devons formuler les objectifs. Mais dire que la convivialité laisse ici à désirer est un strict minimum.”

Chez Cronos, c’est l’actuel CFO, Eddy De Nys, qui suit le projet. Lui aussi préfère ne plus utiliser un langage trop dur: “Les problèmes liés à ce projet ne sont pas particuliers. Ils sont simplement gonflés par quelques… incroyants chez CLB.” Une réponse à un nouveau cahier des charges n’est par conséquent certainement pas exclue. “Si vous sortez en adulte d’un conflit avec un client, vous collaborez alors pour la vie.”

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