L’érosion des prix

Stefan Grommen Stefan Grommen est rédacteur de Data News.

Un ordinateur portable récent sur trois rendra l’âme dans les deux ans. Voilà ce qui ressort d’une enquête réalisée par le cabinet néerlandais d’études de marché TNS/Nipo auprès de 500 consommateurs et petits utilisateurs professionnels.

Un ordinateur portable récent sur trois rendra l’âme dans les deux ans. Voilà ce qui ressort d’une enquête réalisée par le cabinet néerlandais d’études de marché TNS/Nipo auprès de 500 consommateurs et petits utilisateurs professionnels.

J’en ai moi-même fait l’expérience avec un portable NEC qui n’avait même pas deux ans. Il fonctionnait normalement et d’un jour à l’autre, il refusa tout service. J’ai vu clignoter une diode sur l’alimentation externe indiquant soit un problème d’alimentation interne, soit une carte mère défectueuse. Hasard ou pas, NEC cessa peu après de vendre des ordinateurs portables. Rien d’étonnant à cela car en raison du succès du netbook convivial économique, tous les prix des portables sont sous pression. Si l’on peut acquérir un netbook pour moins de 300 EUR, pourquoi en dépenserait-on 500 pour un ordinateur portable standard à peine plus puissant?

Je l’ai observé aussi aux prix des laptops qui nous sont envoyés pour notre test annuel. Sur le marché professionnel, le prix joue également un rôle toujours plus important. Les fabricants ont encore bien du mal à écouler leurs laptops premium. Une société comme Lenovo qui fabrique des ThinkPad très solides, mais aussi traditionnellement plus chers, éprouve de plus en plus de difficultés à expliquer à ses clients les avantages d’une meilleure qualité de finition. Qu’un consommateur achète un nouvel ordinateur portable tous les deux ans, je peux encore le comprendre. Mais pour une entreprise, il y a d’autres critères que les gadgets multimédias ou les puces vidéo qui acceptent les jeux les plus récents. Dans le total cost of ownership (TCO), il n’y a pas que le prix qui joue, mais aussi la longévité du produit. Or l’érosion des prix progresse si vite que les calculs TCO traditionnels n’ont plus de raison d’être. Dans les entreprises, surtout les plus modestes, les laptops deviennent également des produits commodity, comme ce fut autrefois le cas des desktops, des imprimantes et des routeurs.

Bob O’Donnell du cabinet américain d’études de marché IDC prétend que les fabricants devront s’adapter à une nouvelle réalité sur le marché des ordinateurs portables. “Il sera de plus en plus difficile de vendre quoi que ce soit dépassant les 800 $ (544 EUR)”, a-t-il récemment déclaré à C-Net. Il prévoit même que le prix moyen des laptops risque de chuter en dessous de celui des ordinateurs de bureau. Des sociétés comme HP et Toshiba réagissent déjà à cette nouvelle réalité. Les laptops professionnels de ces entreprises voient leurs prix nettement chuter. Notre récent test de laptops a été du reste remporté haut la main par un modèle Dell de la gamme économique Vostro, qui a damé le pion sur le plan des performances à des portables nettement plus chers. Malheureusement, nous ne pouvons pas tester la longévité. Ce Vostro a l’air robuste, mais l’est-il vraiment? Va-t-il tenir des années durant? Je n’en ai aucune idée.

Personne n’est opposé aux prix avantageux, surtout pas en période de crise. Mais cela interpelle quelque part. Les laptops ne sont déjà pas les appareils les plus respectueux de l’environnement à produire. S’ils sont en plus traités en entreprise comme des produits commodity, ce n’est certainement pas un plus pour la nature. Cela ne me paraît pas positif non plus pour l’innovation. Je plaide depuis des années déjà pour que tous les laptops soient équipés de la fonctionnalité tablette. Windows 7 y est plus que jamais paré. Cette année et l’an dernier, nous n’avons pourtant reçu pour notre test de laptops aucun PC tablette. Il est quand même possible de produire à moindre coût un laptop à écran tactile. Intel le démontre avec son Classroom PC. Mais si vous en voulez un, vous devrez provisoirement retourner à l’école maternelle. On peut et on doit donc mieux faire, marché de commodity ou non.

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