Fatalisme SAP

La petite lettre envoyée en cette mi-août par le câblo-opérateur Brutélé à “plusieurs centaines” de ses clients partait d’un bon sentiment: ne pas jouer à l’autruche et expliquer, tout en s’excusant, que les problèmes de facturation de certains de ses services sont dus à la migration vers un nouveau système de gestion de la clientèle.

Aubaine pour le client journaliste que je suis, l’opérateur pousse le zèle jusqu’à préciser que “malheureusement, la mise en service du logiciel SAP, choisi à cette fin, ne s’est pas faite sans quelques heurts et retards, malheureusement quasi inévitables dans le cadre d’un projet aussi complexe.” SAP aura sans doute apprécié ce qui ressemble à une grosse maladresse. D’autant plus que, d’après Brutélé elle-même, le but n’était pas de régler des comptes avec SAP. “D’ailleurs, nous ne regrettons pas du tout d’avoir choisi le logiciel leader du marché,” affirme son directeur-général. De là à lui faire de la (contre)publicité gratuite … Soit, on décodera deux enseignements de cet exercice périlleux de relations publiques: primo, SAP est censé être une référence à ce point connue du grand public que la simple évocation de son nom est lourd de sens. Dans la tête de la ménagère, SAP = informatique = problèmes. Deuzio, et c’est sans doute plus inquiétant, les excuses de Brutélé sont basées sur un fatalisme qui fait qu’un projet SAP (et par extension tout projet IT complexe) est “quasi inévitablement” la victime de heurts et de retards. Donc de pertes d’argent. Dans un tel état d’esprit, pourquoi ne pas présenter des excuses avant même d’attaquer le projet ? Espérons que les étudiants qui s’apprêtent à retrouver le chemin de l’école ne vont pas y trouver une mauvaise inspiration. “Les études, c’est tellement complexe, certains échecs en fin d’année sont quasi inévitables.” Ni nos chers informaticiens d’ailleurs. Bonne rentrée à tous.

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