Aversion pour le numérique

La moitié des Flamands sont carrément revêches à l’ordinateur et à l’internet.

C’est ce qui ressort d’une étude de la KU Leuven auprès d’un échantillon de plus de mille Flamands âgés de 18 à 91 ans. Selon l’enquête, ce sont surtout les femmes qui souffrent de cette “aversion pour le numérique”. Keith Roe, professeur en sciences de la communication à la KU Leuven, a expliqué que le fossé numérique est beaucoup plus large qu’on ne le pensait jusqu’ici. Les fonctionnaires belges pourront le confirmer. En effet, près de la moitié d’entre eux ne disposent pas d’un ordinateur. La satire s’impose parfois d’elle-même. Peut-être nos fonctionnaires souffrent-ils de la nouvelle maladie de l’aversion pour le numérique? La vérité est sans doute plus prosaïque: l’administration ne s’informatise pas convenablement pour des questions bassement budgétaires. A tout malheur quelque chose est bon, bien sûr: les pouvoirs publics ne doivent pas engager des psychologues pour aider les fonctionnaires à surmonter leurs angoisses numériques. Ils peuvent joyeusement continuer à faire leur métier de façon thérapeutique sur d’anciens Selectric IBM, voire – qui sait? – avec de l’encre et une plume d’oie? Trêve de plaisanteries cyniques, que faisons-nous de notre côté, nous les professionnels de l’informatique, pour inverser la tendance? Devons-nous vraiment nous étonner de la stagnation du taux de pénétration du PC et de l’internet? Ne devrions-nous pas consacrer plus de temps et d’énergie à l’évangélisation du numérique? Parmi cette moitié de Flamands frileux à l’informatique, il doit somme toute se trouver aussi un grand nombre de clients potentiels qui hésitent sans doute à investir dans l’informatisation. Tandis que nous nous réjouissons de la perspective d’une nouvelle version de Windows, de la progression constante de Linux ou de l’érosion des parts de marché d’Internet Explorer, un nombre croissant de consommateurs se sentent manifestement de plus en plus perdus face au PC et à l’internet. La dernière étude d’InSites aboutit par exemple à la conclusion étonnante que beaucoup d’internautes optent volontairement pour un abonnement par liaison téléphonique classique ou pour une version légère du haut débit. Ce n’est pas tant parce qu’ils ne peuvent pas se permettre une connexion haut débit musclée, mais c’est surtout parce qu’ils n’en voient pas l’utilité. Un nombre croissant d’internautes recherchent des informations de façon très ciblée et ne surfent pas pour le plaisir. En outre, ils se sentent plus en sécurité avec un abonnement téléphonique. On y est en effet moins rapidement victime de spams, de virus et de spyware. La plupart des parents préfèrent aussi tenir leurs enfants à l’écart des forums de discussion. Les nombreuses informations sur le nombre croissant d’enfants qui, via l’internet, font la connaissance d’adultes malintentionnés n’y sont sûrement pas étrangères. Le manque de protection du PC moyen et de l’internet est assurément l’une des principales causes de l’aversion croissante pour le monde numérique. Face à ce problème, notre secteur n’a toujours pas apporté de réponse décisive. Pour protéger efficacement un PC relié à l’internet, un utilisateur doit faire tourner au moins cinq applications: antivirus, anti-espion, antispam, logiciel de censure internet et pare-feu. Pour les trois premières catégories, on sait qu’aucun programme n’offre à lui seul une sécurité suffisante. En fait, il faut faire tourner deux ou trois programmes différents de chaque catégorie. La plupart des utilisateurs sont dépassés quand il s’agit d’installer et de configurer tous ces logiciels convenablement. Et c’est sans parler des frais que cela entraîne. Enfin, il y a aussi l’aspect du temps processeur inutilisé: tous ces programmes résidents de protection diminuent fortement les performances du PC moyen. C’est comme si on obligeait l’acquéreur d’une voiture à installer lui-même les airbags, les pare-chocs, les ceintures et les appuie-tête. L’aversion pour le numérique continuera à se répandre tant que notre secteur n’aura pas réussi à commercialiser des produits beaucoup plus sûrs et plus conviviaux.

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