Après son propre YouTube, l’Iran développe un ‘Google Earth islamiste’

© Google Earth
Simon Demeulemeester Journaliste Knack

Google Earth est un ‘instrument d’espionnage occidental’. Voilà pourquoi l’Iran en met au point une version personnelle. Un internet ‘national’ propre serait aussi en chantier.

Le régime iranien lancera dans quatre mois une ‘version islamiste de Google Earth’, a fait savoir Mohammad Hassan Nami, le ministre iranien de l’Information et de la Communication.

C’est nécessaire, selon le régime théocratique, car Google Earth est un “instrument d’espionnage” qui “appartient au sinistre trio constitué des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et des sionistes (Israël, ndlr). A première vue, tout semble indiquer que Google fournit un service à ses utilisateurs, mais en réalité, Google Earth est utilisé par des entreprises de sécurité et des services secrets pour glaner des informations sur d’autres pays.”

Nami a expliqué à l’agence de presse iranienne Mehr que “le lancement d’une carte 3D de notre monde est prévu”. L’Iran serait aussi occupé, selon lui, à préparer un centre de données capable de traiter la grande quantité d’informations nécessaires pour la carte 3D.

Nami: ‘La différence d’avec Google sera notre mode de pensée islamiste’

Même si rien n’a filtré à propos de ce qu’est exactement un ‘Google Earth islamiste’, pour reprendre les termes du ministre Nami cités dans le journal De Morgen, le service est développé “dans l’optique du courant de pensée islamiste présent en Iran”. Nami: “Nous mettons sur notre site les informations réelles à l’attention de la population mondiale. Nos valeurs iraniennes sont les valeurs de Dieu, et c’est là que se situera la différence principale entre Basir (le nom qu’aura la Google Earth iranien, ndlr) et Google Earth.”

Filtrage

Google n’est pas bloqué en Iran, mais selon le journal britannique The Guardian, une partie des Iraniens n’aurait accès ni à Google Earth ni au service e-mail Gmail. En outre, les résultats de recherche de Google seraient filtrés, avec l’aide de la Chine d’après les rumeurs. En 2012, Reporters Sans Frontières avait déjà prévenu que la censure internet s’amplifiait en Iran et en Chine.

Internet national et YouTube propre

C’est aussi dans ce contexte qu’est mis au point un “internet national” iranien. Les premières phases de son développement seraient terminées, avait annoncé le régime, il y a quelque temps. Ici non plus, l’on n’en connaît pas précisément l’objectif. L’on craint cependant que l’Iran se déconnecte du web mondial.

Il n’y a pas que Google Earth qui soit visé. Fin 2012, l’Iran lançait aussi une propre version du site web de vidéos YouTube. Mehr, ce qui signifie ‘affection’ en farsi, a pour but de promouvoir la culture et les artistes iraniens et islamistes, avait-on appris à l’époque. Facebook, Twitter et YouTube sont bloqués en Iran, à en croire Huffington Post. Selon l’Iran, la raison en est que les bloggeurs et les autorités occidentaux mènent une ‘soft war’ contre l’Iran.

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