Alcatel-Lucent voit de nouveau la lumière

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Deux ans après avoir été nommé CEO, Ben Verwaayen semble optimiste à propos d’Alcatel-Lucent: “Nous ne sommes plus l’équipe de football qui sait qu’elle va perdre et qui, après le match, déclare qu’elle n’avait cette fois pas été si mauvaise.”

Deux ans après avoir été nommé CEO, Ben Verwaayen semble optimiste à propos d’Alcatel-Lucent: “Nous ne sommes plus l’équipe de football qui sait qu’elle va perdre et qui, après le match, déclare qu’elle n’avait cette fois pas été si mauvaise.”

Depuis la fusion en 2006, Alcatel-Lucent a accumulé année après année les pertes trimestrielles. Lorsque Verwaayen accéda au poste de CEO en 2008, il se vit confier la périlleuse tâche de remettre l’entreprise d’aplomb. Avec comme point d’orgue provisoire les résultats du 3ème trimestre de 2010, où Alcatel-Lucent a vu de nouveau grimper son chiffre d’affaires de 10,5 pour cent à 4,07 milliards d’euros avec, à la clé, un bénéfice de 25 millions d’euros.

“C’est la preuve que nous sommes en bonne voie sur notre trajet de la transformation”, explique Verwaayen qui reconnaît aussitôt que l’entreprise “a été aidée par les circonstances. Plusieurs choses se sont mieux déroulées que prévu. L’explosion du trafic vidéo a tout juste débuté en 2008, et il a donc fallu adapter une solide partie de l’infrastructure. Un monde IP s’avéra nécessaire et c’est là que nous étions par hasard présents.”

Adaptation continuelle Même si les choses s’améliorent prudemment pour Alcatel-Lucent, Ben Verwaayen ne souhaite toutefois pas avancer des garanties en matière de sécurité d’emploi: “Il n’y a qu’une seule garantie dans la vie, et c’est la mort. Pour moi, réorganiser est un synonyme d’adapter. La réalité veut que nous devrons continuer à nous adapter en permanence. Mais je suis optimiste quant à nos chances de croissance, et cela se traduira par de l’emploi.”

A propos de la division belge d’Alcatel-Lucent – assez volumineuse avec ses 1.800 collaborateurs -, Verwaayen ne prononce que des paroles encourageantes: “En soi, la Belgique n’est pas un marché pour autant de personnes, mais le département r&d apporte au groupe un savoir-faire important, ce qui n’est certainement pas négligeable.” Et d’indiquer que le type de client est en train de changer radicalement. “Pour un constructeur automobile, les télécoms sont devenues une composante essentielle. Et les réseaux intelligents deviennent évidents pour les fournisseurs d’électricité. Il y a donc toujours plus d’entreprises non-télécoms qui achètent les mêmes produits que les opérateurs”, ajoute-t-il.

Miser sur la vidéo La ‘nouvelle’ Alcatel-Lucent mise sciemment sur la vidéo. C’est ainsi que Bell Labs et l’IBBT vont créer un laboratoire de recherche commun en matière de vidéo, mais lors du congrès Future Internet Week de Gand, Alcatel-Lucent a également clairement annoncé son intention d’orienter une grande partie de sa r&d vers la vidéo. Pensez aux décodeurs TV qui exploitent le nuage pour accroître la puissance de calcul, une image mosaïque à plusieurs flux HD, le ‘multiscreen delivery’ avec l’iPad , le pilotage gestuel, les applications vidéo interactives dans le réseau, les systèmes de visioconférence avec un régisseur virtuel dans le réseau, etc.

“Du point de vue technologique, tout cela ne pose aucun problème. La grande question est d’avoir le bon modèle commercial”, affirme Verwaayen. “Dans un cinéma ou à la télévision, les gens acceptent de payer pour regarder un film. Mais sur un PC ou sur un GSM, cela devient un problème. Comment le résoudre?”, se demande-t-il. Une réponse s’impose pourtant, car Alcatel-Lucent estime que d’ici 2013, quelque 90 pour cent du trafic de données global sera constitué de vidéo. “Les entreprises télécoms ont grandi en vendant de la capacité, de la largeur de bande. Mais sous le sapin de Noël, ce serait une boîte vide. Nous devons à présenter miser sur les services qui exploitent cette capacité”, explique Ben Verwaayen qui décrit désormais le réseau physique comme “l’une des pierres de construction”.

L’Europe doit faire la différence Le CEO ne fait pas non plus un secret que l’Europe doit opérer dans l’urgence une manoeuvre de rattrapage sur la Chine ou l’Inde. La Chine, par exemple, est occupée à élaborer un nouveau plan quinquennal faisant la part belle à l’innovation et à l’ICT verte. “En Europe, c’est surtout le conservatisme qui règne. Nous sommes des économistes à la ‘oui, mais’, alors que dans d’autres parties du monde, c’est la mentalité ‘let’s go’ qui prévaut. Voyez le Brésil ou l’Inde, où les choses n’ont jamais été aussi bien qu’aujourd’hui. Le problème de l’Europe, c’est que la connaissance est la seule matière première qu’il faut pouvoir peaufiner. La connaissance doit devenir notre grande force”, conclut le CEO.

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