Meta n’utilisera temporairement pas les données de profils européens pour former l’IA

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Pieterjan Van Leemputten

Le géant américain des médias sociaux Meta, le groupe qui possède entre autres Facebook, Instagram et WhatsApp, reporte le lancement de son nouveau programme d’intelligence artificielle (IA) dans l’Union européenne. Voilà ce que la firme a annoncé dans un communiqué sur son blog.

La décision de Meta fait suite à une série de plaintes déposées en Europe contre les projets d’IA. L’entreprise souhaite utiliser les données de ses utilisateurs sur Facebook et Instagram pour former ses modèles d’IA, avec lesquels les utilisateurs pourraient, par exemple, générer du texte et des images ou poser des questions.

C’est ainsi que le célèbre activiste autrichien de la protection de la vie privée Max Schrems a déposé la semaine dernière une plainte contre les projets de Meta par l’intermédiaire de son ONG Noyb (‘None of your business’) dans onze pays européens, dont la Belgique. Noyb a notamment critiqué le fait que le groupe de médias sociaux ne sollicite pas un consentement explicite pour pouvoir utiliser des données personnelles (‘opt-in’) par le biais de ses nouvelles conditions de confidentialité, mais propose en lieu et place une option ‘trompeuse et complexe’ pour s’y opposer (‘opt-out’).

Selon la Commission pour la protection des données (DPC) d’Irlande, où Meta a son siège européen, il y a eu des ‘contacts intensifs’ entre le régulateur et le groupe dans ce dossier. Meta indique que la DPC a demandé de reporter temporairement l’utilisation de données européennes dans les modèles d’IA.

Sans ‘informations locales’, le lancement des nouveaux services d’IA équivaudrait à une ‘expérience de second rang’, selon Meta. Voilà pourquoi l’entreprise a décidé de ne pas lancer Meta AI, en tant que concurrent entre autres du populaire ChatGPT d’OpenAI, en Europe pour le moment. Meta parle ‘d’un pas en arrière pour l’innovation et la concurrence européennes dans le développement de l’IA’. Le groupe souligne également que sa démarche est ‘conforme aux lois et réglementations européennes’ et serait plus transparente que celle d’autres acteurs du secteur. La DPC a déclaré dans une brève réaction qu’elle saluait la décision de Meta.

‘Intérêt légitime’

Cependant, l’affirmation selon laquelle la pratique de Meta serait ‘conforme aux lois et réglementations européennes’ était dès le départ discutable. Il y a deux semaines encore, Data News révélait que les utilisateurs de Facebook avaient reçu une notification indiquant que Facebook utiliserait leurs données pour l’IA. 

Pour ce faire, l’’entreprise s’est appuyée sur ‘l’intérêt légitime’, une exception à la loi RGPD qui est souvent interprétée de manière très souple par les entreprises qui souhaitent utiliser des données sans le consentement explicite des utilisateurs. Ceux qui ne le veulent pas, peuvent s’y opposer au moyen d’un formulaire.

Bien que Meta ait approuvé ces demandes à chaque fois, il en est toutefois résulté un obstacle supplémentaire. Il fallait souvent se connecter de nouveau ou saisir un code, de quoi empêcher les gens de suivre le processus.

Le militant pour la protection de la vie privée Max Schrems précise dans un communiqué que la politique de Meta n’a pas encore été formellement modifiée, et que son choix n’est pas encore définitif ou contraignant. Ses plaintes, déposées dans divers états membres européens, se poursuivront donc jusqu’à ce que les autorités locales chargées de la protection de la vie privée se prononcent.

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