Oxide veut réinventer le centre de données avec son propre ‘ordinateur cloud’

L’Oxide Cloud Computer: ou comment un rack se mue directement en ordinateur. © KVDS/DN
Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Et si vous pouviez profiter des avantages du cloud hyperscale dans votre centre de données, tout en continuant à tout exécuter localement? C’est exactement ce sur quoi parie Californian Oxide.

Data News participe à l’IT Press Tour dans la Silicon Valley cette semaine. Après une première rencontre avec l’ambitieuse start-up Tobiko Data, nous passons littéralement au niveau supérieur et nous nous rendons de Santa Clara à Emeryville à la recherche des bureaux d’Oxide. Quelques centaines de mètres après l’impressionnante entrée du studio d’animation Pixar à Emeryville, nous découvrons quelques jolis entrepôts dans cette même Park Avenue, dont l’un porte subtilement le logo Oxide vert. Nous voyons également ce même logo sur les t-shirts des cofondateurs Steve Tuck (CEO), Bryan Cantrill (CTO) et de l’ingénieur software Adam Leventhal qui nous accueillent. Les bureaux ne ressemblent en rien à un environnement IT d’entreprise moyenne, mais plutôt à un grand garage avec un espace menuiserie, des racks métalliques et surtout un tas de câbles, des moniteurs et des haut-parleurs, des racks à moitié ouverts, des boîtes et un bric-à-brac de toutes sortes de choses que la femme de ménage doit sans doute se demander si cela peut être jeté à la poubelle.

La mentalité de garage de la Silicon Valley est bien présente chez Oxide. © KVdS/DN

La mentalité de garage de la Silicon Valley est bien présente chez Oxide. © KVdS/DN

Des vétérans de Sun, Joyent et Dell

C’est dans cet entrepôt encombré qu’ils ont conçu et construit l’Oxide Cloud Computer: un appareil très étonnant. Ce qu’Oxide fait en réalité, c’est ‘mettre à niveau’ le rack réel d’un centre de données – et donc pas le serveur – dans le moteur de calcul du centre de données. Cela signifie que presque tout ce qui concerne l’Oxide Cloud Computer – du matériel à l’ensemble de la pile logicielle – doit être construit à partir de zéro. On commence alors à comprendre pourquoi il faut un entrepôt aussi encombré pour cela: la mentalité de garage de la Silicon Valley est nettement présente chez Oxide.

Les hommes à l’initiative d’Oxide savent aussi clairement de quoi ils parlent. Le directeur technique Bryan Cantrill a en effet travaillé sur les logiciels système chez Sun Microsystems pendant plus de deux décennies et est également devenu CTO chez Joyent. C’est dans cette même entreprise que le CEO d’Oxide, Steve Tuck, a été actif pendant plus de 10 ans, dont quelque temps en tant que COO. Et avant cela encore, plus de huit ans chez le fabricant d’ordinateurs Dell. Tout cela simplement pour dire qu’ils savent comment réinventer l’ordinateur.

Inspirés par les hyperscalers

Le CTO Bryan Cantrill nous montre l’arrière d’un rack Oxide sans spaghetti de câbles. © KVdS/DN

Ce que les fondateurs d’Oxide ont remarqué, c’est que de nombreux fabricants d’ordinateurs traditionnels tels que HP et Dell proposent une large gamme de produits, mais principalement pour les clients non hyperscale. Un peu dans l’optique que les hyperscalers développent de toute façon leur propre matériel – ce qui est en partie vrai -, mais cela signifie aussi que vous ne pouvez pas leur commander de composants, si vous souhaitez construire vous-même en tant qu’entreprise une infrastructure hyperscale. De ce constat est née l’idée de sauter dans cette brèche sur le marché.

Pas de câblage en vue

© KVdS/DN

Cela se traduit en quelque chose qui ressemble à un rack contenant les appliances classiques, mais dans la pratique, c’est un tant soit peu différent. ‘Nous avons construit nos propres compute sled et networking switch’, explique Leventhal. Il est facilement possible de faire glisser chaque compute unit vers l’intérieur et l’extérieur, puis on remarque immédiatement qu’aucun spaghetti de câbles n’est nécessaire pour tout interconnecter. ‘Là où il y a des câbles, il y en a intrinsèquement qui sont mal couplés. On élimine ces erreurs humaines avec Oxide’, déclare Bryan Cantrill avec enthousiasme. Les câbles sont bien sûr là, mais ils sont dissimulés en arrière-plan. Chaque Oxide dispose de 32 glissières dans lesquelles on peut insérer autant de chariots, sans avoir à effectuer de câblage par la suite. Un tel chariot contient tout le nécessaire pour un ordinateur: un CPU d’AMD, une mémoire DRAM et une capacité de stockage (jusqu’à 32 TBps par chariot).

‘Le matériel et les logiciels sont également entièrement intégrés, et tout est spécialement conçu pour pouvoir fournir de l’hyperscale cloud computing… dans un centre de données sur site. Avec un tel ordinateur Oxide (cliquez ici pour trouver toutes les spécifications, ndlr), vous pouvez donc, en tant que développeur, construire, exécuter et exploiter des appliances avec les avantages bien connus du cloud hyperscale, tels qu’une sécurité améliorée et une latence réduite. Et ce qui frappe aussi immédiatement: sans tout le bruit des ventilateurs et les courants d’air chaud à l’arrière comme c’est le cas dans la plupart des centres de données. C’est là le résultat direct d’une concertation entre Oxide et le fournisseur des ventilateurs.

Adam Leventhal montre à quoi ressemble l’intérieur de chaque module extensible ou chariot’. © KVdS/DN

Un cloud privé, mais ne l’appelez pas ainsi

En substance, on peut donc résumer Oxide à un cloud entièrement privé qui tourne entièrement localement dans votre propre centre de données. Cantrill acquiesce, ‘mais nous évitons délibérément le terme cloud privé, qui est désormais brûlé, parce que tous les acteurs lui ont donné leur propre interprétation. Mais c’est effectivement le cas. Votre propre cloud privé sur votre propre matériel avec vos propres logiciels et sur lequel vous exercez un contrôle total. Et ce, avec tous les avantages des hyperscalers par-dessus’, voilà comment Cantrill présente la configuration d’Oxide.

Oxide a été fondée en 2019 et compte aujourd’hui quelque 75 employés: un nombre que les fondateurs souhaitent voir évoluer rapidement vers 100. ‘La pandémie nous a ralentis’, entend-on encore. En attendant, les investissements sont là. L’année dernière, Oxide a ainsi levé 44 millions d’euros lors d’une phase d’investissement de série A dirigée par Eclipse. Oxide a annoncé la nouvelle en même temps qu’elle a dévoilé son premier ordinateur cloud disponible dans le commerce. En tout, Oxide peut ainsi compter sur 78 millions de dollars de financement depuis sa création.

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