Pieterjan Van Leemputten

Ohé le gouvernement, apprenez d’abord à gérer la confidentialité, avant de vouloir l’enfreindre davantage!

Bonjour! C’est un membre du tout-puissant lobby de la vie privée qui vous parle. Normalement, compte tenu de la nature de notre association, nous sommes un peu plus discrets sur notre adhésion. Mais les récentes évolutions font que je souhaite m’identifier comme un lobbyiste de la protection de la vie privée et soumettre tout de go une proposition constructive à nos décideurs politiques.

La raison de cette proposition réside dans les déclarations de la commissaire aux drogues, Ine Van Wymersch. Dans la lutte contre les criminels de la drogue, elle critique le fait que le cryptage ne peut être contourné et que l’ensemble de notre trafic téléphonique et de chat n’est pas sauvegardé. Une position réitérée par le CEO de Child Focus, Heidi De Pauw, dans le combat contre la maltraitance des enfants. Voilà des points de vue très compréhensibles de la part de deux personnes extrêmement compétentes et professionnelles. Mais qui ont un peu de mal avec la législation et son évaluation constitutionnelle.

Le fait que tout ne soit pas stocké indéfiniment, est limité par une loi qui permet déjà beaucoup de choses. A tel point qu’une version antérieure de 2013 a été annulée par la Cour Constitutionnelle en 2015. En 2021, une deuxième version a été rejetée par la Cour Constitutionnelle et la Cour Européenne de Justice, alors que la version actuelle est également contestée juridiquement par des associations telles que, euh.. La Ligue des Droits de l’Homme et la Ligue des Droits Humains. Peut-être qu’elles agissent ainsi, parce qu’elles vendent secrètement de la kétamine, ou peut-être par inquiétude, qui sait?

Mais je ne vais pas vous ennuyer avec des questions secondaires comme la jurisprudence. Cette loi sera votée et si elle est abandonnée, une nouvelle verra le jour. Dans ce pays, tout peut être politiquement bloqué, mais il reste toujours bien cinq minutes pour prendre des initiatives visant à porter atteinte à notre vie privée.

Quiproquo

Ohé le gouvernement, je suis venu pour négocier. L’assemblée générale secrète des lobbyistes de la protection de la vie privée m’a donné pour mandat d’en tirer le meilleur parti. Admettons-le: vous êtes autorisé à continuer à porter atteinte à notre vie privée. Stockez les métadonnées de chacun pendant dix ans ou plus, obligez les plates-formes à supprimer le cryptage ou à y percer des trous, et tant qu’on y est, associez immédiatement les données de localisation de notre smartphone ou de notre voiture à notre numéro de registre national.

Nous ne demandons que deux choses en retour: que vous traitiez cela avec un certain professionnalisme et que nous, en tant que citoyens, ayons également accès aux actes de nos dirigeants.

Permettez-moi d’entrer dans les détails. Par exemple, il ne peut être permis à un policier de quartier de Heist-op-den-Berg d’effectuer 108.000 recherches (180 par jour) pour trouver des données sur ses amis, sa famille et ses collègues. Et cet homme ne devrait pas s’en tirer avec une peine avec sursis. Soit dit en passant, je n’ai trouvé aucun rapport indiquant que l’homme avait été licencié. J’ai appris que cela avait été révélé lors de l’enquête sur exactement les mêmes faits commis par un collègue dans la même zone de police.

Ou qu’une intercommunale comme Limburg.net, alors que les données de presque toutes les familles limbourgeoises se retrouvent dans la rue, les rejette comme étant ‘d’anciennes données’, alors qu’il s’agit d’adresses et de numéros de registre national. Vous ne m’entendrez pas dire qu’il s’agit d’un mensonge ou d’une incompétence, mais les deux sont inquiétants à observer dans un service gouvernemental qui détient des données personnelles.

Ou lorsque la police de Zwijndrecht avait si mal sécurisé l’accès aux amendes pour excès de vitesse, aux plaques d’immatriculation et aux rapports de police qu’un pirate informatique devait simplement deviner le mot de passe. C’était en 2022, à une époque où l’authentification multi-facteur aurait dû être la norme depuis un certain temps.

Le manque de sécurité et la curiosité humaine sont souvent à l’origine de ce type d’incidents. En 2016 déjà, nous avions appris que 15 atteintes à la vie privée avaient été identifiées par le gouvernement flamand au cours des années précédentes. Et en 2021, nous avions appris que moins de la moitié des communes flamandes font auditer leur sécurité ICT. Espérons que les incidents les plus récents à Anvers et à Diest aient été ici le signal d’alarme nécessaire.

Nous, du lobby de la protection de la vie privée, demandons simplement que toutes les personnes impliquées, au service du gouvernement, traitent ces données avec un certain professionnalisme. Sécurisez-les bien, communiquez ouvertement et honnêtement à leur sujet et, si ce n’est pas trop demander, ne gardez rien qui ne soit pas nécessaire, au cas où les choses tourneraient mal.

S’il y avait un problème quand même, il convient que les erreurs ou les abus soient traités avec sérieux avec, à la clé des peines de prison, des prises de responsabilité personnelles, etc. Si je peux me retrouver en prison à cause négligences sociales de ma part, pourquoi un ministre ou un haut fonctionnaire y échapperait-il pour des méfaits ayant fait nettement plus de victimes? Si vous êtes sûr de pouvoir effectuer ces tâches de manière excellente et professionnelle, vous n’avez rien à craindre.

Le citoyen, votre ami

Notre deuxième requête est ce que nous appelons dans le langage de management un ‘level playing field’. Vous, cher gouvernement, vous pouvez nous contrôler. Mais pour s’assurer que cela se fait avec les meilleures intentions, le citoyen devrait pouvoir aussi vous contrôler. Pas par des requêtes WOB interminables qui reçoivent à peine une réponse et dont la moitié sont éliminées. Non, donnez-nous simplement un flux en direct de chaque décideur politique, et nous conserverons ces informations pendant, disons, 2 à 3 ans.

Des messages WhatsApp entre collègues? Public. Des courriels provenant de votre compte professionnel? Public. Des DM, des appels téléphoniques? Public. Des mails depuis votre compte privé? Ceux-ci peuvent rester privés pour le moment, mais ils seront archivés pendant 10 ans et rendus publics si l’on soupçonne que vous utilisez également ce compte à des fins professionnelles.

Cela s’appliquerait aux ministres, aux membres du cabinet, aux bourgmestres, aux échevins, aux hauts fonctionnaires, aux administrateurs des intercommunales ou aux entreprises publiques et aux services de police.

Je comprends que cela puisse paraître un peu intense, mais pas de panique: nous traiterons tout cela correctement de manière professionnelle et éthique. Vous n’avez rien à craindre si vous ne faites rien de mal. De plus, vous êtes tellement sûr de pouvoir fonctionner beaucoup mieux en interceptant et en stockant davantage de données sur les citoyens. Cela renforce mon sentiment que le citoyen gagnera également en confiance et en intérêt au sein du monde politique et du gouvernement si vous partagez autant que possible avec lui. Et si nous concluions un accord dans ce sens?

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