‘La formation est aussi votre propre responsabilité’

Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

L’informaticien ne devrait-il pas prendre lui-même ses responsabilités de carrière et chercher à actualiser ses connaissances ? “Les formations, la littérature technique, les conférences, les cours en ligne, les séminaires et Webinaires : les perspectives sont variées”, écrit Kristof van der stadt.

” Non, le métier d’informaticien n’est pas fait pour toi ! ” Voilà la réponse qui me fut donnée par le centre PMS à l’âge de 17 ans comme conseil d’orientation scolaire. Pas suffisamment bon en maths fut l’argument évoqué. Lorsque je revois mes bulletins, je peux comprendre : voilà qui explique d’ailleurs que je manie désormais davantage les lettres que les chiffres. Mes études de communication étaient en effet faites pour moi : à l’époque, un choix pour ceux qui ne savaient pas vraiment faire de choix.

La formation est aussi votre propre responsabilité

Je n’ai aucune idée si de tels raisonnements restent aujourd’hui valables, mais ils ne sont certainement plus d’actualité. Non que je veuille me lancer dans l’informatique, mais que j’aurais pu réussir. Car à peine 6 informaticiens sur 10 actifs actuellement dans l’IT ont effectivement suivi une formation liée à l’informatique, comme il ressort de notre enquête Salaires dont les résultats sont analysés dans ce numéro. La réalité est que bio-ingénieurs, psychologues, philosophes, historiens et même diplômés en communication travaillent désormais dans le secteur IT. Le fait que la profession d’informaticien soit un métier en pénurie – on recense selon Agoria quelque 16.000 emplois vacants – ne fait que renforcer cette évolution. En effet, la pénurie sur le marché finit par assécher le vivier traditionnel de profils IT. Dès lors, un nombre croissant d’entreprises recrutent pour des fonctions IT des candidats qui n’ont pas forcément un profil spécialisé. Les connaissances requises ? Elles seront apportées par l’employeur lui-même. Un point de vue que défend d’ailleurs aussi le pouvoir public qui a récemment lancé le projet Java@FIN, visant à former des développeurs pour le SPF Finances. L’administration s’adresse pour ce faire à Switchfully, une ‘spin-off’ de Cegeka. Celle-ci est hébergée chez BeCentral, qui abrite aussi notamment l’école de codage gratuite BeCode par ailleurs aussi présente à Gand, Genk et Anvers, et qui ambitionne de s’étendre massivement. En outre, BeCode et Microsoft ont annoncé le mois passé une collaboration avec Xylos, Cronos Groep, Faktion, Delaware et KPMG pour ouvrir la première école d’IA ¬ à terme, 9 écoles formeront chaque année 500 spécialistes IA.

La pénurie sur le marché finit par assécher le vivier traditionnel de profils IT.

Mais le défi de la pénurie ne s’arrête pas là. Ces dernières années, de nombreux informaticiens n’ont pas actualisé leurs compétences technologiques. Mais quid si ces technologies sont abandonnées ou si une autre plateforme est subitement choisie ? Voilà bien une constante de notre enquête Salaires : les informaticiens se plaignent d’avoir trop peu de formations. Près de 4 sur 10 indiquent aussi que les possibilités de formation offertes jouent un rôle important dans le choix d’un employeur. Reste à savoir s’il appartient uniquement à l’employeur de former/recycler son personnel IT. L’informaticien ne devrait-il pas prendre lui-même ses responsabilités de carrière et chercher à actualiser ses connaissances ? Les formations, la littérature technique, les conférences, les cours en ligne, les séminaires et Webinaires : les perspectives sont variées. Au final, il vous appartient en tant qu’informaticien de prendre votre carrière en main – tout comme le médecin ou le plombier.

Quant à savoir si j’aurais fait un bon informaticien, la question reste posée. Même s’il n’est jamais trop tard pour se recycler…

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