Le secteur technologique belge est sous pression. Selon des chiffres récents d’Agoria, 2.350 emplois avaient disparu dans le secteur ICT et plus de 6.550 dans l’industrie manufacturière technologique fin octobre 2025, ce qui représente une perte totale de près de 9 000 emplois dans l’ensemble du secteur.
Selon Bart Steukers, CEO de l’Association belge des entreprises technologiques, de multiples facteurs entrent en jeu: ‘Il n’est pas vraiment question de suppression d’emplois à cause de l’IA. Notre récente enquête auprès de quelque quatre cents entreprises montre que les gains de productivité liés à l’IA ne représentent que trois pour cent de l’impact. La plus forte pression provient de facteurs traditionnels: coûts salariaux élevés, coûts de l’énergie, difficultés à attirer les meilleurs talents et prudence des clients industriels lors de l’attribution de contrats IT. Tous ces éléments exercent un impact direct sur le secteur informatique.’
L’incertitude des politiques (inter)nationales ralentit le marché
Steukers souligne également l’incertitude au niveau international: les droits de douane et l’incohérence de la politique européenne, notamment en matière de transition écologique, engendrent des hésitations chez les entreprises. ‘Lorsque cette incertitude s’ajoute aux coûts élevés qui freinent la concurrence et les nouvelles technologies comme l’IA, le marché ralentit naturellement’, explique le CEO d’Agoria. ‘Nous avons besoin d’un soutien constant à la recherche et au développement, ainsi que d’incitants pour fidéliser les talents. Sans cela, nous perdrons notre seul véritable atout pour la croissance future: notre innovation. La décision du gouvernement de ne pas indexer les réductions d’impôt pour les sociétés à responsabilité limitée dans l’accord budgétaire ne me rend pas optimiste.’
La cybersécurité en plein essor
Il est clair que le secteur informatique dans son ensemble est sous pression. Cependant, une lueur d’espoir se dessine dans le domaine de la cybersécurité. Selon l’étude socio-économique d’Agoria sur le secteur de la cybersécurité en Belgique, le nombre total d’emplois à temps plein est passé de 6.405 en 2021 à 9.750 en 2025, soit une croissance de 52 pour cent. Si le nombre de postes vacants a légèrement diminué, passant de 1.205 à 1.170, la pénurie de professionnels spécialisés en cybersécurité demeure importante: il manque 6.190 experts, avec un taux de vacance de 12,4 pour cent nettement supérieur à la moyenne belge du secteur IT (5,3 pour cent).
Ces chiffres montrent que la demande en matière de sécurité numérique et d’expertise spécialisée reste élevée, surtout en cette période géopolitique incertaine.