Google a récemment licencié plus de deux cents collaborateurs extérieurs chargés d’évaluer et d’améliorer les produits d’IA, dont Gemini et AI Overviews.
Ces licenciements ont pour cadre un conflit latent lié à des salaires insuffisants, à une forte pression au travail et à la crainte des collaborateurs de se préparer surtout à leur propre remplacement. Les collaborateurs licenciés, souvent appelés ‘raters’ (évaluateurs), travaillent chez des sous-traitants tels que GlobalLogic à ajuster les performances des modèle d’IA génératifs de Google. Ce sont eux qui doivent évaluer la qualité, la précision et la sécurité des réponses générées par l’IA, ce qui constitue une étape cruciale dans le développement de nouveaux outils comme AI Overviews. AI Overviews est cette fonctionnalité controversée dans le moteur de recherche Google, qui génère automatiquement des résumés d’articles au moyen de l’IA. Tant en Europe qu’aux Etats-Unis, des éditeurs portent par conséquent plainte contre Google.
Des éditeurs déposent une plainte antitrust contre Google à propos des résumés d’IA
Timing singulier
Le magazine américain Wired qui a eu vent des nouveaux licenciements, a parlé avec plusieurs personnes concernées. Il en ressort que les licenciements étaient tout à fait inattendus, mais que Google les justifie en évoquant un ‘recul du projet’. Il n’empêche que le timing est singulier. La phase de licenciements résulte de mois d’inquiétude croissante parmi les collaborateurs. Ces derniers se plaignent depuis assez longtemps déjà de leurs salaires qui ne seraient pas adaptés au marché, mais aussi d’une pression irréaliste sur le lieu de travail. Des travaux doivent souvent être terminés au bout de quelques minutes seulement, ce qui, selon eux, va à l’encontre de la qualité du travail d’évaluation. ‘Nous nous sentions sous-estimés et avions l’impression d’être considérés comme remplaçables’, a déclaré l’un des collaborateurs licenciés à Wired.
Former l’IA à des fins de remplacement
Une préoccupation plus profonde était la nature précaire de leur emploi. Les ‘évaluateurs’ licenciés craignaient qu’ils ne soient en fait en train de former les algorithmes qui les rendraient superflus à terme. Sur base de cette préoccupation, combinée aux mauvaises conditions de travail, un groupe d’employés avait déjà essayé de s’organiser, de partager des informations et de tenter de forcer de meilleures conditions de travail. Selon les personnes concernées, Google a délibérément rendu cette communication plus difficile en limitant les canaux sociaux internes, ce qui n’a fait qu’accroître les tensions.