Le web mondial fête ses 25 ans: le temps est-il venu pour une ‘constitution numérique’?

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Michael Ilegems Responsable musique Knack Focus

C’est le 12 mars 1989 que Tim Berners-Lee présenta les bases de ce qui allait devenir plus tard le web mondial. 25 ans après, il plaide pour une ‘constitution numérique’.

Tim Berners-Lee – le père spirituel du web mondial, pas d’internet – estime que le moment est venu pour une ‘Magna Carta’ online, un standard international destiné à protéger l’indépendance du support et les droits de ses utilisateurs. Voilà ce qu’il a déclaré dans une interview accordée à The Guardian.

Berners-Lee fait observer que le web ploie aujourd’hui sous le poids des attaques de gouvernements et d’entreprises internationales. Pour protéger le système “ouvert et neutre”, il convient d’élaborer de nouvelles règles. Nous avons besoin d’une constitution globale, un enregistrement des droits”, déclare-t-il. “Sans ce genre d’internet accessible et neutre, point de gouvernement ouvert, de démocratie valable, de soins de santé corrects, de solidarité entre les communautés et de diversité culturelle. Il n’est pas naïf de penser que l’on puisse y arriver, mais il est naïf d’estimer que cela puisse se faire par une simple pirouette.”

L’inventeur du web prend dès lors lui-même l’initiative. Sur le site web ‘The Web We Want’, il lance un appel pour la création de droits numériques dans chaque pays. Berners-Lee espère que cette initiative sera soutenue par des instances publiques, des autorités et des entreprises et que la campagne s’emballera.

Tim Berners-Lee dénonce les pratiques des services d’espionnage américain et britannique NSA et GCHQ. Dans la ‘Magna Carta’, il s’agira donc aussi d’explorer les principes de confidentialité, d’anonymat et de liberté d’expression. “Nos droits sont de plus en plus bafoués de tous côtés. Le danger, c’est que cela devienne simplement une réalité. Je veux profiter du vingt-cinquième anniversaire du web pour reprendre celui-ci en main et pour enregistrer ce que nous voulons en faire au cours des vingt-cinq prochaines années”, a affirmé Berners-Lee.

Pour faire fonctionner ce genre de ‘constitution numérique’, il est nécessaire, selon lui, que “nos politiciens et nos juges soient initiés à la programmation. Ils doivent comprendre ce que peut faire un ordinateur. Nous devons aussi revoir nombre de structures légales, comme la loi sur les droits d’auteur.

En outre, Tim Berners-Lee critique dans The Guardian la forte influence des Américains sur le web. Le fait que les adresses IP et les noms de domaine soient gérés par une fondation qui fait partie du ministère américain du commerce, n’est plus logique, selon lui, en cette ère d’internet international. Enfin, le père spirituel du web est également préoccupé par la ‘balkanisation’ possible du web, par laquelle des pays ou des organisations délimitent leur propre espace numérique et déterminent leurs propres règles, dans l’optique d’une censure, d’une régulation ou à des fins commerciales.


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