‘La nouvelle Barbie écoute les enfants’

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Les défenseurs du respect de la vie privée viennent de lancer une campagne en ligne contre la nouvelle poupée Barbie qui parle de Mattel. Le poupée transmet ses conversations avec les enfants sans fil vers des serveurs internet et représente de ce fait une sérieuse violation du respect de la vie privée des enfants et de leur famille, selon les activistes.

La nouvelle ‘Hello Barbie’, annoncée le mois dernier par le fabricant de jouets Mattel, est une impressionnante prouesse technologique. La poupée dispose en effet d’un microphone incorporé et est reliée sans fil aux serveurs internet de ToyTalk, un partenaire de Mattel. Les conversations entre l’enfant et la poupée y sont alors analysées au moyen de la technologie de reconnaissance vocale, afin que la poupée puisse répondre à l’enfant via le haut-parleur. La poupée apprend des choses à partir des conversations et retient des informations pour ses futures réponses.

Conversations intimes

Tout cela n’impressionne guère les défenseurs du respect de la vie privée. “Les enfants qui parlent à Hello Barbie, ne le font pas seulement avec une poupée, mais aussi directement avec un géant des jouets pour qui seul l’aspect financier compte”, explique Susan Linn, directrice de la ‘Campaign for a Commercial-Free Childhood’ (CCFC). “C’est sinistre et cela engendre toute une série de dangers pour les enfants et les familles.”

Angela Campbell, professeur de droit à la Georgetown University et experte en matière de confidentialité, fait aussi part de ses objections: “Si j’avais des enfants, je serais très préoccupée du fait que leurs conversations intimes avec la poupée soient enregistrées et analysées. Dans la démo de Mattel, Barbie pose un certain nombre de questions susceptibles de fournir un tas d’informations sur les pôles d’intérêt de l’enfant ou de sa famille. Ces informations peuvent s’avérer très importantes pour les annonceurs et être utilisées pour faire de la publicité ciblant les enfants.”

Mattel argumente qu’il ne fait que répondre à la demande des enfants depuis des années déjà. “La demande que nous recevons le plus souvent de la part des petites filles au niveau mondial, c’est de pouvoir parler avec Barbie”, affirme Stephanie Cota, vice-présidente de Mattel, dans une réaction au journal USA Today. “C’est ce que nous avons rendu possible avec Hello Barbie.”

Meilleures amies?

En outre, insiste Mattel, l’on demande l’autorisation des parents avant que le micro de la poupée se mette à enregistrer.

Mais cela ne protège pas pour autant les enfants, selon la CCFC. L’organisation dénonce également les déclarations d’une porte-parole de Mattel. Lors d’une démonstration, celle-ci avait déclaré que la poupée “approfondirait la relation entre les petites filles et Barbie”, et que le but est qu’elles deviennent à terme “les meilleures amies”.

“Les algorithmes informatiques ne peuvent remplacer la relation nuancée entre des personnes qui se côtoient”, prétend le logopède Dipesh Navsaria de l’University of Wisconsin. “Le bien-être des enfants et leur saine évolution nécessitent des relations et des conversations avec de vraies personnes, de vrais amis. Les enfants ne doivent pas être soumis à des messages commercialement fabriqués et artificiellement composés après écoute de chaque conversation enregistrée par des microphones.”

La CCFC a lancé ce mercredi une pétition en ligne pour faire entendre raison à Mattel et a déjà collecté deux mille signatures.

(IPS)

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