“Il faut supprimer le vote électronique”

“D’un point de vue démocratique et technique, le vote électronique doit être supprimé. Remplacer l’ordinateur de vote par un système similaire n’a que peu de sens.” Cette prise de position tranchée est émise par Carlos De Backer, professeur à l’université d’Anvers.

“D’un point de vue démocratique et technique, le vote électronique doit être supprimé. Remplacer l’ordinateur de vote par un système similaire n’a que peu de sens.” Cette prise de position tranchée est émise par Carlos De Backer, professeur à l’université d’Anvers.

Alors que l’expiration du contrat de maintenance des ordinateurs de vote est proche, le dossier du vote électronique refait surface. Certes, personne ne niera que le recours à l’informatique permet de faciliter la procédure de décompte des voix. D’ailleurs, les partis et les citoyens n’ont jusqu’ici émis que peu de critiques à l’égard du système de vote proprement dit. Reste que, selon le professeur Carlos De Backer, “la technologie ne permet pas de répondre pleinement aux exigences strictes en matière de convivialité tandis que les mesures de sécurité et de controle sont largement sujettes à caution. L’électeur doit admettre que tout est correctement enregistré avant d’être traité sans la moindre erreur possible.”

Le professor Carlos De Backer se lance dans un plaidoyer vibrant contre le vote électronique. “L’introduction des ordinateurs de vote dans les bureaux de vote est intervenue à une période où tout ce qui n’était ni trop grand, ni trop complexe était informatisé. Ce projet d’informatisation demeure un cas d’école de la vague d’informatisation débridée qui a déferlé sur la dernière decennie du siècle dernier.”

Toujours selon Carlos De Backer, la conception même de l’ordinateur de vote est contraire aux lois les plus élémentaires sur la convivialité. “Le système a été conçu par et sans doute aussi pour des informaticiens qui n’ont guère tenu compte de la grande diversité des utilisateurs. C’est ainsi qu’un écran CRT de taille réduite limite non seulement la lisibilité, mais aussi la vue d’ensemble.” De même, le recours à un stylo comme support d’entrée n’est guère convivial, alors que la carte magnétique pose aussi des problèmes. “Au plan technique, l’ordinateur de vote ne répond pas suffisamment au principe démocratique qui veut que que chaque votant soit traité sur pied d’égalité. Le système actuel viole ce principe démocratique pour les personnes malvoyantes, âgées, à faible niveau d’instruction ou peu familiariées avec l’outil informatique.”

Sur le plan du contrôle également, l’électeur est négligé. “La carte magnétique qui lui est remise est-elle bien vierge? Son vote est-il correctement enregistré sur la carte? Les données enregistrées sur la piste magnétique peuvent-elles ensuite être relues? Les données lues correspondent-elles aux données qu’il a voulu enregistrer?”

En outre, le professeur remet en question la phase préparatoire et le traitement a posterio, le décompte des voix. “Le logiciel de vote fonctionne-t-il correctement en toutes circonstances? Le logiciel correct est-il transmis aux administrations communales? Le logiciel peut-il être modifié à un quelconque moment? Une disquette est-elle un support suffisamment fiable pour la distribution d’un tel logiciel? Le logiciel peut-il être copié? Le bon logiciel est-il chargé sur les ordinateurs? Le logiciel de décompte fonctionne-t-il correctement?”

Autant de questions qui poussent le professeur De Backer à réclamer la suppression du vote électronique.

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