Copyright ne signifie pas ‘right to copy’

Luc Blyaert était rédacteur en chef de Data News

En 1979, on retrouve dans un banal petit immeuble de Xian en Chine des copies de médicaments de Paul Janssen.

En 1979, on retrouve dans un banal petit immeuble de Xian en Chine des copies de médicaments de Paul Janssen. “Au lieu d’attaquer en justice cette société, Paul Janssen chercha le moyen de conclure un accord de collaboration. Et Xian Janssen est aujourd’hui une co-entreprise particulièrement florissante et qui truste les plus prix les plus prestigieux”, a expliqué Ajit Shetty de Johnson & Johnson au cours du récent week-end Leadership de Paris. Et de louer l’approche stratégique visionnaire de Paul Janssen.

Il semble désormais que le géant chinois des télécoms Huawei suive la même stratégie avec Option. Certes, Option n’est pas un simple suiveur, mais a même longtemps faire figure d’innovateur. Mais au lieu de s’engager dans un bras de fer avec Option ainsi qu’avec la Commission européenne, Huawei a décidé d’injecter 21 millions EUR dans Option. Soit pratiquement le même montant que celui investi à l’époque par Janssen à Xian. Pour Huawei, qui réalise un chiffre d’affaires de l’ordre 22 milliards EUR, il s’agit d’une broutille, mais pour Option un monde de différence.

On ne peut reprocher à Jan Callewaert de vouloir couler son entreprise, de se vendre aux Chinois et de faire à terme, qui sait, d’Option le point d’ancrage de Huawei sur le marché européen. Mais pourquoi ne pas mettre sur pied une joint-venture? Qui serait quand même préférable à un rachat, n’est-ce pas?

On ne peut reprocher à Jan Callewaert d’avoir subitement pris un virage à 180° et d’avoir ravalé ses reproches sur la toute puissance chinoise et ses pratiques de dumping. Mais cela ne signifie pas pour autant que la concurrence déloyale ait soudainement disparu. La Chine n’a pas bien compris le terme ‘copyright’ et l’a confondu avec ‘right to copy’. Huawei est certes aujourd’hui le plus important fournisseur télécom au monde et le partenaire privilégié de très nombreux opérateurs télécoms, dont Proximus et Mobistar. La Commission européenne, Neelie Kroes et Karel De Gucht en tête, doit dès lors faire front et poursuivre son enquête, l’approfondir et la soumettre à Peking. Les Chinois devront avaler cette pilule amère.

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