Vous voulez un gain ultrarapide dans le secteur ICT? Engagez des femmes!

Les femmes sont largement sous-représentées dans les études et carrières ICT en Belgique. Une enquête menée en 2010 par IT Job Board a révélé que 61% des organisations ICT belges participantes employaient trois ou moins de trois femmes et que 29% n’employaient aucune femme du tout.

Les femmes sont largement sous-représentées dans les études et carrières ICT en Belgique. Une enquête menée en 2010 par IT Job Board a révélé que 61% des organisations ICT belges participantes employaient trois ou moins de trois femmes et que 29% n’employaient aucune femme du tout. La récente étude Data News consacrée aux étudiants ICT belges affiche la même tendance : 7,5% seulement des étudiants ICT récemment embauchés sont des femmes. Mais ce pourcentage représente une amélioration de 1,2% par rapport à l’année dernière.

Les raisons pour lesquelles si peu de femmes choisissent des études et carrières ICT – ainsi que les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM) en général – sont nombreuses. Toutefois, le fait que cette situation persiste est très difficile à expliquer face à une pénurie constante de 10 000 travailleurs ICT qualifiés en Belgique. Lorsque les emplois les plus recherchés, notamment pour les analystes et gestionnaires de projets, requièrent des compétences qui peuvent être acquises en dehors de la formation ICT traditionnelle, une explication devient encore plus aléatoire.

Le déficit de compétences ICT, engendré par une croissance soutenue dans ce secteur malgré un paysage économique globalement sombre, est un thème récurrent dans les secteurs du commerce et des médias de grande diffusion où des patrons en costume trois pièces déplorent le manque de travailleurs qualifiés et craignent un ‘effondrement’ imminent des compétences avec des chiffres en matière de postes ICT non comblés qui s’élèveront à 50 000 d’ici 2020. Et plus ces histoires font surface, plus je me demande si la situation est claire pour tout le monde : pour surmonter le déséquilibre des compétences à court terme sur le marché des emplois ICT et assurer la viabilité à long terme du secteur, nous devons faire bien plus aujourd’hui pour attirer les filles et femmes dans l’ICT.

La Sainte (l’Infâme) Trinité de la Sagesse Commune (Inhabituelle) : Je suis arrivée à cette conclusion en observant ce qui suit :

1. Comme indiqué au préalable, le secteur ICT est confronté à une pénurie de travailleurs qualifiés et ce ‘déficit de compétences’ s’intensifie au fur et à mesure que le secteur se développe ;

2. Les femmes peuvent acquérir rapidement des compétences : elles sont susceptibles de décrocher des diplômes postsecondaires, elles peuvent être ‘recyclées’ d’une carrière vers une autre et elles possèdent des dénommées compétences générales (enseignées ou apprises) qui contribuent à l’occupation efficace de certains des postes les plus recherchés dans le secteur de l’ICT ; et

3. L’effort supplémentaire requis pour encourager plus de femmes à se lancer dans des études et carrières ICT est marginal par rapport au potentiel économique perdu lié au fait de laisser des postes non comblés, de les combler en faisant appel à des travailleurs étrangers, etc.

Autrement dit, une promotion directe des études et carrières ICT auprès des femmes peut être synonyme de bénéfices rapides pour le secteur et pour les entreprises suffisamment malignes et rapides pour emboîter le pas. Personnellement, je promeus les compétences STIM auprès des filles – et bien que je fasse référence aux ‘filles’, cette pensée s’applique aussi aux jeunes collégiennes et aux femmes à mi-carrière : vu que la connaissance est le pouvoir, nous avons besoin de plus de femmes pour façonner notre société future. Les filles méritent plus de choix et de meilleurs choix dans leur cheminement de carrière future. L’industrie peut aussi tirer clairement profit du contournement de ce double obstacle que représentent le sexe et les compétences.

Action affirmative : Pour surmonter ce double obstacle, la fréquence des actions suivantes doit être accrue dès maintenant :

1. Promouvoir l’ICT auprès des filles : impliquer directement les filles dans des approches pratiques qui démontrent la valeur des compétences ICT. La recherche prouve que les filles réagissent mieux lorsqu’elles ont droit à un traitement particulier et que ces environnements d’apprentissage mixtes garçons/filles ne sont pas toujours aussi bénéfiques pour les filles qu’ils le sont apparemment pour les garçons.

2. Commencer jeune : les filles qui ont 12 ans aujourd’hui en auront 20 en 2020 et il est à la fois plus facile et moins coûteux de les cibler aujourd’hui pour attirer leur attention sur l’ICT que d’attendre qu’elles aient déjà pris des décisions de vie potentielles, autrement dit à l’âge de 15 ans pour bon nombre d’entre elles.

3. Efficacité du marché : Ne pas promouvoir l’ICT par souci d’ICT. Comme tous les jeunes, les filles doivent apprendre l’ICT d’une façon pratique qui prouve que les technologies numériques sont utiles, bénéfiques, amusantes, sociales et captivantes. Elles doivent se voir confier des tâches créatives qui, une fois maîtrisées, deviennent une ouverture vers un engagement plus profond et durable. 4. Promouvoir les femmes : “Si elle peut voir l’IT, elle peut être l’IT”. Mettre le visage de femmes sur des affiches et développer des campagnes est une bonne chose, mais organiser des événements qui rapprochent directement les vraies femmes du secteur (et les hommes qui veulent aussi plus de femmes dans l’ICT) de leurs futures collègues féminines est la meilleure façon d’encourager les filles à se lancer dans des études et carrières dans l’ICT.

Il est évident que ces actions doivent être menées dans le contexte d’un engagement de toute l’industrie en faveur d’une diversité accrue dans les organisations ICT et dans le secteur proprement dit – sous l’impulsion bien entendu des leaders de l’industrie – associé à des changements structurels concrets qui peuvent être plus ou moins draconiens : d’une formation autour de la disparité entre les sexes pour les professeurs, gestionnaires et personnes influentes à des arrangements de travail plus favorables à la famille pour les deux sexes en passant par des actions qui augmentent la visibilité des femmes et le nombre de femmes responsables ICT. Tous ces changements peuvent permettre de rendre l’environnement plus large plus attractif pour les femmes, mais les obstacles sont nombreux et l’apport d’un réel changement prend du temps.

Une action spécifique que je recommande pour au moins commencer à sensibiliser davantage la population au problème de la sous-représentation des femmes dans l’industrie ICT – pour que la question puisse être plus largement discutée, considérée et débattue – est d’établir clairement l’arrivée d’un nombre plus élevé de femmes dans le secteur ICT comme une priorité pour le secteur et de commencer à collecter et à partager régulièrement et largement des données relatives à la réalisation de cet objectif.

Le fait est que toutes les actions qui permettent de promouvoir une représentation accrue des femmes dans le secteur ICT – pour autant qu’elles évitent d’engendrer des stéréotypes négatifs et qu’elles ne stigmatisent par les femmes ou des initiatives orientées vers les femmes dans le processus – profitent à la fois aux femmes et au secteur. En ce sens, des actions populaires et concrètes comme celles suggérées ici, qui sont faciles à réaliser et qui peuvent exercer un impact positif et considérable à court et à long termes, sont probablement le meilleur moyen de commencer.

Cheryl Miller Cheryl Miller est la fondatrice et membre du conseil d’administration d’une organisation mondiale basée à Bruxelles qui promeut les compétences STIM auprès des filles. Son entreprise, Zen Digital Europe, est le point de contact belge pour le Centre européen des femmes et de la technologie. Cheryl a récemment lancé DigitalMuse.org, une plateforme mondiale qui enseigne aux filles des compétences numériques par le biais d’initiatives créatives, et est particulièrement intéressée par le développement d’un partenariat ‘femmes et technologie’ qui vise à susciter l’intérêt des filles et à organiser des événements ICT réservés aux femmes en Belgique et en Europe.

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