Un top-investisseur américain dirige une phase de capitalisation de 50 millions de dollars dans Showpad

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Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

Showpad organise cette semaine une phase de capitalisation que l’on peut véritablement qualifier d’historique. Le capital-risqueur américain Insight Venture Partners injecte en effet avec Dawn Capital et Hummingbird Ventures pas moins de 50 millions de dollars dans la plate-forme de ‘content activation’ des Gantois.

Pieterjan Bouten et Louis Jonckheere de Showpad démontrent avec cette phase de capitalisation de série C qu’il est tout à fait possible d’inciter des investisseurs américains à sortir leur portefeuille en faveur d’un éditeur de logiciels ayant son siège principal en Belgique.

A présent, ces investisseurs savent évidemment aussi que le marché européen du capital-risque est moins compétitif que l’américain et que l’on peut chez nous s’en tirer à meilleur compte que dans la Silicon Valley, mais cela n’enlève rien à la performance de l’équipe de Showpad.

Aucune autre entreprise de software b2b européenne n’a encore recueilli autant d’argent cette année et si l’on prend en considération le secteur ICT dans notre pays, Showpad ne doit accepter que la présence de Clear2Pay à ses côtés. L’entreprise fintech de Jürgen Ingels et Michel Akkermans avait en effet en 2009 également récolté 50 millions de dollars dans une phase de capitalisation dirigée par le véhicule américain de private equity Aquiline Capital Partners.

Le nouvel investisseur dans Showpad, Insight Venture Partners, n’est pas n’importe qui. Ce fonds gère une fortune de 13 milliards de dollars et a déjà pris des participations dans des entreprises technologiques telles Alibaba, Twitter, Tumblr, Flipboard, Hootsuite et Zenefits.

“L’année dernière, nous avions annoncé que nous voulions recueillir de l’argent aux Etats-Unis. Nous avons tenu parole”, déclare en riant Pieterjan Bouten, qui dirige Showpad conjointement avec son partner in crime Louis Jonckheere.

“Nous existons depuis cinq ans maintenant. Durant les deux premières années, nous nous sommes surtout concentrés sur notre produit avec une petite équipe. Avec l’argent récolté lors de notre phase A (2 millions de dollars chez Hummingbird Ventures), nous nous sommes rendus aux Etats-Unis et après notre phase B (8,5 millions de dollars auprès du britannique Dawn Capital), nous y avons effectué les premiers pas et attiré les personnes adéquates. A présent, le moment est venu d’évoluer de manière agressive.”

Je préfère quelques pour cent dans une billion dollar company que 100 pour cent dans une entreprise qui ne pèse qu’1 million

En tout, Bouten et Jonckheere ont parlé avec une trentaine d’investisseurs, jusqu’à ce qu’il en subsiste une mini-liste de six noms au début de cette année. “Comme l’intérêt ne manquait pas, nous avons pu négocier un bon accord avec des conditions favorables”, affirme Bouten. “Et finalement, nous nous sommes associés avec le capital-risqueur qui avait notre préférence.”

Les deux autres investisseurs – Hummingbird Ventures et Dawn Capital – ont cette fois encore mis la main à la poche, mais ce sont les Américains qui prennent évidemment à leur compte la plus grande partie de l’investissement (ce qui demeure encore et toujours une participation minoritaire).

Le fondateur et directeur général d’Insight, Jeff Horing, siégera au sein du conseil d’administration de l’entreprise de logiciels, qui est aujourd’hui évaluée à plus de 100 millions de dollars.

Activation de contenu

Showpad occupe 170 personnes (dont une septantaine aux Etats-Unis, 90 à Gand et 10 en Grande-Bretagne) et possède actuellement quasiment 1.000 clients dans son portefeuille (dont Coca Cola, GE, Johnson & Johnson et Bridgestone). L’année dernière, l’entreprise a enregistré un chiffre d’affaires récurrent de 10 millions de dollars, un montant que Bouten entend doubler cette année. Fin 2016, la scale-up devrait disposer de 250 collaborateurs.

“Le potentiel est gigantesque et à coup sûr pas uniquement au niveau des ventes et du marketing”, insiste le co-CEO. “Notre software est également de plus en plus utilisé par le département RH en vue de former des vendeurs. Et pour donner aux employés un accès plus rapide au contenu.”

“Showpad a évolué du stade d’application de vente numérique pour appareils mobiles en une plate-forme d’activation de contenu”, ajoute-t-il encore. “De plus en plus de documents sont créés, mais les entreprises ne parviennent encore et toujours pas à offrir à leur personnel un accès au contenu adéquat au moment voulu. C’est là que nous intervenons. Notre application facilite la localisation de documents, mais aussi leur présentation et leur partage, ainsi que la mesure de leur impact.”

Par ailleurs, Showpad lance cette semaine également un outil d’intégration rénové pour Salesforce, ainsi qu’un plug-in Gmail, qui devrait faire en sorte que les utilisateurs accèdent plus facilement au contenu ad hoc au départ de leur boîte mail.

“Quelques rachats suivront bientôt assurément aussi”, nous confie Bouten. “En premier lieu, nous passons en revue nos concurrents – pensez à Storydesk que nous avons repris, il y a un an et demi -, mais nous nous intéressons également aux start-ups actives dans le contenu et les données massives (big data). Plus nous pouvons introduire de données dans Showpad en vue de rendre notre contenu plus pertinent, mieux c’est pour nos clients.”

“Nous examinons aussi comment rendre le contenu plus attractif, avec des applis HTML 5 interactives par exemple ou avec l’aide d’une fonctionnalité de messagerie. De toute façon, l’objectif est d’étendre encore nettement les possibilités dans les prochains mois. Si Facebook mise fortement sur la VR et sur l’AI, cela aura aussi des conséquences pour nous. Pourquoi ne pourrions-nous pas ajouter une fonctionnalité de réalité virtuelle?”

Exit

Lorsque des investisseurs injectent des millions dans une entreprise, le but est cependant d’effectuer un joli exit ou une entrée en Bourse. “Un exit viendra à coup sûr sur la table, et il nous faudra nous montrer forts”, acquiesce Bouten.

“Nous avons déjà reçu des propositions intéressantes, mais provisoirement, la vente n’est pas à l’ordre du jour. C’est encore trop agréable, et il y a encore tant de potentiel… Timing is key, et c’est un excellent timing pour une phase C.”

“N’oubliez pas que la Silicon Valley vient de connaître une mini-crise. Les valeurs étaient sous pression, et les investisseurs tenaient leur bourse bien fermée. Je ne dois pas vous faire un dessin que dans ces circonstances, il est très agréable pour une entreprise belge de pouvoir attirer un top-investisseur américain.”

“Cet argent ne peut évidemment pas être un but en soi, mais un moyen pour l’atteindre. Le but est de devenir l’un des leaders incontestés en logiciels d’entreprise. Le fait que votre participation se dilue après ce genre de phase de capitalisation, n’est pas grave en soi, si vous pouvez réaliser vos ambitions de croissance. Je préfère quelques pour cent dans une billion dollar company que 100 pour cent dans une entreprise qui ne pèse qu’1 million.”

“Nous pouvons devenir un acteur mondial, à l’image de Salesforce”

Louis Jonckheere, l’autre co-fondateur et co-CEO de Showpad, est lui aussi très satisfait de la phase de capitalisation: “Précédemment, nous avions comme but de réaliser une grande phase de capitalisation avec l’un des meilleurs investisseurs au monde”, déclare Jonckheere de San Francisco, où il s’est établi, il y a trois ans, pour créer la filiale américaine.

“Finalement, ce sera donc Insight Venture Partners, un nom qui figurait tout en haut de notre mini-liste. Ce qui nous a à coup sûr plu, c’est leur expérience avec les entreprises ayant un modèle commercial SaaS, telles Showpad (où les clients paient chaque mois pour un service au lieu d’acquérir d’un seul coup une licence software, ndlr).”

“Insight nous aide non seulement au point de vue financier, mais ils ont aussi une armée d’experts à qui Showpad peut faire appel pour croître et réussir le mieux possible”, explique Jonckheere. “Rien que l’annonce de l’investissement va booster Showpad dans le segment professionnel. Tout un chacun actif en enterprise software nous connaîtra désormais. En outre, Jeff Horing siégera au sein de notre conseil d’administration, ce qui va ouvrir de nombreuses portes. Il n’y a à présent plus aucune raison nous empêchant de devenir nous aussi une billion dollar company.”

“Nous continuons de progresser de manière incroyablement forte, nous disposons d’une bonne équipe et d’investisseurs, avec chaque fois des personnes qui ont déjà développé des entreprises en acteurs mondiaux. La vision est suffisamment large, et nous avons à présent aussi l’argent. Nous pouvons devenir un acteur mondial, à l’image de Salesforce. Tous les facteurs sont désormais réunis. Je ne cesse de le répéter à nos collaborateurs. Un Flamand craint instinctivement ce genre de déclarations hors du commun. Pieterjan et moi avons appris aux Etats-Unis qu’il est important d’être à la fois très réaliste et très ambitieux, sous peine de ne pas créer de grande entreprise.”

“Cela peut encore et toujours échouer”, admet Jonckheere. “Avec notre ambition et notre stratégie, nous arrivons par exemple toujours plus dans le sillage d’entreprises telles Microsoft ou Salesforce. Pour les maintenir à distance, Showpad doit disposer d’un processus professionnel entièrement personnel.”

“Salesforce se distingue dans tout ce qui est lié aux informations clients. Nous devons devenir aussi populaires en activation de contenu, devenir la meilleure plate-forme de stockage, de partage et de présentation de documents numériques. Il sera alors très difficile de nous éjecter, même pour des concurrents plus importants.” (Stijn Fockedey)

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