Tech City UK – “Il n’y a pas une telle ambiance dans la Silicon Valley”

Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

“Avant, c’était des bateaux remplis de thé qu’on déchargeait ici. Aujourd’hui, le high-tech va de pair avec l’art, le design et la vie nocturne”. Notre interlocuteur est Eric Van Der Kleij, CEO de Tech City Investment Organisation. “Nous avons ici quasiment tous les atouts en main pour surclasser la Silicon Valley.”

“Avant, c’était des bateaux remplis de thé qu’on déchargeait ici. Aujourd’hui, le high-tech va de pair avec l’art, le design et la vie nocturne”. Notre interlocuteur est Eric Van Der Kleij, CEO de Tech City Investment Organisation. “Nous avons ici quasiment tous les atouts en main pour surclasser la Silicon Valley.”
C’est dans la jolie Whitechapel Gallery à l’Est de Londres que nous étions attendus pour une journée pleine de ‘battages médiatiques’ de la part de jeunes entreprises britanniques, plus précisément de start-ups établies entre-temps (aussi) dans cette partie de Londres.

“Saviez-vous qu’aux alentours, il existe plus de 100 galeries d’art? A Tech City, l’on trouve aussi le top absolu des agences de design, ainsi que de nombreux cafés et night clubs, déclare Eric Van Der Kleij, CEO de Tech City Investment Organisation. L’on peut qualifier cet endroit de poumon culturel de l’Angleterre avec son vaste hinterland et son histoire riche de plusieurs générations d’immigrants.”

Au beau milieu de ce mix, les start-ups et entrepreneurs ambitieux constituent le fil rouge de ce qu’on appelle la Tech City. Quasiment 600 entreprises technologiques y sont hébergées actuellement: un mélange d’entreprises d’une seule personne et de sociétés plus grandes.

“Mais Tech City n’est pas une ville dans la ville, car nous voulons que notre ‘spirit’ se répande dans la totalité de Londres”, poursuit Van Der Kleij.

Depuis sa création, le cluster ne cesse croître et s’étend toujours plus vers l’est en direction du stade olympique. Ce n’est pas un hasard, car toute cette zone sera réévaluée après les Jeux et transformée en espaces de vie et de bureaux que les ‘techies’ se feront une joie d’occuper.

Plus important encore: la zone olympique bénéficie d’une priorité absolue pour tout ce qui concerne les connexions à haut débit. A propos des Jeux, les organisateurs disent volontiers qu’ils seront les plus connectés de l’histoire.

Tech City de son côté entend devenir le cluster le plus connecté de l’Union européenne, comme l’explique avec enthousiasme Van Der Kleij. C’est là aussi l’un des principaux défis du moment, semble-t-il. “Davantage de haut débit et plus rapide, c’est absolument nécessaire”, apprend-on. L’on y travaille d’ailleurs très activement, à ce que l’on dit. 9 milliards £ ont déjà été investies dans l’infrastructure du stade olympique. Et pour l’opérateur BT, c’est toute la zone ‘techie’ qui est l’une des priorités.

Musique

Last.FM, Doppler, Tweetdeck, Moo: ce ne sont là que quelques noms ronflants qui ont grandi à Tech City. Aujourd’hui, de 50 à 100 start-ups y sont installées, dont on prétend qu’elles se distinguent.

C’est du moins ce qu’on dit, car c’est la loi du silence à propos des chiffres dans le milieu. Ce qui étonne, c’est proportionnellement, le grand nombre de start-ups musicales. SoundCloud et Mixcloud par exemple se trouvent toutes deux à Tech City parfois qualifiée de ‘Silicon Roundabout’ en guise de clin d’oeil révélateur!

“Nous incitons à coup sûr les grandes sociétés à s’installer ici, poursuit Van Der Kleij. Nous veillons à ce qu’elles viennent ici non seulement pour dénicher du personnel, mais aussi pour réellement s’y implanter.

Cela semble réussir, car des entreprises comme Google construisent des ‘innovation centres’. Google occupe par exemple ici un immeuble de 7 étages. Cisco a au départ investi 100 millions dans l’écosystème, mais elle en est déjà à 500 millions 5 ans plus tard. Intel et Facebook sont également bien représentées ici.”

Cherche personnel

Le principal défi est de trouver le talent nécessaire et de remplir les nombreuses places vacantes. Pour répondre aux besoins immédiats, l’on organise par exemple le ‘Silicon Milkroundabout’, une sorte de salon de l’emploi avec plus de 500 places IT vacantes.

Son organisateur, Dan Crow – lui-même CTO de la start-up Songkick et dans un lointain passé co-fondateur de Blurb.com – sait de quoi il parle:

“J’ai travaillé pendant cinq ans chez Apple et Google à San Francisco. Là-bas, il n’est pas difficile de trouver du personnel, mais pour une start-up de 30 personnes à Londres, c’est déjà nettement moins évident. C’est précisément pourquoi j’ai lancé le Silicon Milkroundabout. Une centaine de start-ups voulaient y participer, et nous allons l’organiser à présent deux fois par an.”

A plus long terme, l’on essayera de sensibiliser les jeunes très tôt déjà dans les écoles pour les attirer vers le secteur technologique.
Mais qu’y a-t-il donc de changé par rapport à quelques années auparavant?

“L’enthousiasme dans ce quartier ne s’est manifesté qu’après qu’une masse critique de start-ups s’y soient installées. Dans les années ’90, il n’y avait rien à faire ici pour un développeur. Maintenant, il y a un grand besoin de support, et l’écosystème est suffisamment vaste. Cet enthousiasme, je ne l’ai jamais vu quelque part ailleurs qu’à Silicon Valley. Qui plus est, la collaboration ouverte entre les start-ups et les capital-risqueurs ne se rencontre même pas à Silicon Valley!”, affirme Dan Crow.

La preuve en est que toujours plus d’Américains arrivent à Londres pour y travailler. Il y aurait ainsi déjà à coup sûr quelques centaines d’Américains qui ont quitté Silicon Valley et New York pour venir travailler à Tech City. Des capital-risqueurs américains connus, tels Index Ventures et Cell Ventures, viennent également se fixer à Londres.

Efforts gouvernementaux

Un rôle important est aussi dévolu aux autorités britanniques. Elles injectent non seulement beaucoup d’argent dans le support du quartier avec des programmes incubateurs notamment, mais le premier ministre David Cameron a par exemple aussi assoupli les procédures permettant à du talent étranger de demander un visa – encore un avantage par rapport aux Etats-Unis.

Par des ajustements de la loi, le gouvernement tente aussi de motiver les capital-risqueurs. Les 10 premiers millions de bénéfice engrangés par une start-up sont par exemple moins taxés. Voilà qui devrait rendre l”early stage financing’ plus attrayant. L’octroi du crédit taxe est également un signal clair lancé à l’adresse des investisseurs et entrepreneurs.

Un élément, selon les rumeurs, qui a fortement plu à Jon Callaghan, fondateur de True Ventures, après qu’il ait été invité à visiter Tech City.

Co-working

Sarah Turner du Global Entrepreneurs Programme (UKTI) nous parle d’un autre atout non négligeable de Tech City: “Il est ici sensiblement plus économique de créer un bureau qu’à Silicon Valley.

Mais le site américain de bons de réduction Groupon n’a-t-il pourtant pas récemment affirmé qu’il ne viendrait finalement pas à Londres, parce que cela s’avérait trop coûteux? Sarah Turner: “Le cluster est clairement en train de croître, et les prix augmentent donc tout doucement.

Les endroits les plus chers se trouvent actuellement à la limite du district financier, mais je suis convaincue que tant les grandes entreprises que les petites peuvent trouver ici encore de l’espace abordable.”

Tout comme dans de nombreux autres pays, l’on a par conséquent ici aussi créé le ‘co-working’, une nouvelle forme de collaboration par delà les limites des entreprises. Pensons aux start-ups qui partagent de l’espace de bureaux avec d’autres et qui profitent souvent de l’occasion pour collaborer avec celles-ci.

The Trampery, fondée par l’entrepreneur Charles Armstrong en 2009, propose ainsi quelque 370 m² d’espace de bureaux et 230 m² d’espace d’événements qui sont pour l’instant occupés par une quinzaine de start-ups.

Avec son parquet en chêne, son papier peint tape-à-l’oeil, ses teintes flashy et ses éléments design tels des… nains, le bâtiment n’a vraiment pas l’air d’un espace de bureaux traditionnel. L’encre d’impression y est gratuite, de même que le café et le thé, apportés ou non via la Tamise.

Cinq start-ups à tenir à l’oeil

Trampoline Systems
Le succès de Facebook, Twitter et LinkedIn impacte la manière dont nous collaborons, dont nous gérons notre carrière et dont nous prenons d’importantes décisions (professionnelles). Trampoline Systems tente d’analyser ces flux de communication. La technologie est utilisée dans le projet de ‘showcase’ www.techcitymap.com qui cartographie l’écosystème de Tech City.

SoundCloud SoundCloud veut être pour le son ce que sont Flickr et YouTube pour la photo et la vidéo. En quelques clics, l’on enregistre un fragment sonore qu’on partage rapidement avec Twitter, Tumblr, Facebook et Foursquare. “Parce que le son a souvent plus d’impact en l’absence d’image”, déclare Dave Haynes, vp business development de SoundCloud.

MixCloud Elle se présente comme une plate-forme pour DJ, stations de radio, etc. “Nous voulons connecter les DJ avec leurs auditeurs et démocratiser la radio”, déclare le fondateur, Nicholas Shaw. L’argent provient de la collaboration avec des marques. C’est ainsi qu’une piste son a déjà été réalisée pour Nike – un mix d’une durée de 24 heures pour le coureurs à pied – et il y a aussi le projet BlackBerry Radio.

Shutl Une sorte d’agrégateur pour entreprise de courrier. Les sites d’e-commerce peuvent ajouter ‘Shutl’ comme solution supplémentaire pour la livraison de petits colis. L’acheteur choisit la date de livraison d’un colis, et Shutl détermine quel courrier va se charger de cette tâche. “Qui sait, nous nous déploierons peut-être un jour sur le continent européen”, affirme le fondateur, Tom Allason.

Snapfashion La fondatrice, Jenny Griffiths, entend avec Snapfashion rendre plus ‘social’ le shopping vestimentaire en ligne. Le but est que le client puisse rechercher des pièces de vêtements sur base d’une photo: soit via un lien vers une photo existante, soit en en créant une lui-même. Snapfashion recherche alors les pièces de vêtements qui s’en rapprochent le plus et qui peuvent ensuite être achetées dans les magasins web partenaires.

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