Test du Slatebook X2 de HP

Toujours en quête d’innovation ou plus prosaïquement de parts de marché, les fabricants d’ordinateurs portables continuent la mutation de l’objet. Exit les pourtant bien pratiques netbooks, remplacés par les ultrabooks mais aussi par les hybrides tablette-pc, comme le Slatebook X2 de HP.

Ce n’est pas le premier exemple d’hybride tablette/PC, Asus avait déjà défriché le chemin avec ses gammes Transformer et Padfone. Mais HP frappe un grand coup, notamment en ce qui concerne le prix assez peu élevé. Mais qu’est-ce que le Slatebook X2, exactement? Tout d’abord, c’est une tablette 10″ Android, qui tourne sous Jelly Bean 4.2. Mais elle se différencie de sa myriade de concurrentes grâce à un clavier qui vient se connecter à la base de la tablette, la transformant ainsi en netbook. Pour le principe, rien à dire, c’est le meilleur des deux mondes : une tablette pour le déplacement dans et hors de la maison, le pc pour le confort de travail grâce au vrai clavier. Quand on s’attache un peu plus aux détails, malheureusement, les choses ne sont pas aussi parfaites…

Tout d’abord, l’écran. On l’a dit d’entrée de jeu, le prix est relativement peu élevé. On peut se procurer la bête pour environ 400€, ce qui est le prix d’un netbook d’entrée de gamme (si vous en trouvez encore) et une centaine d’euros plus élevé que la seule Samsung Galaxy Tab 3 10.1. Il fallait donc diminuer les coûts, et il semble que HP a sabré dans l’écran, et ça fait mal. Pas que l’écran (1920 x 1080, 240 ppi) soit terriblement mauvais, mais il possède une dominante jaune assez désagréable et disons-le, franchement moche. À côté d’un Nexus 7 (2013), ça fait pitié : les blancs sont ternes et donc quasi jaunes et la luminosité est douteuse même poussée à fond (ce qui est une très mauvaise idée pour l’autonomie qui n’avait pas besoin de ça). Ceci dit, pour un usage bureautique classique, cela ne posera pas trop de problèmes. Mais vous n’avez pas intérêt à détester les taches de doigt qui restent.

Plus problématique est le cas de la batterie. On est bien d’accord qu’une tablette 10 pouces, relativement légère, n’embarque pas une grosse batterie, mais là on arrive à 5-7 heures d’autonomie. Plus embêtant : la batterie supplémentaire qui se trouve dans le clavier n’apporte qu’environ deux heures de vie en plus, ce qui nuit fortement à la portabilité de l’engin, rendue d’autant plus délicate par l’adaptateur secteur avec transformateur, très encombrant et en format propriétaire : votre câble USB/batterie externe ne fonctionnera pas.

La faible capacité de la batterie est d’autant plus frustrante que le Slatebook est très puissant. S’appuyant sur un Tegra 4 quadcore 1,8 Mhz avec 2GB de RAM, il réalise de bons scores AnTuTu (31897) et 3D Mark (IceStorm 8293), se plaçant dans le haut du panier des tablettes comparables, seulement dépassé par le Samsung Galaxy Note 3 qui coûte 50% plus cher (mais peut apparemment téléphoner, si ça intéresse encore quelqu’un). Il est donc tout à fait possible de jouer aux jeux les plus haut de gamme sans lag, mais si vous n’êtes pas à proximité d’une prise électrique (ou que vous n’avez pas le câble…), bonne chance pour jouer plus de deux heures.

Le clavier est très confortable, quant à lui. Outre la batterie, il apporte notamment une prise USB qui peut être utilisée pour brancher, par exemple, une clé USB si le stockage interne (32 GB + microSD + SD) n’est pas suffisant. Mais cela apporte également un autre point noir, qui n’est pas spécialement imputable à HP : la faible compatibilité d’Android avec les appareils à clavier.

Entendons-nous bien : l’idée est excellente. Ajouter un clavier à Android permet enfin de taper des textes, des longs mails, tout en gardant la possibilité de toucher l’écran pour aller plus vite (quand je reprenais mon -vieux- PC après avoir testé le Slatebook, je touchais instinctivement l’écran). Mais la technologie n’est pas encore au point : la clé USB a besoin d’une app tierce pour pouvoir fonctionner (notamment pour regarder des films), le clavier ne fonctionne pas à 100%, notamment pour les accents, ce qui est très embêtant en français : il faut alors parfois utiliser le clavier tactile, ce qui est totalement contreproductif. De même, les quelques apps ajoutées par HP (gestionnaire de fichiers, d’imprimante) ne fonctionnent parfois pas en mode paysage. Il faut donc encore travailler tout cela, bien qu’on remerciera HP d’avoir laissé un Android relativement stock et plus ou moins à jour.

Les appareils hybrides ont de l’avenir. D’autres tablettes/PC tournent sous Android et Windows 8 en dual boot, ce qui pourrait sembler un meilleur compromis, mais qui perd en rapidité et vitesse d’exécution. Android peut évoluer vers un modèle plus PC-friendly, mais est-ce que ce n’est pas déjà ce que les Chromebooks semblent vouloir faire? L’avenir nous le dira, en attendant, c’est exactement ce qu’on peut dire du Slatebook : un prototype porté vers le futur mais pas encore prêt à être utilisé aujourd’hui de manière productive.

Denis Blairon

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